Le gouvernement fédéral prévoit percevoir cette année quelque 235 milliards $ en taxes et impôts de toutes sortes. Il en dépensera 190 en programmes qu’il administre directement et en transferts aux provinces, et 35 en frais d’intérêts sur la dette de 480 milliards $ (les déficits accumulés par les administrations Trudeau et Mulroney) qu’il rembourse tranquillement depuis quelques années parce que les (gros) déficits ont été remplacés par des (petits) surplus.
Du côté des provinces, qui dépensent ensemble encore plus que le gouvernement fédéral, la plupart d’entre elles ont cessé d’encourir des déficits, mais seule l’Alberta a réussi à effacer sa dette. L’Ontario avait atteint le déficit zéro sous Mike Harris pour retomber dans le rouge sous Ernie Eves mais rééquilibrera son budget avant la fin du mandat de Dalton McGuinty.
Ottawa vient cependant d’annoncer que 13 milliards $ iront cette année au remboursement de la dette, la plus grosse somme inscrite dans cette colonne jusqu’à maintenant.
Une meilleure performance de l’économie générant un surplus «inattendu» des revenus (nos taxes et nos impôts) permettrait cette correction. En même temps, le ministre Jim Flaherty a annoncé des compressions de dépenses de 1 milliard $ étalées sur deux ans.
Il y a deux façons d’accueillir cette double mise au point budgétaire.
On peut s’indigner – comme le Bloc, le NPD, les Libéraux et une foule de groupes communautaires, dont la FCFA et l’AFO pour les francophones – qu’en période de vaches grasses, le gouvernement conservateur pousse la mesquinerie à éliminer des services comme le Programme de contestation judiciaire (5,6 millions $), utilisé avec succès par plusieurs groupes minoritaires pour empêcher la fermeture de l’hôpital Montfort, redéfinir le mariage ou promouvoir des causes féministes.