J’étais à l’école secondaire au Québec au début des années 1970, une grande époque artistique et politique.
Pour préparer notre présentation devant la classe du livre Le choc du futur, d’Alvin Toffler, notre petite équipe s’était réunie dans le sous-sol d’Alain Loyer, un fou des Rolling Stones (moi c’était Led Zeppelin) qui était également féru d’art moderne (nouveau pour moi, comme d’ailleurs la marijuana que j’ai fumée là pour la première fois).
Je m’attendais à ce qu’on fasse un travail assez traditionnel, Powerpoint avant la lettre: présentation orale debout accompagnée de quelques images projetées sur un écran, peut-être avec un peu de musique de fond. Mais notre collègue avait compris avant tout le monde que le médium lui-même devait être le message, et que pour traiter du choc du futur, on allait devoir s’éclater.
Nous avons donc produit ce samedi-là un document audiovisuel psychédélique avec images, musique et déclamations dignes de l’Enfer de Dante.
C’était pour le cours de français du frère Mondou (qu’on appelait Magoo, parce qu’il était petit et ressemblait à ce personnage de dessins animés), qui enseignait aussi les classiques. Je ne me souviens pas quelle note on a obtenue, mais notre présentation a eu un succès monstre auprès de nos confrères et consoeurs de notre classe.