40 pages, c’est long?

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Publié 02/02/2008 par François Bergeron

Je n’étais pas le seul commentateur à mentionner la semaine dernière que le rapport Manley, sur la mission canadienne en Afghanistan, faisait une quarantaine de pages, pour signifier qu’il était à la portée de tous. L’auteur du document, l’ex-ministre libéral John Manley, utilisait lui aussi cet argument pour inviter les Canadiens à en prendre connaissance.

Or, quelques lecteurs m’ont fait remarquer que 40 pages, c’est beaucoup. Certains m’ont même félicité d’être passé au travers, comme si c’était un exploit, alors que c’est l’aspect le plus facile de mon travail. Ce n’est pas plus long que de lire, même partiellement, le Toronto Star et le Globe and Mail le matin.

C’est une question de générations. Les complaintes sur la longueur du rapport Manley me sont toutes venus de jeunes – la vingtaine et la trentaine – alors que ce sont des observateurs de l’âge de M. Manley – la cinquantaine – qui faisaient valoir la concision du rapport.

J’avais remarqué la même division après la parution du manifeste « Pour un Québec lucide » en 2005. Une (jeune) journaliste m’avait dit: « 10 pages! C’est long! Qui va se taper ça à part les intellectuels? »

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Apparemment pas les jeunes intellectuels, qui souffriraient du même déficit d’attention que le reste de la génération YouTube. Car tous les lecteurs et correspondants interpellés ici travaillent dans les médias ou l’enseignement. Tous s’intéressent à l’actualité. Cela en fait des « intellectuels », pour autant qu’ils acceptent cette étiquette, car dans certains milieux ce terme est péjoratif. Il faudrait donc réhabiliter auprès des jeunes le terme « intellectuel », qui, proprement décodé, signifie tout le contraire de « déconnecté de la réalité ».

J’ai mentionné YouTube dans un contexte critique, mais je reste admiratif devant cette innovation et devant la puissance de l’Internet en général. Les jeunes d’aujourd’hui ne me paraissent pas moins bien informés que leurs parents il y a 20 ou 30 ans. Ils seraient donc en train de développer de nouvelles façons de s’informer – mieux adaptées à la complexité du monde moderne? – qui trouveront une place importante aux côtés du livre, du journal et de la télévision.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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