Coup d’œil sur l’art baroque

Du 20 octobre 2016 au 16 janvier 2017, le musée du Louvre présente Geste baroque. Collections de Salzbourg. Et un somptueux ouvrage permet aussi de prendre connaissance des présentations du Louvre, tout en restant chez soi.

L’ampleur et l’originalité de ce coup d’œil sur l’art baroque vient de ses origines, car les pièces présentées par le musée proviennent de musées ou de congrégations de Salzbourg.

La Rome du Nord

Salzbourg, dont le nom signifie «château de sel», est une ville qui commémore cette année le bicentenaire de son rattachement à l’Autriche en 1816. Mais, comme le mentionne le Louvre pour présenter son exposition: «Cité millénaire, Salzbourg a compté parmi les chantiers les plus actifs. Sur l’impulsion de ses princes-archevêques et jusqu’en 1803, la ville s’est métamorphosée.

Patrie de la musique, qui enfanta Wolfgang Amadeus Mozart en 1756, elle fut aussi celle de l’architecture, de la peinture et de la sculpture, au point d’être souvent considérée comme la Rome du Nord… Et le pouvoir laïc comme le pouvoir religieux commanditant de prestigieux chantiers sur lesquels travaillèrent les plus grands maîtres du baroque et du rococo allemands et autrichiens.»

C’est ce qui explique cette exposition d’une centaine d’œuvres exceptionnellement prêtées par les musées de Salzbourg, qui invite à découvrir le baroque et le rococo en Autriche et en Allemagne du Sud.

Baroque et rococo

Le baroque est un mouvement artistique d’origine Italienne, apparu à Rome (la Fontaine de Trevi, la place d’Espagne…) à Venise ou Florence avec leurs splendeurs architecturales, vers le milieu du XVI^e siècle. Mais le baroque, un mot qui dérive de la joaillerie portugaise, «barico», et signifie «perle de forme irrégulière», à partir du latin «verruca» (éminence, verrue), touche tous les domaines artistiques, architecture, peinture, sculpture, musique, littérature.

Le baroque se caractérise par l’exagération du mouvement, une décoration excessive, surchargée, des effets théâtraux dramatiques, une exubérance et une grandiloquence parfois pompeuses. Il se répand rapidement dans la plupart des pays d’Europe, dont l’Autriche.

Le rococo est un style principalement décoratif qui se développe en Europe entre 1730 et 1760. Son ornementation se caractérise généralement par des formes en coquillages, arrondies et contournées, d’apparence souvent bizarre, inattendue, avec la présence constante de volutes. Il s’est épanoui surtout en Allemagne, Autriche, Bohême, et Europe du Sud, Italie, Espagne, Portugal, à la suite du mouvement baroque.

Pour le titre de cette exposition d’objets et de dessins, Geste baroque, le Louvre s’est apparemment inspiré d’une expression utilisée par le claveciniste et chef d’orchestre William Christie, né en 1944 aux États-Unis mais installé en France, qui s’est efforcé de restaurer dans ce pays la musique baroque, en utilisant une expression décrivant son activité de chef d’orchestre, «le geste baroque».

L’exposition

Cette exposition permet à la fois de découvrir des œuvres du patrimoine baroque et rococo conservées à Salzbourg, et des artistes qui ont fait leurs marques à l’époque de ces nouements artistiques.

L’exposition du Musée du Louvre vise à initier ses visiteurs à l’art baroque sous des formes diverses, en l’immergeant dans une ambiance baroque tout autant visuelle que sonore grâce à des pièces musicales de l’époque, les XVII^e et XVIII_e siècles.

On peut y voir des œuvres artistiques très différenciées, don plusieurs sont d’origine ou d’inspiration religieuse comme l’Ostensoir de Ferdinand Sigmund Amende, qu’exposition Geste baroque décrit ainsi: «Rubis, diamants, saphirs, émeraudes, améthystes, olivines et bien sûr or coulée! Cette création d’Amende est certes la plus clinquante de cette exposition mais c’est aussi la plus ancienne des œuvres connues de l’artiste.»

Le Christ de douleur est un autre exemple. C’est une statue en bois, destinée à susciter une réaction émotionnelle, de Johann Meinrad Guggenbichler, reconnu comme l’un des sculpteurs les plus talentueux de la région de Salzbourg.

On peut ainsi découvrir de nombreux artistes, Johann Michael Rottmayr, peintre salzbourgeois majeur, le peintre Paul Troger, Martin Johann Schmidt, peintre rococo, Meinrad Guggenbichler, sculpteur, Joseph Anton Pfaffinger, peintre jouant de l’illusion optique, et bien d’autres.

Chacun de ces maîtres développe, sous l’influence du baroque italien, une peinture très centrée sur la lumière naturelle. Il en va de même pour les sculpteurs qui attachent de l’importance à l’expression gestuelle et à la polychromie.

Le livre associé

Avec 220 illustrations, dont de gros plans de certains détails, et trois essais, cet ouvrage est un catalogue des reproductions baroques de l’exposition, accompagnées d’un court texte explicatif. Il permet, à la manière de Xavier de Maistre, de faire un voyage dans la ville du baroque et du rococo tout en restant «dans sa chambre».

Il répond à l’objectif de l’éditeur: «Cet ouvrage réunit une centaine d’œuvres, dessins, peintures et sculptures provenant des musées et des collections religieuses qui ont été constitués dès cette époque à Salzbourg. Il invite à mieux connaître et à comprendre l’originalité du baroque et du rococo salzbourgeois et leur rayonnement en Autriche et en Allemagne du Sud.»

Mais rien ne vaut de faire ensuite une visite à Salzbourg, si l’on en a la possibilité ou l’occasion.