Roman machiavélique et biographie lumineuse

Christine Lamer, Le clan Bouquet, roman, Montréal, Recto/Verso éditeur, 2017, 352 pages, 29,95 $. Jean-Louis Grosmaire, L’homme de la Lumière – Sébastien Racle (1652-1724), biographie, Québec, Éditions GID, 2016, 240 pages, 24,95 $.
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Publié 08/05/2017 par Paul-François Sylvestre

Christine Lamer est surtout connue pour ses rôles à la télévision (Bobinette, Marisol) et au théâtre (Feu la mère de madame, Bousilles et les justes, Dix petits nègres, Les Sorcières de Salem). Elle est aussi l’auteure du roman Le clan Bouquet, une saga familiale où règnent la fourberie machiavélique, la violence insidieuse, l’intimidation outrageuse et inhumaine.

Christine Lamer
Christine Lamer

L’action du roman se déroule en Normandie, dans le département du Calvados, près de Caen, où se dressent la cidrerie et le château La Pommeraie. On y célèbre les 100 ans de la châtelaine, Rose-Aimée Truchon, veuve de Rodolphe Bouquet et mère de treize garçons et une fille, tous «drapés dans leur indifférence, leur pédanterie et leur solennelle froideur».

Un quinzième enfant entre en scène lors des célébrations de la centenaire. Fille illégitime née d’une liaison de Rodolphe Bouquet avec une cuisinière, Simone Carton est le portrait tout craché de son père: ses yeux, sa bouche, sa chevelure noire, sa détermination et son intelligence.

Peu après l’arrivée surprise de Simone, une Montréalaise, le directeur général de la cidrerie meurt. Il n’a pas préparé de relève et le clan Bouquet demeure plus divisé que jamais. L’auteure excelle dans l’art de montrer comment le seul ciment de cette fratrie se compose de «convoitises, jalousies, reproches et rivalités».

À la surprise générale, la châtelaine centenaire et présidente du conseil d’administration choisit Simone Carton comme directrice générale de La Pommeraie. C’est le bouquet! Il s’ensuit de multiples intrigues que la romancière pimente allègrement de «perfidie en tout genre».

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Sans dévoiler le dénouement de ce roman magistralement orchestré (il se lit comme un polar), je vous signale que Simone et quelques belles-sœurs entreprendront une «revanche des jupons intelligents»…

L’homme de la Lumière

Passons de la France à la Nouvelle-France, où Sébastien Racle fut un missionnaire jésuite chez les Abénaquis, une tribu qui menait des raids incessants sur les forts britanniques. Le gouverneur de la Nouvelle-Angleterre mit la tête de Racle à prix et il trouva la mort lors d’une attaque décisive le 23 août 1724. Jean-Louis Grosmaire a raconté la vie de ce martyr jésuite dans L’homme de la Lumière.

Jean-Louis Grosmaire
Jean-Louis Grosmaire

L’auteur décrit comment la grande âme du missionnaire était «voilée sous la fièvre de sa vocation et la vive lumière de sa foi». Partout, Racle chassait le mauvais et le mal sous toutes leurs formes, «de la maladie à la sorcellerie ou la soûlerie». Homme discret et effacé, il s’imposait par son don d’écoute et de conseils pacifiques.

Le récit de Grosmaire est fort bien architecturé. À chaque chapitre, une personne parle du missionnaire ou raconte une facette de sa vie. Cela va d’un conteur-poète au messager du gouverneur en passant par un Métis, un chef abénaquis ou un écrivain public. Même le vent parle.

Le récit est fort bien documenté et le style demeure finement ciselé. Voici comment l’auteur décrit «la rivière Chaudière, que les Indiens nomment Kikonteku, la rivière des champs. Cela commence par l’embouchure dans le Saint-Laurent, puis par le Sault où les flots éclatent en gerbes blanches et retombent en vrombissements aux pluies d’automne et aux fougueuses fontes printanières.»

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Missionnaire jésuite et évangélisateur pendant 34 ans, Sébastien Racle était Français et Comtois de naissance; il devint un fier Abénaquis. L’évêque de Boston fit ériger un modeste monument à la mémoire de Racle, le 23 août 1833, à Old Point (Maine).

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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