Alex Janvier en vedette au MBAC à Ottawa

Alex Janvier, MBAC, 2016, broché à rabats illustrés, 27 x 23 cm, plus de 200 illustrations dont plusieurs en pleine page et un dépliant en 4 pages, 202 p. La couverture reproduit Sans titre, 1980, acrylique sur toile, MBAC.
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Publié 13/12/2016 par Gabriel Racle

Le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) offre une exposition unique consacrée à l’un des artistes autochtones contemporains les plus éminents du Canada, Alex Janvier. C’est dire qu’il s’agit d’un événement marquant de ce musée, en cours jusqu’au 17 avril 2017.

«L’exposition Alex Janvier raconte l’histoire d’un artiste qui a voué sa vie à l’art et à la réhabilitation des cultures autochtones, explique le directeur général du MBAC, Marc Mayer. Alex Janvier a largement contribué au développement de l’art autochtone moderne au Canada et il y a longtemps que le Musée envisage de consacrer à cet artiste une exposition solo de grande ampleur.»

L’exposition réunit en effet une sélection de chefs-d’œuvre déjà connus d’Alex Janvier, réalisés au cours d’une carrière de plusieurs années, ainsi que des peintures exposées pour la première fois.

Et il faut replacer toutes ces œuvres, que l’on a ainsi l’occasion d’admirer à loisir, dans le contexte que définit l’auteur lui-même: «L’art est vraiment un langage universel qui permet a quiconque de communiquer ses idées, ses sentiments, et ce, peu importe son rang social, sa langue ou ses croyances.»

Comme l’indique le Musée: «Cette rétrospective célèbre la vie et la carrière de Janvier consacrées à l’art, à la connaissance et à la créativité. Avec plus de 150 peintures et dessins, cette exposition invite les visiteurs à explorer pleinement le style unique de l’artiste, avec ses couleurs vibrantes et ses lignes calligraphiques.»

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Cold Lake

Mais qui est donc Alex Janvier? Pour saisir toute la beauté de son art, il faut sans doute le voir dans son cadre de vie, puisque son œuvre traduit «ses idées, ses sentiments». Quelques repères aident donc à le comprendre.

Alex Janvier est né le 28 février 1935. C’est l’un des dix enfants de Mary et Alex Janvier vivant dans la réserve Le Goff des Premières nations de Cold Lake dans le Centre-Est de l’Alberta. Il parle seulement la langue locale du groupe na-dené jusqu’a 8 ans, lorsqu’il est mis en résidence à la Blue Quill School, à St Paul, au nord-est d’Edmonton.

Il poursuit ses études à l’Institut de Technologie de Calgary, où il reçoit une formation classique en arts. Il obtient son diplôme avec mention en 1960. Au printemps 1965, il part pour New York poursuivre une carrière artistique. En 1966, il participe à l’organisation du pavillon des Indiens du Canada à l’Expo 67, Terre des Hommes.

En 1971, il est en Alberta et décide de se consacrer uniquement à sa peinture, ce qu’il n’a plus cessé de faire.

La Terre

Si, parmi ses influences Alex Janvier reconnaît l’apport d’artistes comme Vassily Kandinsky, Paul Klee et Hans Hoffman (1880-1966), peintre allemand ayant séjourné à Paris, proche des fauvistes et des cubistes, son style unique est imprégné de l’iconographie de sa culture et de son héritage denés. Il reconnaît d’ailleurs à la broderie perlée et à la vannerie en écorce de bouleau de sa mère et d’autres proches une grande influence sur son style pictural.

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Alex Janvier entretient un lien profond avec la Terre. Ayant vécu une partie de sa vie sur le territoire traditionnel de sa réserve, il accorde beaucoup d’importance à ses racines autochtones et avec un concept qu’il dénomme «propriétaire (landlord)», son rapport étroit avec des endroits et des repères physiques particuliers, ce qui soutient ses créations.

«L’univers artistique d’Alex Janvier fait appel à un riche langage visuel marqué par la couleur, les symboles et la calligraphie qui évoquent différents éléments de la Terre tels que des paysages, des phénomènes naturels et des animaux d’une manière qui transmet instantanément des émotions. Ses œuvres font référence à la culture et à l’histoire autochtone ainsi qu’à sa propre perception de la vie.»

Le catalogue

Cet ouvrage est à la hauteur des chefs-d’œuvre qu’il présente et les visiteurs de l’exposition repartiront sans aucun doute avec ce petit livre de 200 pages, si riche en reproductions des réalisations de l’artiste.

Quelques textes illustrés présentent l’artiste et son art en une cinquantaine de pages: Là où commence la Terre, Le gardien de la terre, Les murales d’Alex Janvier. Il n’est ensuite que d’admirer ces tableaux indescriptibles, tant ils sont variés, colorés et chargés de signification.

C’est une deuxième visite que l’on peut faire si l’on a pu venir au MBAC ou une découverte surprenante si une telle visite n’a pas été possible. «Mon travail est vraiment nord-américain… avec ses racines autochtones. Certaines de mes œuvres ont des vertus thérapeutiques, pour moi et pour quiconque souhaite les voir de cette manière.» (Alex Siméon Janvier)

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 «Ce que j’aime dans l’art, c’est qu’il reflète ce que je suis. Il parfait mon esprit et ma vie spirituelle. Il n’y a pas d’autre raison.» (Déclaration, 2001)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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