81 pays pratiquent encore la torture

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Publié 08/07/2008 par Darnace Torou

La Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants adoptée le 10 décembre 1984, est entrée en vigueur le 26 juin 1987. C’est pour marquer cette date historique que l’Assemblée générale des Nations Unies a retenu le 26 juin comme Journée internationale pour les victimes de la torture. Cette Convention est certainement la moins populaire puisqu’à ce jour, 145 États «seulement» l’ont signée ou ratifiée.

L’année 2008 marque le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme dont l’article 5 a servi de titre à la Convention. Amnesty International constate malheureusement, dans son rapport rendu public le 28 mai dernier que, si l’engagement pris était que «nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants», la réalité est que la torture est encore pratiquée dans 81 pays dans le monde!

Les instruments juridiques contre la torture, pourtant, sont légions: au niveau international, il y a les Conventions de Genève de 1949, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966; sur le plan régional, mentionnons la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples de 1981, la Convention interaméricaine pour la prévention et la répression de la torture de 1985, et la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants de 1986.

La torture consiste à infliger des souffrances intenses et injustifiées dans la négation totale du respect de la personne humaine et de sa dignité. Elle a été une arme de pouvoir: pour arracher des «aveux», pour «dissuader» toute velléité de contestation, pour terroriser. La torture est un acte volontaire, programmé, répété, procédant d’une décision réfléchie, à la différence d’une bavure ou d’un acte de colère.

Pendant la guerre froide (1945-1991), les «camps ennemis» du moment rivalisaient dans les moyens de lutte contre les éléments «subversifs»! On formait le personnel des pays «amis», aux techniques efficaces pour les interrogatoires. Un personnel provenant, en général, des milieux des agents de l’État: militaires, policiers, agents des services de renseignements, gardiens de prison. Ces dépositaires de l’autorité et de la force publique arrêtent, detiennent et… torturent comme ils veulent. Ils sont des fonctionnaires bénéficiant, dans l’exercice de leur métier, de l’impunité, et couverts par la «raison d’État».

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La pratique de la torture interpelle, depuis le 11 septembre 2001. Les grandes démocraties y participent indirectement, en envoyant des présumés sympatisants d’Al-Qaeda vers des pays pratiquant la torture. Amnesty International en appelait aux «plus puissants de donner le bon exemple».

Cette fâcheuse pratique de la sous-traitance devrait s’arrêter car leurs Constitutions interdisent la torture et leurs peuples la rejettent. Accepter les «assurances diplomatiques» offertes par des pays à reputation établie n’est qu’un raccourci commode pour contourner l’interdiction internationale contre la torture! Après tout, il ne s’agit que d’accords politiques bilatéraux, conclus au niveau diplomatique, n’ayant donc ni caractère légal ni force de loi.

Les pays démocratiques doivent tout simplement s’opposer à cette dérive aboutissant à la régression des droits de la personne, comme les y invitait le Secrétaire général Ban Ki-Moon en 2007. En hommage à l’Américaine Eleanor Roosevelt, au Français René Cassin, au Libanais Charles Malik, au Chinois Chung Chang et au Canadien John Humphrey, rédacteurs de cette Déclaration de 1948, qui devrait faire honneur à la race humaine.

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