Trois longs métrages canadiens en lice pour la Palme d’or

Festival de Cannes

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Publié 13/05/2014 par Jacqueline Brodie

Jubilation! Septième ciel pour notre septième art! Baume sur notre «ego-ciné», l’an dernier blessé pour cause de «sans film» invité en compétition. Ce n’est pas un, ni deux, mais trois longs métrages canadiens qui sont cette année en lice pour la Palme d’or. Du jamais vu. Un record dans notre jeune histoire du cinéma. Captives du réalisateur Atom Egoyan; Maps to thé Stars de David Cronenberg et Mommy de Xavier Dolan.

Auréolé chacun de leur mondiale réputation, deux des trois élus, les Torontois Atom Egoyan et David Cronenberg sont des habitués du très sélect club de la Compétition officielle.

Le fils adoptif

Atom Egoyan y fit une entrée remarquée en 1994 avec le troublant Exotica (Prix de la critique internationale) qui deviendra rapidement un film culte. Le Festival de Cannes lui était déjà familier, ses films Speaking Parts (1989) et The Ajuster (1991) ayant été sélectionnés par la section parallèle La Quinzaine des Réalisateurs.

Le plus prestigieux festival du monde est reconnu pour sa fidélité aux créateurs qu’il découvre. On pourrait presque avancer qu’il les adopte. Dès 1996, du jeune Atom Egoyan est invité au jury de la Compétition officielle, sous la présidence de Francis Ford Coppola.

Un an plus tard, le film suivant du talentueux réalisateur, The Sweet Hereafter (1997) fait partie de la Compétition officielle. ll obtiendra le Prix du Jury, celui de la Critique et celui du Jury eucuménique.

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Lui succédera en 1999 Felicia’s Journey. Ararat, sur le génocide arménien de 1915 en Turquie, avec Charles Aznavour, sera présenté en 2002 Hors Compétition, tandis que le «thriller» Where The Truth Lies (2005) et Adoration (2008) seront invités à concourir pour la Palme d’or. Retour au sérail cette année avec Captives.

L’homme qui fait peur

Nous sommes en l’an 1996. L’année où le jeune Atom Egoyan siège au Jury. C’est avec fracas que son aîné David Cronenberg, dont l’oeuvre singulière fascine ou horrifie les cinéphiles de la planète, impose sa marque au Festival de Cannes avec Crash invité en Compétition.

Choix audacieux. Oeuvre provocante, qui illustre aussi crûment que brillamment le rapport érotique de l’être humain avec la machine, Crash suscite de violentes polémiques et divise le Jury, présidé par Francis Ford Coppola. Selon la rumeur, le Président aurait proposé attribuer rien moins que la Palme d’or à l’objet du scandale. Tollé au Jury!

Crash sera cependant au Palmarès avec le Prix spécial du Jury. Ces lauriers cannois anoblissent la réputation internationale de David Cronenberg déjà solidement établie. Il a alors à son actif un quart de siècle de films d’horreur et de science-fiction dont les plus connus Scanners (1981), Videodrome (1983) et The Fly (1986) ont assuré sa célébrité.

Trois ans après Crash, honneur insigne, David Cronenberg est nommé Président du Jury de la 52e édition du Festival de Cannes. Sous sa férule, le Jury a attribué la Palme d’or au film belge Rosetta, drame social des frères Dardenne; un choix contesté avec véhémence par la critique.

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Les festivaliers cannois retrouveront le maestro de l’épouvante en Sélection officielle, avec l’inoubliable Spider (2002), plongée terrifiante dans le cerveau d’un malade mental.

Retour en compétition en 2005 avec le thriller psychologique A History Of Violence. En 2006, Cannes lui rend hommage et lui offre le Carrosse d’Or pour l’ensemble de son oeuvre.

De Berlin à Venise, ses films suivants feront le tour des festivals. Il faudra attendre 2012 pour le retrouver dans la compétition cannoise avec Cosmopolis, fascinante vision de l’apocalypse au 21e siècle. Que nous réserve le seigneur de l’étrangeté avec Maps To The Stars? Réponse dans quelques jours.

L’hyperactif

Hyper-doué, hyperactif, il écrit, il joue, il tourne. Acteur, scénariste, réalisateur, le montréalais Xavier Dolan, à 25 ans, a déjà signé cinq longs métrages. Ce jeune prodige est véritablement un enfant du Festival de Cannes. C’est là qu’on le découvre en 2009, avec son premier film J’ai tué ma mère, invité par La Quinzaine des réalisateurs. Il vient tout juste de célébrer ses 20 ans.

L’année suivante, son second film Les Amours Imaginaires est invité dans Un Certain Regard, une section où se côtoient les oeuvres de qualité, parfois inclassables, souvent trop fragiles pour affronter la Compétition Officielle.

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Troisième année, troisième film: Laurence Anyways. De nouveau, invitation à Un Certain Regard. Xavier Dolan a déjà son public, ses fans et ses critiques.

Le Festival de Venise invite, en compétition, son quatrième film, Tom à la ferme, intense thriller psychologique. Il obtiendra le Prix de la critique internationale.

Avec Mommy, son dernier opus, il réalise son entrée si ardemment désirée dans le saint des saints du cinéma, la Compétition Officielle.

Rude compétition

La course pour la Palme d’or risque d’être rude pour notre trio. Voici quelques-uns de leurs rivaux:

– le Britannique Mike Leigh (Palme d’or en 1996 pour son bouleversant Secrets And Lies) qui présente Mr. Turner;

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– le Français Michel Hazanavicius (Oscar 2011 pour The Artist) avec The Search;

– les frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne (2 fois lauréats de la Palme d’or; Rosetta, 1999 et L’Enfant, 2005) avec Deux jours, une nuit;

– Ken Loach, autre Britannique (Palme d’or 2006 pour The Wind That Shakes The Barley) qui présente Jimmy’s Hall.

Autres films canadiens invités dans les sections parallèles: Tu dors Nicole du cinéaste québécois Stéphane Lafleur à la Quinzaine des réalisateurs, et une copie restaurée de Léolo, du regretté Jean-Claude Lauzon, dans Cannes Classics. Qui dit mieux?!

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