François Boileau donne la parole aux plaignants

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Publié 08/06/2015 par François Bergeron

Le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, place les plaignants à l’avant-plan dans son rapport annuel 2014-2015 déposé le 4 juin à l’Assemblée législative.

Intitulé La parole aux sans-voix, le rapport est parsemé de «témoignages poignants» de manquements dans l’offre de services en français, à commencer par la «descente aux enfers» d’une femme qui découvre que son fils a été agressé par son père (son mari), et qui a de la peine à obtenir de l’aide en français.

Un responsable de clinique juridique rapporte qu’il est encore difficile d’obtenir des audiences en français devant certains tribunaux.

«Nous avons déménagé pour recevoir de meilleurs services pour notre fille, mais ce ne fut pas le cas. Je me suis sentie désemparée par rapport à l’absence de services en français», écrit la mère d’une enfant sourde.

«Quand les agents de ce centre ont su que je parlais français, ils m’ont fortement suggéré de suivre le programme d’intégration en anglais», déplore un chercheur d’emploi d’Ottawa.

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«Le Barreau m’a envoyé de la documentation en français à étudier», raconte un futur avocat. «Sauf que les documents étaient truffés d’erreurs de traduction et de grammaire. Ils étaient de mauvaise qualité. Lors de mes examens (en français), certaines questions étaient difficiles à comprendre pour les mêmes raisons.»

«Ces cas vécus démontrent le visage humain aux problèmes systémiques auxquels se heurtent, parfois à plusieurs niveaux, les citoyens francophones et francophiles de l’Ontario», estime M. Boileau.

Le commissaire dresse également un bilan mitigé des suivis à ses recommandations de l’année dernière. La mise en place d’un Comité permanent sur les services en français à l’Assemblée législative n’est qu’au stade initial de discussion. Le dépôt d’un rapport annuel complet et pertinent de l’Office des affaires francophones à l’Assemblée législative se fait attendre.

À suivre

Parmi les enjeux qu’il compte surveiller au cours des prochains mois, le commissaire identifie:

• Le suivi de son enquête sur les écoles du Grand Toronto, où le Toronto District School Board affiche une baisse du nombre d’inscriptions mais un excédent de locaux scolaires qui pourraient être cédés aux deux conseils scolaires francophones en pleine expansion.

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• Les services aux parents d’enfants dyslexiques ou ayant un autre trouble d’apprentissage, qui interpellent le ministère de l’Éducation et deux organismes (anglo et franco) à but non lucratif.

• Le manque de formateurs francophones en santé et sécurité en milieu de travail, qui serait la responsabilité d’organismes à but non lucratif selon le ministère du Travail.

• Le bilinguisme officiel à la ville d’Ottawa, où certains documents importants sont jugés «trop volumineux» pour être traduits en français.

• La cessation des activités de Direction Ontario, qui faisait la promotion du tourisme en français en Ontario, mériterait un suivi du gouvernement.

• La fermeture annoncée de l’Hôpital général de Penetanguishene, un organisme dont certains services sont partiellement désignés sous la Loi des services en français.

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Au moins une plainte par jour

Le huitième rapport annuel du commissaire précise que 379 plaintes, dont 285 recevables, ont été reçues en 2014-2015, soit «plus d’une plainte par jour ouvrable». Au total, depuis les huit dernières années, le Commissariat a cumulé près de 2500 plaintes, dont 83% ont fait l’objet d’une enquête.

Le poste de commissaire aux services en français a été créé en septembre 2007. Depuis 2014, il relève de l’Assemblée législative plutôt que du gouvernement. L’an prochain, l’Ontario fêtera le 30e anniversaire de la Loi sur les services en français.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, le lobby politique des Franco-Ontariens, a accueilli positivement ce rapport «dont les observations et les exemples parlent d’eux-mêmes», selon le président Denis Vaillancourt.

La ministre des Affaires francophones Madeleine Meilleur, de son côté, relève les mentions honorables du rapport pour:

la mise en œuvre d’un projet pilote d’accès fluide à la justice en langue française;

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la signature d’une entente avec le Québec confirmant l’engagement envers la protection et la promotion de la culture et de l’héritage francophones;

la création d’un groupe d’experts pour développer un plan stratégique visant à accroître l’immigration francophone en Ontario;

l’amélioration de l’accès à des programmes d’éducation et de formation des adultes en français;

et bien sûr la commémoration du 400e anniversaire de la présence française en Ontario.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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