Quatrième fête annuelle de la francophonie au QG de la police

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Publié 25/03/2014 par François Bergeron

«Il n’est pas dans l’intérêt national que la francophonie soit invisible à Toronto, la métropole du pays.» C’est ce qu’a déclaré l’avocat Gérard Lévesque aux membres et invités du Comité consultatif francophone du service de la police de Toronto le 20 mars, lors des célébrations de la Journée internationale de la francophonie au quartier général de la police.

Le chroniqueur de L’Express et récipiendaire en 2012 du Prix de la francophonie était le conférencier de ce quatrième événement festif annuel, auquel ont participé le chef William Blair, le président de la Commission du service de police, Alok Mukherjee, et la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Madeleine Meilleur.

Me Lévesque a parlé de l’évolution des services en français, rappelant qu’en 1970, «les Franco-Ontariens ont opté pour l’indépendance… de leurs institutions scolaires», concrétisée 30 ans plus tard par la création des douze conseils scolaires franco-ontariens. Une gamme de services en français est également offerts par la plupart des ministères et agences du gouvernement ontarien, et un commissaire aux services en français relève maintenant de l’Assemblée législative.

On ne peut donc plus dire, en 2014, que le français est une «langue étrangère» dans la société ontarienne, notamment dans le système judiciaire et sur la scène politique.

«Malheureusement, c’est toujours le cas dans d’autres régions du pays», indique Me Lévesque, qui partage son temps entre l’Ontario et l’Alberta, où il défend des causes francophones et, notamment, le droit d’être «compris», pas seulement «entendu», dans les tribunaux et au parlement albertains.

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«Protéger nos foyers et nos droits», comme on le chante dans le Ô Canada, reste d’actualité pour les minorités canadiennes-françaises, estime Me Lévesque.

Services en français

Lors de la célébration du 20 mars au QG de la police, c’est une chorale d’élèves des écoles Saint-Jean-de-Lalande (catholique) et Jeanne-Lajoie (publique) qui a chanté l’hymne national et Mon beau drapeau (franco-ontarien).

On a aussi tapé du pied au son de la musique traditionnelle de Diana et Andrew Dawydchak. Julie Kim, accompagnée par le guitariste Éric St-Laurent, a chanté une pièce humoristique racontant notamment des démêlés avec la police.

Organisé et animé par le coprésident du Comité francophone de la police, Gérard Parent, le rassemblement du 20 mars a attiré une cinquantaine de personnes, en plus des élèves et des invités d’honneur. M. Mukherjee a rappelé que ce Comité français est l’un des six premiers comités consultatifs communautaires de la police et a servi de modèles à plusieurs autres par la suite.

En entrevue à L’Express, M. Parents indique aussi que le Comité français travaille aussi avec les autres comités consultatifs de la police, «parce que nous aussi (les francophones) nous avons des musulmans, des autochtones, etc.» Les comités de division ont parfois aussi besoin d’une expertise francophone.

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Le Comité a notamment incité la police à mettre sur pied des services de traduction, à mener en français des campagnes contre la violence domestique et à faire de la promotion dans les écoles françaises, notamment grâce à l’agente de liaison communautaire Tina-Louise Trépanier, qui sert de secrétaire au Comité consultatif.

Elle travaille ces temps-ci à l’organisation d’un forum sur la violence conjugale chez les nouveaux arrivants, avec Oasis Centre des femmes et la Maison d’hébergement des femmes francophones. Dans les écoles, elle discute aussi beaucoup d’intimidation, et elle forme les jeunes brigadiers qui assurent l’ordre dans les autobus scolaires. «On les récompense aussi par des sorties au zoo ou au cinéma», dit-elle.

533 agents francophones

Madeleine Meilleur, qui, en plus des Affaires francophones, est également ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, a souligné que «le rapprochement entre la police de Toronto et les francophones repose sur des bases solides» grâce entre autres au travail de ce Comité français.

Elle a profité de son passage au QG de la police pour rendre hommage au «leadership» du chef William Blair, critiqué ces temps-ci par le maire Rob Ford. William Blair est policier depuis 30 ans à Toronto. Chef depuis 2005, il dirige 5600 hommes et femmes.

De ce nombre, indique l’agent Trépanier, 533 sont identifiés comme pouvant s’exprimer en français. Dans les situations d’urgence sur le terrain ou en appelant le 911, s’il faut absolument parler à un agent francophone, la police a recours au système MCIS qui peut fournir des interprètes dans plus de 200 langues.

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Le site internet du Service de police de Toronto est en anglais seulement. Pour trouver un peu d’information sur les services en français, il faut aller sous «Community Safety», puis cliquer «Divisional Policing Support Unit», et finalement «French Services»… «C’est vrai que ça pourrait être amélioré», reconnaît Tina-Louise Trépanier.

Le Comité français de la police, créé à l’initiative du chef William McCormack il y a 21 ans, est coprésidé par Kristina Kijewski, la directrice des services d’appui opérationnel du SPVT. Ses dix membres issus de la communauté représentent plusieurs secteurs-clé la francophonie torontoise: enseignement, immigration, affaires, etc.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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