Discours du Trône de l’Ontario: appel à la coopération des trois partis

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Publié 19/02/2013 par François Bergeron

Le nouveau gouvernement ontarien de Kathleen Wynne continue vouloir limiter ses dépenses et équilibrer le budget d’ici 2017. Dans le discours inaugural de la 40e session parlementaire lu jeudi à Queen’s Park par le lieutenant-gouverneur David Onley, on promet également de créer un climat favorable à la création d’emplois comme à de meilleures relations de travail.

Le Discours du Trône a mis en lumière l’engagement du gouvernement à coopérer avec les partis d’opposition, dont dépend à court terme la survie du gouvernement libéral minoritaire.

L’Assemblée législative de 107 sièges compte présentement 50 Libéraux (en plus du président de la Chambre) contre 36 Progressistes-Conservateurs et 18 Néo-Démocrates. Deux sièges sont vacants suite aux départs des ex-ministres libéraux Dwight Duncan et Chris Bentley. L’ex-premier ministre Dalton McGuinty est encore député.

Le gouvernement de Mme Wynne veut «permettre à tous les partis de travailler ensemble» pour trouver des économies, créer des emplois, rendre des comptes à l’Assemblée législative, et «s’assurer que les municipalités et les familles ont leur mot à dire sur l’emplacement des infrastructures énergétiques».

Cette dernière précision rappelle l’annulation controversée et coûteuse, en pleine campagne électorale en 2011, de deux projets de centrales au gaz face à l’opposition locale. Les Libéraux reconnaissent aussi que l’implantation d’éoliennes dans les régions rurales a souvent été mal accueillie.

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Mea Culpa

En quise de mea culpa pour la façon dont le gouvernement a révisé les contrats de travail des enseignants et d’autres groupes de fonctionnaire l’an dernier, Kathleen Wynne souhaite maintenant rétablir «un partenariat respectueux avec les leaders du monde du travail en établissant un processus durable de négociation salariale par l’intermédiaire de la négociation collective».

On verra si cette ouverture envers les syndicats sera compatible avec l’assainissement des finances publiques qui risque de préoccuper le gouvernement pendant encore quelques années.

Éventuellement, le gouvernement propose de «limiter la hausse des dépenses globales pour qu’elle soit de 1% inférieure à la croissance du PIB jusqu’à ce que le rapport dette-PIB de la province soit ramené à son niveau d’avant la récession, soit 27%».

À l’heure actuelle, ce rapport dette-PIB dépasse 30%. Il dépasse 50% au Québec, la province la plus endettée au pays, qui prévoit toutefois éliminer son déficit dès l’an prochain. Les pays (comme la Grèce) qui sont considérés en plus mauvaise posture ont un rapport dette-PIB qui dépasse 100%, en plus d’avoir de bien plus faibles perspectives de croissance.

Prospérité

Le gouvernement ontarien promet par ailleurs de s’attaquer au problème du chômage chez les jeunes en travaillant «en partenariat avec les éducateurs des écoles secondaires, les représentants des collèges et des universités, les agents de formation et les employeurs pour offrir aux jeunes la possibilité d’améliorer leurs compétences et de trouver des stages et des programmes d’enseignement coopératif qui leur permettront d’acquérir une expérience de travail concrète et enrichissante».

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De plus, on veut permettre aux prestataires de l’aide sociale de conserver une plus grande partie de leurs revenus s’ils se trouvent un petit emploi.

Le nouveau gouvernement promet aussi de travailler avec les institutions financières et les organismes gouvernementaux «pour que les petites et moyennes entreprises aient accès au capital dont elles ont besoin pour prendre de l’expansion».

«Comme preuve de cet engagement», a-t-on inscrit dans le Discours du Trône, «le gouvernement injectera 50 millions $ dans un nouveau fonds de capital-risque de 300 millions $ en partenariat avec ses homologues fédéraux et le secteur privé.»

Enfin, le gouvernement provincial signale son intention de protéger les consommateurs en matière d’assurance-automobile, de vente porte-à-porte, de services de règlement de dette, de transactions immobilières et de contrats de service de téléphonie. «Car le marché doit être équitable, et les prix que nous payons doivent être transparents.»

Le Discours du Trône et les répliques de l’opposition ne sont que des exercices de positionnement politique. Le vrai test du gouvernement minoritaire viendra le mois prochain quand le nouveau ministre des Finances, Charles Sousa, déposera son budget.

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Francophones

Le mot «francophone» est mentionné une fois dans le Discours du Trône, en rapport avec «la disponibilité des programmes d’études au palier postsecondaire dans le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario», que le gouvernement promet d’élargir.

Cet engagement a été salué par l’AFO (Assemblée de la francophonie), de même que par plusieurs intervenants en éducation franco-ontarienne, comme l’AFOCSC (les conseils scolaires catholiques).

«Nous sommes ravis que le gouvernement fasse de l’éducation postsecondaire en français une de ses priorités», a indiqué Melinda Chartrand, la présidente de l’AFOCSC. «C’est la pièce manquante qui fera en sorte que les finissantes et les finissants de nos écoles secondaires puissent rester dans leur région pour continuer leurs études.»

«Il s’agit d’un engagement clair et sans équivoque que tous et toutes – y compris ceux et celles à l’intérieur de la Fonction publique de l’Ontario – comprendront aisément», a commenté dans son blogue le commissaire aux services en français, François Boileau. «Il ne nous reste maintenant qu’à discuter du ‘comment’!»

«Nous nous réjouissons de l’appel général à la collaboration et nous voulons travailler avec le gouvernement de l’Ontario afin d’actualiser les mesures et veiller à ce que des services en français de qualité soient offerts à tous les citoyens francophones et bilingues de la province», a dit le président de l’AFO, Denis Vaillancourt.

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Le discours inaugural n’en parle pas, mais l’AFO répète que le statut du commissaire aux services en français devrait être «normalisé» pour en faire un officier de la législature ontarienne (comme le commissaire aux langues officielles du Canada, qui relève du Parlement). L’AFO cherche aussi à confirmer la désignation universitaire de l’Hôpital Montfort à Ottawa.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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