La Bourse de Toronto plombée par les valeurs pétrolières

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Publié 16/12/2014 par Brahim Mahmoud

Le marché boursier de Toronto endure la chute des prix du baril de pétrole, coté lundi à 56,42 $US à New York, son plus bas niveau en 5 ans. Composant 23% de l’indice S&P/TSX à la bourse de Toronto, les valeurs pétrolières en forte baisse représentent une pondération très importante pour cette place financière canadienne. 

L’impact du pétrole a donc des conséquences sur la tendance boursière torontoise, et les opérateurs financiers observent de près les fluctuations du WTI (West Texas Intermediate) à New York. Les cours du brut ont perdu près de 30% depuis janvier 2014 avec une précipitation de 45% ce dernier semestre. La semaine dernière, le cours du brut a plongé de 18% pour connaître cette même tendance, lundi matin, juste après l’ouverture des marchés.

Ce prix du pétrole n’avait jamais été atteint ce plancher depuis 2009. Même si «des hauts et des bas» imprègnent cette cotation, rappelons qu’au milieu des années 90, le prix du baril valait aux alentours de 10 $US et qu’il avait atteint un pic en juin 2008 à 147 $US. Subissant les conséquences de la crise des «subprimes», le cours du brut se renégociait à 35 $US quelques semaines après la crise.

Et pourtant, au premier semestre 2014, le secteur de l’énergie S&P/TSX à Toronto avait gagné 25%. Aujourd’hui, avec la production de pétrole en hausse en Amérique du Nord, la faible demande mondiale et l’absence d’une volonté d’arbitrer les cours par l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) sous le leadership du plus gros producteur mondial, l’Arabie Saoudite, toutes les prévisions de profit pour 2015 dans le secteur pétrolier sont en net recul.

Pour le Canada, qui dispose de ressources pétrolières non négligeables, dont dépendent les provinces de l’Ouest pour financer leurs infrastructures et autres dépenses de fonctionnement, la tendance sur ce marché est un vecteur d’ajustement des équilibres budgétaires.

Au niveau de la demande, l’Agence Internationale pour l’Énergie a réduit ses prévisions de demande journalière pour 2015 de 230.000 barils/jour. L’OPEP, qui suit les économies des pays industrialisés pour approvisionner leurs marchés en substance énergétique, a prévu une demande journalière, l’année prochaine, à 28,9 millions de barils par jour, soit 500 000 barils de moins que 2014, son niveau le plus faible depuis 12 ans.

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Cette situation s’explique en partie par un ralentissement de la croissance chinoise à 7,3 %, un stade jamais atteint depuis 5 ans, et une stagnation de l’économie européenne, deux «géants énergivores». La forte augmentation de la production énergétique par les États-Unis, le plus grand consommateur de pétrole au monde, a tout son poids dans les quantités demandées sur les marchés internationaux. 

D’un point de vue de l’offre, la production de pétrole par fracturation aux États-Unis et les investissements en milliards de dollars dans les sables bitumineux en Alberta ont considérablement augmenté, ces derniers mois, les quantités produites mondialement. Cette «indépendance énergétique à venir» en Amérique du Nord, tel que déclaré par David Collyer, le président de l’Association canadienne des producteurs pétroliers au Forum des Amériques le 28 octobre 2014, a un impact direct sur le prix du baril à New York. 

Des valeurs financières à la bourse de Toronto représentant 35% de l’indice S&P/TSX sont exposées au secteur de l’énergie. En vendant pour 600 millions $ de titres d’entreprises pétrolières et financières, la banque américaine Goldman Sachs a retranché 1% de l’indice S&P/TSX à Toronto, jeudi. Conséquence, vendredi, le secteur de l’énergie à Toronto a perdu 1,1% propageant une tendance baissière sur toutes les autres valeurs boursières exception faite des cotations des entreprises de la santé. 

Pour les industriels et les sociétés de consommation de base, cette baisse des cours du pétrole est accueillie favorablement. L’indice boursier du groupe de consommation de base à Toronto, comprenant de nombreuses sociétés, a connu une hausse de 35% la semaine dernière. L’explication, une réaction des négociants en bourse qui considèrent que les économies réalisées en essence par les consommateurs canadiens vont se répercuter vers d’autres dépenses de consommation courante, surtout en cette saison des fêtes de fin d’année. 

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