La magie des Rois

rois mages
Les rois mages, SCS (sanctus, saint) Balthassar, Melchior, Gaspar, basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf, mosaïque de l'époque de l'empereur Justinien (règne 527-565), Ravenne, Italie. (Photo: Odile Collet)
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Publié 19/12/2016 par Gabriel Racle

Il est de tradition de célébrer, 12 jours après Noël, la Fête dite des Rois mages. Cette fête correspond à la fête religieuse de l’Épiphanie qui tombe toujours un 6 janvier. Toutefois, si ce jour est un jour de semaine, comme le vendredi 6 janvier 2017, la Fête des Rois a alors lieu un dimanche.

Qui sont ces personnages?

Le texte biblique dit de Matthieu ne parle pas de rois mais utilise pour les nommer le mot grec «μάγος, magos». Ce mot a des significations diverses: prêtres perses ou mèdes réputés pour leur connaissance en astronomie, astrologues de Mésopotamie, sages.

Le mot mage n’a pas ici le sens de magicien, mais plutôt celui de savant, de personnage respectable et respecté.

On a beaucoup brodé sur cette question au fil des siècles. Dans des textes du VIe au VIIIe siècle, on découvre que ces «mages» sont au nombre de trois, qu’ils ont des noms, comme dans cette description de la fin du VIIe siècle.

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Triades

«Ainsi, le premier mage, Melchior, vieux et blanc, barbu et chevelu, offre de l’or, symbole de la royauté.

Le second, Caspar [plus tard Gaspar], jeune imberbe au teint rouge, offre de l’encens, symbole de la divinité.

Le troisième, Balthasar, barbu au teint sombre, offre de la myrrhe qui rappelle que le Fils de l’homme est mortel.» – New Testament studies: Bruce Manning Metzger (1980) qui cite un texte  de la fin du VIIe siècle.

Trois est un chiffre symbolique de l’Antiquité. Noé a 3 fils, Abraham reçoit trois visiteurs célestes, on connaît les triades divines de Mésopotamie, d’Égypte. Melchior représenterait l’Europe, Gaspard l’Asie et Balthazar l’Afrique selon Bède le Vénérable (fin VIIe siècle).

La royauté de ces personnages est mentionnée chez Tertullien, un père de l’Église, au IIIe siècle, sans doute parce que «le roi des Juifs» mentionné par Matthieu se doit d’être honoré par des rois.

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Origine profane de la Fête des Rois

On ne sait trop à quelle date l’Épiphanie est devenue aussi le Jour des Rois ou la Fête des Rois.

À partir du XIIe siècle, l’Église célèbre les rois mages, sans doute pour mettre davantage l’accent sur la manifestation (épiphanie) royale de l’enfant divin, et elle rend populaire ces personnages fictifs.

Voici ce qu’en dit un érudit cité par Étienne de Jouy en 1817, dans L’l’hermite : «Que diable vient-on nous parler des mages et de leurs présents, à propos d’un usage dont l’origine profane est si bien connue?

Qui est-ce qui ne sait pas que cette plaisanterie du Roi de la Fève nous vient des Romains, dont les enfants, pendant les saturnales, tiraient au sort à qui serait roi du festin? Cet emploi de la fève, pour interroger le sort, remonte aux Grecs, qui se servaient de fèves pour l’élection de leurs magistrats.»

Roi d’un jour

À l’imitation du roi d’un jour des Romains, la tradition s’est instaurée de «tirer les rois» à l’Épiphanie, et comme le faisaient les Romains, d’inverser les rôles (maîtres-esclaves) afin de déjouer les jours néfastes de Saturne.

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Et la pâtisserie fait son apparition. À Noël c’était la bûche, à l’Épiphanie c’est le gâteau des Rois (aux fruits confis) ou surtout la galette des Rois, entre 1200 et 1300, pense-t-on. Cette galette ronde et dorée symbolise le soleil qui reprend vigueur.

Pour imiter le tirage au sort des Romains, on introduit une fève dans la galette partagée ensuite entre les convives (plus une part pour le pauvre, dans les débuts). Les parts sont tirées au sort et le détenteur de la fève devient le roi. Ce n’est qu’à partir de 1870 que la fève sera remplacée par une figurine en porcelaine.

Cette tradition apparue en France pour la première fois au XIVe siècle a connu une grande expansion à partir du XVIIe siècle. C’est probablement la source de sa transmission en Amérique du Nord (l’Espagne en Amérique latine). Selon un site Internet, c’est un «Héritage de la francophonie canadienne». Mais on peut trouver des galettes dans de nombreuses villes des États-Unis.

Fête de la Lumière

«La galette des Rois gagne en popularité», indiquait Radio-Canada le 6 janvier 2015. Il y a fort à parier qu’il en ira de même le 6 janvier 2017, car la magie des Rois est toujours à l’œuvre.

En effet, le Jour des Rois est la Fête de la Lumière qui reprend son éclat, c’est la fête de la renaissance de la vie qui en découle ou d’une nouvelle durée de vie pour tous les vivants, c’est la fête de la vie, de l’espoir, du renouveau.

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Et tout cela dans l’atmosphère joyeuse d’une festivité familiale dont les membres se regroupent à l’occasion de la célébration de trois rois virtuels, dont la magie est bien cette fête moderne, si riche en significations.

Sur l’air d’Au clair de la lune :

C’est la jolie fête
La fête des Rois
On mange la galette
Chez mon oncle Éloi
Si maman est reine
Papa sera roi
Mais si j’ai la fève
La couronne pour moi.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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