Crise de la dette en Europe: «l’été dernier, on a eu très peur»

Le Canada a besoin d’une stratégie énergétique, selon l’économiste Stéfane Marion

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Publié 26/02/2013 par François Bergeron

L’économie canadienne devrait continuer de bien performer en 2013, mais il est impératif que le Canada se dote d’une stratégique énergétique face à l’augmentation phénoménale de la production de pétrole et de gaz chez nos voisins américains.

En effet, loin de continuer de s’approvisionner chez nous aux mêmes niveaux qu’avant, les États-Unis pourraient devenir eux aussi dans quelques années un pays exportateur d’énergie – à tout le moins de gaz naturel.

Ce changement, dont l’ampleur et la rapidité ont surpris la plupart des économistes et des gestionnaires, est lourd de conséquences au Canada, notamment en Alberta, et devrait nous inciter à revoir nos plans d’exploitation et de commercialisation de nos ressources énergétiques.

Optimisme

C’est ce qu’a indiqué la semaine dernière l’économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, invité pour une cinquième année à livrer les secrets de sa boule de cristal à la tribune du Club canadien de Toronto.

Comme à son habitude, M. Marion a bombardé son auditoire de statistiques et de graphiques, tous aussi édifiants les uns que les autres, pour appuyer son propos sur les perspectives économiques et financières mondiales et canadiennes.

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Cette année, plusieurs secteurs de notre économie – dont le manufacturier en Ontario – devraient profiter de la reprise américaine qui se confirme dans l’immobilier et les services.

La croissance – et surtout la création d’une importante classe moyenne – dans les pays «émergents» devraient également profiter au Canada. S’agissant encore du pétrole et du gaz, la perte de clients américains pourrait donc être compensée par le gain de clients asiatiques et sud-américains.

Scoop: on a évité un crash

L’Europe, malheureusement, est encore mal en point et – comme le Japon – fait notamment face à des défis démographiques qui limitent ses perspectives de croissance.

Plusieurs pays européens connaîtront une diminution de leur population en chiffres absolus, pas seulement un déséquilibre entre le nombre de jeunes et de retraités. Ce ne sera pas le cas chez nous, où le nombre de jeunes (20 à 44 ans) augmentera, même si le nombre de retraités augmentera davantage.

M. Marion révèle que les grands argentiers et les gouvernements du monde occidental ont eu «très peur», l’été dernier, que la crise des dettes publiques dans la zone euro ne provoque un effondrement pire que le choc des hypothèques américaines toxiques en 2008.

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«Ces craintes se sont apaisées» cet automne, souligne M. Marion, suite à l’intervention – ou parfois seulement une promesse d’intervention – des banques centrales et des gouvernements.

Mark Carney

C’est peut-être même cette effervescence qui a incité Mark Carney à passer de l’ennuyante gouvernance de la Banque du Canada à celle, hyperactive, de la Banque d’Angleterre, suggère M. Marion, pas complètement à la blague.

On craignait carrément une ruée des citoyens sur les banques pour en retirer leurs épargnes. Des pays ont connus une «érosion» des dépôts bancaires qui, sauf au Portugal, paraît avoir été stoppée ou inversée.

«La confiance revient tranquillement», indique le conférencier, mais aussi la prise de conscience que, de la Grèce à l’Espagne, en passant par l’Italie et la France, l’Europe ne se sortira pas de sitôt de son marasme caractérisé par un chômage élevé et une déflation du marché résidentiel.

Il n’y a pas trente-six solutions, dit-il: «les gouvernements doivent s’attaquer à leur endettement» et «revoir leur contrat social» à la lumière du vieillissement et de la réduction de leur population.

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Reprise américaine

Les États-Unis sont également très endettés, mais ils ont de meilleures perspectives de croissance que l’Europe.

Quelques pans de l’économie américaine vont même actuellement très bien, selon M. Marion, qui cite l’emploi dans les services, de retour à son niveau d’avant 2008, et la construction résidentielle qui ressuscite.

L’inventaire américain de maisons invendues, qui avaient atteint des sommets ces dernières années, a déjà beaucoup diminué.

Le Canada n’a pas connu de telles fluctuations, ce qui est tout à son honneur.

Les ménages canadiens sont plus endettés, mais c’est parce qu’ils ont conservé des revenus plus stables et qu’ils sont désormais proportionnellement plus nombreux que les Américains à être propriétaires de leur logement (et ce, même si le système fiscal américain a toujours beaucoup favorisé la propriété résidentielle).

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«Le Canada tient admirablement le coup» dans cette tourmente, se réjouit Stéfane Marion.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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