Tourisme alternatif à l’intérieur des terres

Haïti

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Publié 24/03/2015 par Annik Chalifour

«Les médias ont souvent tendance à présenter Haïti sous ses plus mauvais jours. On voulait découvrir le pays autrement, voir ce que les Haïtiens font sur leurs terres et ce que les médias ignorent.»

C’est ce que confient à L’Express Baharh Lashani et Tanya Lusan, étudiantes à l’Université York, récemment rentrées d’un premier séjour en Haïti, réalisé dans le cadre de leurs travaux de finissantes aux baccalauréats en éducation et général avec une majeure en français.

«Notre séjour nous a permis d’entrer en contact avec les gens de la terre haïtienne, de découvrir le respect qu’ils ont pour leur terre, leur désir de la partager et de la faire prospérer.»

Une aventure intime hors des sentiers battus, en appui au développement communautaire, qui les a rapprochées des paysans haïtiens, selon Baharh et Tanya.

Projet inédit

Baharh, d’origine iranienne, et Tanya, de la Grenade, ont raffiné leur connaissance de la langue française au cours de leurs études universitaires.

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Leur voyage en milieu rural haïtien, créole et francophone portait sur le thème du tourisme alternatif, en vue de produire une conférence en français devant être présentée auprès d’écoles secondaires de la région de Toronto au courant des prochaines semaines.

Le projet innovant a été rendu possible grâce au partenariat préalable établi entre les étudiantes, leur professeure Christiane Dumont, directrice du premier cycle au département des études françaises à l’Université York, et deux partenaires locaux exceptionnellement bien ancrés dans la réalité du terrain ciblé.

Tourisme solidaire

Frantz Dérose et son cousin Rudolf Dérose leur ont servi de guides-accompagnateurs durant tout le séjour.

Frantz œuvre dans le secteur financier tandis que Rudolf est membre du RENAPROTS (Réseau national de promoteurs du tourisme solidaire). Il s’agit d’une association reconnue par le ministère des Affaires sociales depuis 2003, ayant signé un protocole d’entente avec le ministère du Tourisme d’Haïti.

Son coordonnateur partage la vice-présidence du Conseil consultatif du Tourisme avec une autre association du secteur touristique. La ministre du Tourisme préside le Conseil.

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«Nous avons eu l’opportunité de rencontrer Frantz à Toronto avant notre départ afin d’échanger à propos des objectifs de notre projet. Par la suite, il nous a fait parvenir une proposition de séjour avec un plan détaillé d’Haïti incluant tous les sites de notre parcours prévus sur le terrain, ce qui a grandement facilité notre préparation pré-départ», d’expliquer Baharh.

Tourisme vert

RENAPROTS regroupe des promoteurs et des opérateurs du tourisme alternatif aspirant à développer leurs activités en accord avec le ministère du Tourisme.

L’Association vise à augmenter la visibilité du pays sur le plan environnemental, en renforçant les liens entre ses membres et en appuyant la réalisation de projets communs entre Haïtiens et à l’international. Elle lutte aussi contre les effets dévastateurs de la déforestation en région.

Le trio a eu l’opportunité de visiter certains projets portant essentiellement sur l’agrotourisme et l’écotourisme. Depuis leur pied-à-terre à la résidence d’une Haïtienne à Pétionville (banlieue de Port-au-Prince), elles ont parcouru dix heures de route au quotidien durant une semaine en compagnie de Frantz et Rudolf Dérose.

«Un horaire intense, mais qui nous a permis d’explorer quelques-uns des sites touristiques parmi les plus impressionnants de RENAPROTS et de rencontrer leurs promoteurs, dont la Ferme Wynne, une entreprise familiale écologique située à Kenscoff dans l’ouest de l’île et l’Association des paysans de Vallue, vers le sud de la capitale», ont détaillé Baharh et Tanya.

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Kenscoff

À près de 1500 m sur les hauteurs de Port-au-Prince, Kenscoff jouit d’un panorama naturel exclusif tout en bénéficiant d’un climat frais. La commune est réputée pour sa production de fruits et légumes tropicaux, ses arbres et plantes exotiques d’une grande variété.

«Ce fut une visite inoubliable sur une terre d’exception: la Ferme Wynne illustre un milieu rural remarquable pour tous ceux qui s’intéressent aux cultures tropicales», selon les deux exploratrices. Visiteurs de partout, bénévoles et stagiaires en agriculture maraîchère sont les bienvenus.

Vallue

Le site de Vallue, aux environs de la ville de Petit-Goâve, avec une altitude variant entre 650 à 990 mètres, propose «un tourisme privilégié de montagne qui représente un moyen d’assurer le développement durable de la communauté», précise Baharh.

«Lors de notre visite, nous avons rencontré un groupe d’étudiants en agronomie de Lyon, qui participaient à un projet d’échange afin d’apprendre sur la production agro-écologique.»

Vallue possède un ensemble important de végétaux qui recouvre le sol, ce qui lui permet de promouvoir un produit touristique étonnant en rapport avec la protection de l’environnement et le mode de vie paysan.

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Cette expérience révèle un potentiel touristique novateur en Haïti, qui puise sa force dans une riche tradition rurale au sein d’une nature grandiose.

Le tourisme thématique semble s’avérer des plus prometteurs en termes de développement économique en faveur des communautés haïtiennes dans plusieurs domaines: agrotourisme, sylviculture, horticulture et autres.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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