Des gratte-ciel de Toronto au sous-sol du Congo

Les minières canadiennes impliquées dans les conflits au Congo

Blaise Ndala
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Publié 08/02/2017 par Thomson Birara

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

 Thomson Birara est étudiant en journalisme à Toronto au collège d’arts appliqués La Cité.


Le Canada serait un «petit paradis législatif» pour ses compagnies minières cherchant un refuge loin du regard des organismes de protection des droits humains. C’est le constat que fait le juriste de formation et écrivain franco-ontarien Blaise Ndala, qui établit un lien entre les conflits armés en République démocratique du Congo et les immenses richesses de son sous-sol.

L’auteur du roman J’irai danser sur la tombe de Senghor (2014) est venu conscientiser la cinquantaine de personnes présentes, jeudi dernier, au théâtre de l’Alliance française, sur le rôle de compagnies minières enregistrées au Canada dans les massacres et les viols qui ont lieu dans son Congo natal.

Selon le rapport Mapping de l’ONU (2010), plus de 6 millions de Congolais ont péri en raison des guerres pour le contrôle et l’exploitation des minerais au cours des 15 dernières années.

L’organisme Global Witness et l’ONU ont démontré que plusieurs multinationales minières établies à Toronto contribueraient au conflit congolais en employant des groupes armés et en maintenant des conditions de travail déplorables dans leurs mines.

«La place de Toronto est reconnue comme étant le symbole du paradis législatif canadien», affirme M. Ndala. Les compagnies profiteraient d’un système «permissif» bafouant la responsabilité sociale sur la scène internationale.

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Au Canada, les entreprises n’ont pas à être conformes aux critères de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour avoir droit à une subvention du gouvernement. De plus, aucune enquête n’a été menée sur les entreprises fautives à la suite des rapports de l’ONU et de Global Witness. «Au Canada, les compagnies s’en tirent à peu de frais», a déploré Blaise Ndala.

En avril 2016, le député libéral John McKay a été le premier à proposer la nomination d’un ombudsman qui pourrait enquêter sur les violations des droits humains à l’étranger par les minières canadiennes. Une «lueur d’espoir», selon M. Ndala, même s’il attend d’en savoir davantage sur le mandat qu’aura cet ombudsman.

Un autre développement positif, selon lui, est le jugement d’une cour de Colombie-Britannique permettant à des plaignants originaires d’Érythrée de poursuivre des compagnies canadiennes sous la loi canadienne. Le tribunal a jugé que les lois érythréennes ne permettaient pas aux plaignants d’obtenir justice. La cause est rendue en Cour suprême du Canada.

Des enfants travaillant des une mine en RDC: une image du film «Du sang dans nos portables», un documentaire de Frank Poulsen projeté à l'AFT après la conférence de Blaise Ndala.
Des enfants travaillant des une mine en RDC: une image du film «Du sang dans nos portables», un documentaire de Frank Poulsen projeté à l’AFT après la conférence de Blaise Ndala.

 

Auteur

  • Thomson Birara

    Thomson Birara est étudiant en journalisme à Toronto au Collège La Cité. Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

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