Confronter les danseurs à de nouvelles méthodes de travail

Projet Bruxelles-Toronto au Toronto Dance Theatre

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Publié 16/04/2013 par Guillaume Garcia

Deux chorégraphes belges concluront cette semaine une résidence d’un peu plus d’un mois au Toronto Dance Theatre. Après Berlin/Toronto en 2009 et Paris/Toronto en 2011, le TDT organisait cette année le Brussels/Toronto et invitait Thomas Hauert et Étienne Guilloteau à venir créer un spectacle unique tout en offrant de nouvelles manières de travailler aux danseurs de la compagnie.

Étienne Guilloteau a découvert la danse à la fin du secondaire lors d’une activité extracurriculaire et s’est rapidement retrouvé au Conservatoire de Poitiers puis à Bruxelles, dans l’une des meilleures écoles de danse contemporaine que Thomas Hauert a également fréquentée.

«En 1998, j’ai été pris à P.A.R.T.S. (The Performing Arts Research and Training Studios), qui a une excellente formation classique, mais aussi des cours plus généraux. J’ai découvert assez vite que je voulais faire des pièces. Aujourd’hui, un danseur doit être multifonction et j’avais également envie de faire mes propres trucs», indique Étienne Guilloteau.

Pour celui qui est arrivé à la danse sur le tard, le côté instinctif de l’art a toujours été important, comme lors de la création de sa première pièce importante, à la fin de son école de danse.

«Au début, j’avais envie de me confronter directement à la création et cela me permettait de faire un bilan. D’ailleurs c’est assez récent que j’emploie le mot chorégraphe! À la fin de l’école, je ne savais plus trop où j’en étais, mais je ne voulais pas que cela ressemble à une psychothérapie présentée au public», se souvient-il.

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Travail de groupe

Après avoir mené une carrière de danseur, il commence à faire ses propres pièces et développe sa propre méthode, où il donne une part importante de responsabilité aux danseurs. C’est l’une des raisons qui ont poussé le TFT à le sélectionner pour le projet Brussel/Toronto.

«Je suis arrivé avec la musique, mais la forme n’était pas prédéfinie. Chacun avait à faire une petite phrase de danse et avec ça j’ai fait la pièce. Le travail était de produire une chorégraphie qui fonctionnait avec la musique. Au début de la pièce, on montre toutes les phrases, comme les ingrédients et l’idée c’est de faire la recette qu’on n’attend pas», explique-t-il.

Le Toronto Dance Theatre lui a donné carte blanche pour un spectacle de 30 min et la moitié de la troupe, ce qui représente cinq danseurs. À partir de cela, il a fallu évaluer comment il pouvait tirer profit des qualités de chacun. «Je savais que le niveau technique était très élevé. C’est plus classique que ce que j’ai l’habitude de faire, mais ils sont très rapides pour s’adapter», relève-t-il.

L’autre partie de la troupe a travaillé avec Thomas Hauert, chorégraphe suisse installé en Belgique depuis de nombreuses années et qui a enseigné à P.A.R.T.S. avant que Étienne Guilloteau intègre l’école.

Thomas Hauert a découvert la danse très jeune, mais pratiquait uniquement pour son plaisir, seul chez lui. Finalement, il participe à une comédie musicale pendant son secondaire et choisit de poursuivre dans cette voie avec une école de danse à Rotterdam.

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Improvisation encadrée

Aujourd’hui chorégraphe reconnu, Thomas Hauert travaille particulièrement sur le côté improvisé de la danse. «J’ai la conviction que le corps a des capacités plus complexes et subtiles auxquelles on n’a accès que par l’improvisation.»

Cependant, selon Thomas, l’improvisation doit être structurée pour ne pas que le corps parte dans des mécanismes préconstruits. «Il faut trouver des moyens de sortir le corps de ses habitudes», dit-il.

Avec sa compagnie de danse, il a développé, au cours des années, des techniques et des outils à ce propos, qu’il a enseignés aux danseurs de Toronto.

«La pièce est très basée sur l’intelligence et la créativité du groupe. On a beaucoup travaillé sur la connexion entre les gens.»

Cela signifie que même Thomas ne sait jamais à quoi vont ressembler exactement les spectacles qu’il chorégraphie. «C’est très excitant de voir ce qu’ils vont faire et suivre leur créativité. D’un autre côté, cette technique est très exigeante pour les danseurs.»

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Pour ceux qui pensent que la danse contemporaine est inaccessible au commun des mortels, Étienne Guilloteau dira ceci: «J’ai commencé à danser avant de voir des spectacles de danse contemporaine, je n’avais aucun a priori, c’était juste le côté ludique, que du concret, et c’est certainement la meilleure chose. Il y a des spectacles que j’aime, d’autres non. On ne sait jamais ce qu’on va trouver et il faut toujours mettre en veille ses attentes.» Du 18 au 21 avril et du 24 au 27 avril au théâtre Winchester. www.tdt.org/current_season_brussels_toronto_project.html

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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