À la petite école, jusque dans les années 60, on avait des cours de «bienséance», avec un manuel illustré de dessins. Dire s’il-vous-plait et merci, ne pas parler la bouche pleine, céder son siège à une personne âgée dans l’autobus, ne pas pointer les gens du doigt, etc. Voilà ce qu’on y enseignait, au cas où ça ne se faisait pas dans toutes les familles.
Aujourd’hui, ce sont des organismes comme la Commission ontarienne des droits de la personne (CDP) qui font la promotion de la bienséance moderne et qui ont le pouvoir de sévir contre les pratiques indûment discriminatoires dans le logement, l’embauche, les relations de travail, l’affichage, etc.
Comme les règles élémentaires de politesse, tout cela est déjà bien compris de la grande majorité de la population depuis longtemps: on n’a pas le droit de refuser un logement ou un emploi ou l’entrée dans un commerce au seul motif de la race, de la religion, du sexe, de l’âge ou d’un handicap du demandeur.
En tout cas, on ne doit surtout pas le faire ouvertement. Toutes les relations professionnelles ou commerciales entre adultes consentants comportent une part de subjectivité. Propriétaires, employeurs et commerçants conservent heureusement une certaine latitude pour choisir leurs employés, locataires, clients… En effet, tous les citoyens continuent de jouir des libertés d’expression et d’association inscrites dans la Constitution canadienne.
En se diversifiant et en prospérant, la société a naturellement évolué dans le sens d’une plus grande acceptation des différences ethniques, religieuses, sexuelles, culturelles. C’est d’ailleurs cette évolution qui a permis la création d’agences comme la CDP, bien plus que la CDP qui a orienté la société dans cette direction: la partie était gagnée d’avance. «Les lois ont tenu la route parce qu’elles reflètent la pensée de notre population», déclarait en 1961 le ministre Leslie Frost.