Un ouvrage d’art exceptionnel: le pont d’Avignon

Le pont d'Avignon, Dix siècles d'histoire, Éditions Faton, 2016, 16 articles, 74 p., près de 80 illustrations, 9,80 €.
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Publié 01/11/2016 par Gabriel Racle

Qui n’a entendu parler du pont d’Avignon? On le chante dans bien des pays en français: «Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse…» Par son rythme et ses paroles faciles, cette comptine sert éventuellement à l’apprentissage du français.

Mais en dehors de la popularité de ces vers endiablés, que sait-on vraiment du pont d’Avignon, même si on a eu le plaisir d’y «danser en rond»? Pas grand-chose bien souvent, en dehors du fait qu’il ne mène plus nulle part. Et pourtant son histoire est intéressante et il est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1994.

Le pont Saint-Bénézet

Si l’on connaît le pont d’Avignon, on ne peut que s’intéresser à son histoire pour savoir ce qui a bien pu lui arriver pour se trouver ainsi. Et si l’on n’a pas encore vu ce pont célèbre, on ne manquera pas de faire un détour pour aller le découvrir si on en a la possibilité.

Et les éditions Faton nous aident, qui mettent à notre disposition un Dossier d’archéologie consacré au Pont d’Avignon. En 74 pages, toutes illustrées d’une ou plusieurs représentations, de dessins ou de plans, on dispose de «Dix siècles d’histoire» dont les dernières découvertes concernant cette construction architecturale.

«Connu de tous par la comptine, classé à l’UNESCO, le pont d’Avignon est un monument emblématique du patrimoine architectural national et compte parmi les plus visités de France. Pourtant, ses origines, son histoire et ses particularités de construction restaient très mal connues… jusqu’à une vaste et récente enquête scientifique, dont ce hors-série des Dossiers d’archéologie présente la synthèse.»

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C’est ainsi que se présente ce numéro qui résume d’abord en quelques lignes l’histoire de l’ouvrage. «Le pont Saint-Bénézet, couramment appelé pont d’Avignon, est un ouvrage dont les premières phases de construction furent initiées dans les dernières décennies du XIIe siècle; il ne reste aujourd’hui que quatre arches visibles. Dans son état originel, vingt-deux arches permettaient de franchir le Rhône pour relier Avignon à la rive droite.»

Intervention divine

Saint-Bénézet fait référence à une légende. Bénezet aurait été un jeune berger qui, dans la montagne où il gardait ses bêtes, aurait entendu une voix qui lui disait: «Bénézet, prends ta houlette et descends jusqu’en Avignon, la capitale du bord de l’eau: tu parleras aux habitants et tu leur diras qu’il faut construire un pont.»

Il descend donc de la montagne un dimanche de fête et il interpelle l’évêque du lieu sur le parvis de la cathédrale: «Seigneur évêque, je suis mandaté par le Tout-Puissant pour construire un pont sur le Rhône.»

On se moque de lui et l’évêque lui demande comme preuve de ses dires de charger sur ses épaules une pierre énorme et de la jeter dans le Rhône.

Bénezet n’hésite pas, il soulève le bloc de pierre et va le jeter dans le fleuve, aidé, dit-on, par une intervention divine, et même par des anges baignés d’une lumière dorée. Cela se serait passé en 1177.

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«La construction du pont Saint-Bénezet est une entreprise colossale qui s’explique au XIIe siècle par un climat de luttes d’influence entre la commune, l’évêque, les comtes. Puis, son contrôle deviendra au XIIIe siècle un enjeu de pouvoir entre le royaume de France, l’Empire et la papauté.»

C’est ainsi que s’ouvre dans la revue la véritable histoire du pont d’Avignon: «Aux origines du pont d’Avignon, une histoire politique». Mais il faut noter l’existence au milieu du pont d’une chapelle dédiée à Saint-Bénézet.

Voie commerciale

Lors de sa construction, c’était le seul pont en pierre enjambant le Rhône entre Lyon et la mer Méditerranée. En conséquence, il attire les voyageurs, les marchands, les trafiquants en tout genre. Les taxes perçues sur les marchandises font à la fois la fortune d’Avignon et celle du roi de France.

Le pont a, en plus de son importance matérielle comme voie pratique pour franchir le Rhône, une importance politique, puisqu’il assure la communication entre le royaume de France et le comtat Venaison qui englobe la ville d’Avignon.

Et celle-ci, dont l’histoire est très complexe, deviendra le siège de la papauté de 1309 à 1418. C’est ce qui explique la présence d’édifices témoins de la présence papale en cette ville, dont nous ferons peut-être un jour l’histoire.

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L’histoire du pont, que nous dévoile la revue des éditions Faton, est elle aussi fort complexe avec ses destructions causées par la furie du fleuve, ses reconstructions en pierre ou en bois, et son état final, avec l’abandon de la reconstruction trop onéreuse et la consolidation au XIXe siècle des quatre arches existantes, qui attirent toujours un grand nombre de touristes.

«Alors si vous passez par Avignon pour visiter la ville médiévale et le Palais des Papes, n’oubliez pas de faire une balade sur les bords du Rhône pour découvrir le Pont Saint-Bénézet en vous rappelant cette légende et en chantant sa célèbre chanson.» (1000 Merveilles)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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