Députation franco-ontarienne à Ottawa: des alliés naturels à cultiver

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Publié 10/11/2015 par Stewart Kiff

Même si la communauté franco-ontarienne ne retrouve aucun des siens au Conseil des ministres du nouveau gouvernement de Justin Trudeau, elle peut compter sur une présence forte au sein du parti au pouvoir, tout en étant aussi représentée au sein des deux autres principaux partis.

Suite aux élections du 19 octobre, le nombre de députés et députées fédéraux qui ont des liens étroits avec la communauté franco-ontarienne demeure inchangé. On en compte 7 sur les 121 de l’Ontario. Ils représentent 5,8% de la députation ontarienne, soit une proportion plus élevée que le poids démographique de la communauté, qui se situe à 4,8 % de la population de la province.

Ceci dit, la vague rouge qui a balayé le pays a considérablement modifié l’allégeance politique de la députation franco-ontarienne.

Avant la dissolution, celle-ci ne comptait qu’un seul député libéral, soit Mauril Bélanger dans Ottawa-Vanier, contre quatre conservateurs et deux néo-démocrates. Aujourd’hui, cinq des sept députés sont libéraux, soit Mauril Bélanger, Francis Drouin (Glengarry-Prescott-Russell), Paul Lefebvre (Sudbury), Anthony Rota (Nipissing-Timiskaming) et Marc Serré (Nickel Belt).

Par ailleurs, aussi bien le conservateur Guy Lauzon (Stormont-Dundas-Glengarry Sud) que la néo-démocrate Carol Hughes (Algoma-Manitoulin-Kapuskasing) ont réussi à conserver leur siège, assurant ainsi une présence franco-ontarienne au sein de leur caucus respectif.

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Enjeux

Dans quelle mesure ces députés et députées feront-ils avancer le dossier des langues officielles et du développement des communautés francophones sur des questions comme le financement de Radio-Canada, l’immigration francophone et l’offre active de services publics en français?

Dans quelle mesure seront-ils des alliés sur des questions qui ne relèvent pas directement du fédéral comme la participation de l’Ontario à l’Organisation internationale de la francophonie, la création d’une université franco-ontarienne ou le bilinguisme officiel pour la Ville d’Ottawa?

Cela dépendra sans doute en partie des interventions de la communauté pour solliciter leur appui. Mais l’engagement personnel de plusieurs d’entre eux envers la francophonie ne fait déjà aucun doute.

Président de la Chambre?

Réélu pour un huitième mandat et francophone convaincu, Mauril Bélanger a été ministre junior responsable des langues officielles sous Jean Chrétien et Paul Martin.

M.  Bélanger ne cache pas qu’il espère être élu par ses pairs au poste de Président de la Chambre dès que reprendront les travaux du Parlement. Selon plusieurs analystes, M. Bélanger serait un bon choix car il est bilingue, connaît bien les procédures parlementaires et n’est pas outrancièrement partisan.

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Son élection à ce poste de prestige rehausserait la visibilité des francophones hors Québec sur la scène nationale et viendrait réaliser le rêve inassouvi du défunt Jean-Robert Gauthier, l’ancien député d’Ottawa-Vanier reconnu comme un ardent défenseur de la francophonie.

Engagement communautaire

Paul Lefebvre, jeune avocat et homme d’affaires de Sudbury, a aussi de profondes convictions en matière de francophonie. Propriétaire des stations radiophoniques Le Loup et de l’hebdomadaire Le Voyageur, il a été actif au sein de nombreux organismes communautaires francophones et été le principal instigateur de la tenue des Jeux de la francophonie canadienne à Sudbury en 2011.

Deux autres nouveaux venus, Francis Drouin et Marc Serré, sont issus de familles politiques franco-ontariennes bien ancrées dans leur milieu et s’identifient clairement comme Franco-Ontariens.

M. Drouin a travaillé comme adjoint spécial au sein du bureau du premier ministre de l’Ontario pendant quatre ans, ce qui pourrait en faire un allié important sur des questions comme l’enchâssement constitutionnel des droits de la communauté franco-ontarienne ou le bilinguisme officiel pour Ottawa, un dossier qu’il appuie publiquement.

À titre de directeur général de la Société canadienne de l’Ouïe, Marc Serré a vu au développement de services pour les malentendants francophones. Il a aussi été conseiller scolaire au Conseil scolaire catholique du Nouvel-Ontario. Ces deux expériences lui donnent une bonne compréhension de l’importance des services en français.

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Écoles françaises

L’engagement d’Anthony Rota envers la francophonie est moins connu. Issu d’une famille italo-canadienne, il a fait ses études élémentaires et secondaires dans des écoles franco-ontariennes à North Bay et parle couramment français. Sa conjointe est Franco-Ontarienne et leur fille fréquente l’école de langue française. Voilà donc qui démontre un attachement qui pourrait se développer davantage à l’avenir.

Du côté du NPD, Carol Hughes, Franco-Ontarienne originaire de Val Caron près de Sudbury mais établie depuis longtemps à Elliot Lake, maintient de bons contacts avec les organismes francophones de sa circonscription et s’affiche régulièrement en français sur Facebook et Twitter.

Elle partage également des bureaux avec le député provincial Gilles Bisson, fortement identifié à la communauté franco-ontarienne. Voilà qui la positionne bien pour véhiculer les préoccupations de cette communauté au sein du caucus néo-démocrate à Ottawa.

Conservateur

Guy Lauzon, le seul député conservateur franco-ontarien, affiche l’anglais comme sa langue préférée et avait été évincé en 2007 de son poste de président du Comité des langues officielles à cause de ses agissements jugés trop partisans par les autres partis.

Toutefois, il s’est beaucoup rapproché de la communauté francophone au cours des dernières années et pourrait mieux la représenter si son parti, sous un nouveau chef, se montre plus sensible à la réalité des francophones hors Québec. C’est à suivre.

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Francophiles

Il ne faut pas oublier non plus que le caucus libéral compte plusieurs francophiles, et non les moindres.

La députée d’Ottawa Centre et nouvelle ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, a fait ses études élémentaires dans une école franco-ontarienne de Hamilton et parle couramment français. Également bilingue, le nouveau député d’Ottawa-Orléans, le lieutenant-général à la retraite Andrew Leslie, appuie le bilinguisme officiel à Ottawa et s’est engagé à en parler au maire Jim Watson.

Nul doute qu’on découvrira d’autres francophiles au cours des prochains mois.

Justin Trudeau

Finalement, rappelons que le premier ministre, Justin Trudeau, est aussi Franco-Ontarien de naissance.

Voici ce qu’il affirmait dans une entrevue accordée en 2011 à Denis Gratton du journal LeDroit: «En tant que Montréalais, je passe mon temps à dire que je suis Québécois. Mais techniquement, je suis né à l’hôpital Civic d’Ottawa. Je suis donc Franco-Ontarien! Je suis Québécois de passion. Mais je suis aussi fier d’être Franco-Ontarien.»

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Voilà donc une déclaration sur laquelle la communauté franco-ontarienne pourrait miser au cours des années à venir.

* * *
Stewart Kiff est président de Solstice Affaires publiques et lobbyiste enregistré à Queen’s Park pour les principaux groupes franco-ontariens.

Auteur

  • Stewart Kiff

    Président de Solstice Affaires publiques et lobbyiste enregistré auprès du gouvernement de l'Ontario pour d'importants organismes franco-ontariens.

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