Écoles publiques anglophones: le gouvernement n’empêchera pas les grèves tournantes

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 04/12/2012 par François Bergeron

Le gouvernement libéral de l’Ontario ne pendra aucune mesure spéciale contre les grèves d’une journée prévues lundi prochain par des syndicats d’enseignants d’écoles publiques dans le nord et dans le sud-ouest de la province. D’autres grèves tournantes d’une journée pourraient encore être annoncées ici et là.

Les enseignants du plus important conseil scolaire de la province — le TDSB à Toronto — seront également en position légale de déclencher une grève lundi prochain. Aucun préavis n’a cependant encore été donné à cet effet.

Le premier ministre Dalton McGuinty s’est dit «déçu», jeudi, de la décision de sections de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO) au sein des conseils scolaires des districts de Avon Maitland et de Ontario North East.

«Ces mesures placent les élèves directement au cœur du litige entre la Fédération et notre gouvernement», a déploré M. McGuinty. «Nous croyons qu’il s’agit d’un litige que la Fédération devrait débattre devant les tribunaux contre le gouvernement et non dans nos classes au détriment des élèves.»

La FEEO et quelques autres syndicats du secteur scolaire public de langue anglaise protestent contre la nouvelle loi 115 imposant un nouveau contrat de travail – comportant notamment un gel salarial de deux ans, une réduction des congés de maladie et l’imposition de jours de perfectionnement non payés – aux enseignants qui n’ont pas encore signé d’entente semblable avec leur conseil scolaire ou avec le gouvernement.

Publicité

La ministre de l’Éducation, Laurel Broten, admet que les grèves d’enseignants constituent un «inconvénient» pour les parents, choisissant «l’équilibre» entre le droit de grève des enseignants et la stabilité dans les écoles. «Nous allons permettre un jour de grève seulement (dans chaque conseil scolaire)», précise-t-elle. «Mais si le syndicat ne respecte pas sa promesse (de limiter tout débrayage à un jour), nous allons utiliser les pouvoirs contenus dans la loi.»

La Loi 115 inconstitutionnelle?

La loi – inconstitutionnelle, selon les syndicats et l’opposition néo-démocrate à Queen’s Park – était nécessaire, selon le gouvernement, parce que des augmentations de salaire seraient automatiquement entrées en vigueur en vertu du contrat actuel, en l’absence du genre de correctifs acceptés cet été par les enseignants catholiques anglophones et par les francophones des systèmes catholique et publique.

«Après plus de 300 heures passées à la table de négociation, l’Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens et l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens ont été en mesure de conclure une entente avec le gouvernement», fait valoir M. McGuinty. La FEEO, elle, «aura passé moins d’une heure au cours des 10 derniers mois à la table de négociation»…

La Fédération a jusqu’au 31 décembre pour conclure une entente négociée avec leurs conseils scolaires locaux, a rappelé M. McGuinty, dont l’inaction face aux moins de pression des syndicats vise à ne pas jeter de l’huile sur le feu.

Au secondaire aussi

Ça ne va pas mieux du côté des écoles secondaires. Les enseignants anglophones des écoles publiques ont rompu les négociations contractuelles avec leurs conseils scolaires et boycottent les activités parascolaires après les heures de classe.

Publicité

La Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO) a entrepris cette semaine des actions de grève qui, si elles frappent surtout des écoles anglophones, touchent aussi nos écoles françaises dont certains employés sont membres de la FEESO: bibliotechniciens, secrétaires, travailleurs sociaux, orthophonistes, consultants en autisme, psychométriciens, conseillers en comportement, animateurs culturels, éducateurs spécialisés, aides-enseignants, éducateurs en garderie, agents de liaison communautaire.

Nos écoles publiques et catholiques francophones demeureront ouvertes «tant et aussi longtemps que nous serons en mesure d’assurer la sécurité des élèves», promettent les conseils scolaires Viamonde (public) et CSDCCS (catholique).

Enseignants et concierges au travail

«Nous avons mis en place des mesures pour atténuer les inconvénients» et assurer «le bon fonctionnement des écoles et le bon déroulement de l’apprentissage en salle de classe.»

Cette grève du zèle, qui a commencé officiellement ce mardi 4 décembre, ne touche pas les enseignants (membres de l’AEFO), les concierges et d’autres postes non syndiqués dans nos écoles françaises.

Une telle grève signifie que les employés membres de la FEESO exécutent leur travail en appliquant à la lettre tous les règlements et choisissent les tâches qu’ils effectuent.

Publicité

Certaines activités parascolaires ou extracurriculaires pourraient être interrompues. Par exemple, des spectacles de Noël prévus en soirée «pourraient être annulés ou déplacés pour avoir lieu durant la journée scolaire».

Les conseils scolaires et leurs directions d’écoles promettent d’informer rapidement les parents des développements qui pourraient les affecter.

Déficit provincial

La province est aux prises avec un déficit de 15 milliards $ que le gouvernement libéral, traditionnellement généreux envers les employés de la fonction publique et particulièrement envers les enseignants, a promis d’éliminer en 2017.

Le traitement des employés de la fonction publique – en particulier celui des enseignants – divise d’ailleurs les Libéraux ontariens qui éliront un nouveau chef les 25-27 janvier, pour remplacer le premier ministre démissionnaire Dalton McGuinty.

Des candidats au leadership comme Kathleen Wynne et Gerard Kennedy, notamment, ont critiqué l’action du gouvernement, tandis que Sandra Pupatello, proche du ministre des Finances Dwight Duncan, serait plus ferme face aux syndicats.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur