1,1 milliard $ sur 5 ans pour la nouvelle Feuille de route sur les langues officielles

Immigration, éducation et communautés

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Publié 02/04/2013 par François Bergeron

James Moore, le ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, a dévoilé la semaine dernière l’architecture de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018, le principal programme d’aide aux communautés francophones ou anglophones en situation minoritaire, c’est-à-dire la plupart des francophones à l’extérieur du Québec et les anglophones au Québec.

C’est le principal programme qui stimule les activités de la FCFA (Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada), l’AFO (Assemblée de la francophonie de l’Ontario) et d’une foule d’associations et d’agences francophones oeuvrant en milieu minoritaire, en orientant plus d’un milliard de dollars des divers ministères fédéraux.

La nouvelle Feuille de route se concentrera sur trois piliers «pour assurer le dynamisme du français et de l’anglais au Canada», selon le gouvernement: l’éducation (658 millions $), l’immigration (150 millions $) et les communautés (316 millions $).

«La nouvelle Feuille de route est l’investissement le plus complet à ce jour en matière de langues officielles», a indiqué le ministre Moore. À noter que le programme quinquennal s’appelait auparavant Feuille de route pour la dualité linguistique. C’est dans le récent budget déposé par le ministre des Finances Jim Flaherty qu’elle a été rebaptisée Feuille de route pour les langues officielles.

Éducation

Le gouvernement fédéral compte consacrer 1,124 million $ à la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018, soit 24 millions $ de plus que pour les cinq années précédentes.

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La nouvelle Feuille de route continuera à appuyer l’apprentissage de l’anglais et du français en tant que langues secondes et poursuivra son appui aux systèmes scolaires en milieux minoritaires de manière à favoriser le développement des citoyens et des communautés.

La présidente de Canadian Parents for French, le lobby de l’immersion française au pays, s’en réjouit: «Cette approche appuie les groupes de la majorité linguistique qui travaillent au rapprochement entre anglophones et francophones», dit-elle. «Elle favorise une société plus solidaire et plus forte.»

Immigration

Dans le cadre de la Feuille de route, le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration voit son enveloppe passer de 20 millions $ pour les derniers cinq ans à 150 millions $ pour les prochains cinq ans.

L’anglais et le français sont un puissant véhicule d’intégration des immigrants au Canada. La nouvelle Feuille de route appuiera donc la prestation de cours de langue destinés aux nouveaux arrivants et elle maintiendra son appui à l’immigration francophone hors Québec.

L’appui «aux communautés» anglophones et francophones sera préservé «grâce à des mesures destinées tant aux services de santé et de justice dans la langue de la minorité qu’aux arts, à la culture et au développement économique», promet le ministre.

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Avertissements

Le député libéral Stéphane Dion avertit toutefois que les Conservateurs sont des «magiciens avec les chiffres», selon l’agence Presse Canadienne, estimant qu’ils pourraient chercher à «gonfler artificiellement» les budgets.

«Que la Feuille de route serve à apprendre le français aux immigrants à Saint-Boniface, oui. Mais l’anglais à Winnipeg, c’est une chose que le gouvernement doit faire, mais pas à l’intérieur de la Feuille de route», a-t-il dit.

Du côté de l’opposition officielle, le Néo-Démocrate Yvon Godin s’inquiète qu’un comité dominé par les Conservateurs ait recommandé de piger dans le budget de la Feuille de route pour fêter le 150e anniversaire de la Confédération.

La Presse canadienne rapporte qu’au sein du comité du 150e, Néo-Démocrates et Libéraux souhaitent que les budgets accordés pour ces célébrations soient complètement distincts de ceux de la Feuille de route.

«La Feuille de route, ce n’est pas un fourre-tout», a aussi insisté la présidente de la FCFA, Marie-France Kenney. Le ministre James Moore n’aurait pas encore tranché la question, mais il a déclaré que «ce ne serait pas notre but de couper les ressources pour les communautés» de langues officielles.

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RÉACTIONS

Ça correspond À nos priorités

«A priori, ce qui nous a été présenté aujourd’hui correspond assez bien à ce qui a été discuté lors des consultations menées par le gouvernement l’été dernier. Les axes sur lesquels s’articule la nouvelle Feuille de route, soit l’immigration, l’éducation et les communautés, s’arriment assez bien avec nos priorités.»

«Dans un contexte d’austérité économique, le maintien du financement dénote une reconnaissance de tout ce que nos communautés et la dualité linguistique en général apportent au pays en termes de valeur ajoutée.»

«Cependant, il reste beaucoup de questions auxquelles nous n’avons pas encore de réponse. Par exemple, on prévoit une emphase accrue sur l’immigration au sein des communautés francophones et acadiennes. Ce n’est pas clair encore de quelle manière on appuiera financièrement tout le travail qui se fait au niveau du recrutement, de l’accueil et de l’intégration en français.»

– la présidente de la FCFA, Marie-France Kenney

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Des promesses

«Les grandes lignes annoncées aujourd’hui sont prometteuses, mais il reste à savoir si elles tiennent compte des priorités et des attentes de nos communautés. Il faut maintenant passer à l’action pour assurer le développement de notre francophonie et reconnaître son apport indispensable à l’essor de tout l’Ontario et du Canada.»

«La population francophone de l’Ontario augmente et l’AFO est déjà engagée à travailler avec le gouvernement pour répondre aux besoins et aux enjeux de notre communauté pour que celle-ci puisse continuer son développement économique, social, culturel et politique.»

– le président de l’AFO, Denis Vaillancourt

Financement crucial

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«Sans ces fonds capitaux et cruciaux, la francophonie ne connaîtrait pas autant d’essor en matière d’éducation de langue française.»

«Les fonds du Programme des langues officielles en enseignement permettent au Collège Boréal d’offrir et de maintenir des services d’appui à l’apprentissage à ses étudiants, ainsi que la mise en oeuvre d’une politique d’aménagement linguistique et de construction identitaire.»

– le président du Collège Boréal, Denis Hubert-Dutrisac

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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