Une légende de la course hippique

Le plus grand jockey canadien à l’honneur dans un docu de l’ONF

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Publié 28/05/2013 par Guillaume Garcia

Si comme moi vous ne connaissez rien aux courses hippiques, votre curiosité sera très largement piquée par le documentaire de l’Office national du film sur le jockey Ron Turcotte, légende vivante des hippodromes canadiens et américains. 2013 marque le 40e anniversaire de la victoire de Secretariat, le cheval monté par Ron Turcotte à la Triple Couronne, et le documentaire de Phil Comeau Ron Turcotte – Jockey légendaire relate cette histoire. Revenant sur les lieux qui ont marqué sa vie, Ron fait pénétrer le public dans l’univers des courses de chevaux et dévoile ses dangers et ses excès.

Récompensé 35 fois par les festivals d’Amérique du Nord et d’Europe pour son travail de réalisateur, Phil Comeau, originaire de la Nouvelle-Écosse, et donc proche du Nouveau-Brunswick où vit Ron Turcotte, a été contacté par l’ONF pour mettre en image la carrière et la vie présente du jockey canadien qui a marqué l’histoire des courses hippiques. Pour se faire, il a dû se plonger dans la vie de Ron Turcotte et dans le monde de l’équitation, qu’il ne connaissait pas très bien.

Un héros malheureux

«J’ai connu des chevaux quand j’étais enfant, et j’allais à la piste Blue Bonnets à Montréal donc je connais un peu le milieu, mais il a fallu que j’apprenne toute la carrière de Ron, qui a quand même fait 16 ans de carrière et gagné 3033 courses. Je me rappelais de quand il a gagné la triple couronne, j’avais 17 ans», indique le réalisateur, joint au téléphone en fin de semaine dernière.

La carrière de Ron Turcotte a commencé à Toronto, où il était venu chercher du travail pour aider sa famille qui comptait 12 enfants. Il connaissait les chevaux, qu’il montait dans sa région pour transporter le bois, mais n’aurait jamais imaginé devenir jockey, un métier qu’il ne connaissait même pas, dit-il dans le film.

«Il nettoyait les étables et a finalement atterri sur les pistes. Il avait des courses avec ses voisins étant jeune, mais ne pensait pas gagner sa vie avec ça», raconte Phil Comeau.

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Ron Turcotte, aujourd’hui paralysé sous les aisselles, n’avait jamais accepté qu’on fasse un film sur sa vie. Phil Comeau lui a proposé un road movie, qui le suivrait sur les trois courses de la triple couronne et cela l’a convaincu. C’est là que le réalisateur a compris ce que représentait Ron Turcotte au sein des amateurs de courses hippiques.

Toujours une vedette

«Je ne m’attendais pas à ce que ce soit autant une vedette. Il tient toujours les temps aux trois pistes et la dernière course de la triple couronne en 1973 au parc Belmont à New-York est considérée comme un des plus grands moments du sport mondial. C’était du jamais vu», explique Phil Comeau. Ron Turcotte avait remporté la course avec plus de 30 longueurs d’avance sur son premier poursuivant.

«Les gens veulent le toucher, avoir des autographes. Ça m’a impressionné à quel point il se débrouille encore tout seul. D’ailleurs même sur l’autoroute c’est un jockey», lance Phil Comeau, qui a perdu la trace de la camionnette de Ron plusieurs fois durant le tournage!

Lors de son passage au Kentucky Derby, le tournage a dû se faire au milieu des 165 000 personnes qui étaient venues le voir, sachant que déjà, les organisateurs de courses ne tolèrent pas les médias en règle générale. Là, le réalisateur a eu accès aux vestiaires et aux autres coureurs.

Jockey, un flirt avec la mort

Après avoir retracé la carrière flamboyante du jockey Ron Turcotte, le documentaire Ron Turcotte- Jockey légendaire prend le temps de souligner la difficulté de ce métier et les risques encourus par les athlètes et leurs montures. Ron Turcotte est d’ailleurs devenu paralysé à la suite d’un accrochage entre deux chevaux lors d’une course. Lancés à 50 km/h, «sans ceinture de sécurité», les jockeys savent très bien que la moindre chute signifie soit la mort, soit la paralysie.

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«On (les organisateurs de courses, ndlr) ne veut pas qu’ils parlent des sacrifices des jockeys. Ils font des diètes ahurissantes pour peser 105 livres maximum. Le jockey ne fait que 10% du cachet total et si tu n’es pas dans les trois premiers, tu n’es pas payé. Ils doivent aussi payer eux-mêmes leur assurance et s’ils ne font pas d’argent ils ne peuvent pas payer. Il faut un courage incroyable pour faire ce métier», avance Phil Comeau.

Ron Turcotte a eu de la chance, car au moment de son accident il était déjà millionnaire, contrairement à d’autres, comme le montre le documentaire. Il s’occupe d’ailleurs désormais aussi de parler au nom de ceux qui doivent arrêter leur carrière sur blessure et qui manquent d’argent.

Malade, Ron Turcotte n’a pas pu devenir entraîneur, mais passe malgré tout encore beaucoup de temps sur les hippodromes, où le public l’accueille comme un roi.

Le film met également l’accent sur sa relation avec Penny Chenery, la propriétaire du cheval Secretariat, Big Red, comme il était surnommé, à qui il a fait gagné des millions de $, et avec qui il entretient une relation privilégiée.

Aujourd’hui retiré sur ses terres au Nouveau-Brunswick, Ron Turcotte a réussi sa reconversion et su gérer son patrimoine pour vivre du mieux qu’il peut. Il restera un champion dans la vie et dans le coeur des gens.

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La première canadienne de Ron Turcotte – Jockey légendaire aura lieu au Nouveau-Brunswick, la province où habite Turcotte, le 29 mai, au Théâtre Capitol de Moncton en version française. Le lendemain soir, soit le 30 mai, le film sera projeté au Grand Cinema 3 de Grand-Sault. À la suite du lancement au Canada, on pourra, dès le 31 mai, commander le film en format DVD ou l’acheter en version téléchargeable à la boutique numérique de l’ONF sur onf.ca.

Phil Comeau nous a également dit que les chances sont grandes de voir le film projeté à Toronto, aux postes de Woddbine, le 16 août prochain, le lendemain de l’intronisation de Secretariat au Temple de la renommée des courses de chevaux canadiennes.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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