Une offre faramineuse

Il m’arrive de rêver d’avoir les moyens financiers d’aider des gens en situation difficile. Je m’imagine alors tout ce que je pourrais faire si, grâce à un gain de loterie ou une autre source légitime, je disposais soudainement d’une somme importante.

Et, bien, voilà! Le 23 janvier dernier, j’ai reçu par courriel l’offre suivante:

«Je sais que ce message, vous apparaîtra comme une surprise puisse que nous ne nous connaissions pas mais la grâce de Dieu m’a dirigé vers vous.

Lisez attentivement et soyez bénis au nom de Jésus. Je désire aider les enfants pauvres, les orphelins et ceux en situation difficile mais mon état actuel ne me permet pas de finaliser le projet que j’envisage.

Je veux que vous m’aidiez à réaliser ce projet car je vais mettre à votre disposition 1.500.000€ (Un million cinq cent mille euros) qui se trouve dans une banque à l’étranger comme moyens financiers pour le faire juste par mon projet de donation.

Répondez-moi tout de suite pour que je sois rassurée de votre bonne personnalité afin de vous mettre en contact avec mon notaire.
Mme Rousseau Martine»

Je n’ai pas encore eu le temps de répondre à Martine. Je suis toutefois convaincu que je ne suis pas le seul à recevoir un tel message.

Je sais aussi que les personnes qui accepteront d’être mis en contact avec le supposé notaire de Martine, risquent fort de le regretter car il s’agit d’une des nombreuses arnaques véhiculées sur Internet par un nombre toujours grandissant de fraudeurs.

Dans ce genre de stratagème, les personnes qui pensent qu’elles participeraient à des œuvres charitables en gérant des sommes importantes se voient demander différentes sommes pour supposément payer le transfert de fonds vers leur compte bancaire ou pour une autre fausse excuse.

Malheureusement, les forces policières municipales, provinciales, nationales et internationales ne disposent jamais assez de ressources humaines et financières pour enquêter, recueillir des preuves suffisantes au dépôt d’accusations criminelles contre ces fraudeurs et les faire condamner à la prison et à une restitution des sommes fraudées à leurs victimes.

Il y a quelques années, j’ai dénoncé à la police de Toronto un couple de fraudeurs qui avaient abusé de la confiance d’une personne âgée.

Après avoir interviewé la victime qui avait perdu toutes ses économies, un préposé à l’escouade des fraudes a affirmé que le service de police de notre métropole est en retard de quelques années pour donner suite à de tels dossiers et qu’il valait mieux poursuivre les fraudeurs au civil plutôt qu’envisager leur condamnation au criminel.

C’est donc ce que j’ai fait en poursuivant Amedeo et Lillian Pozzebon. J’ai réussi à obtenir de la Cour supérieure de justice de l’Ontario un jugement qui allait indemniser complètement la victime. J’ai pu ensuite saisir une partie du salaire de madame… tant qu’elle et son époux ne déclarent pas faillite.

La morale de cette chronique est que nous devons tous être vigilants pour protéger nos droits. Par contre, si Martine me verse un sou ou plus, je m’engage à vous en faire part.

« Le service de police de notre métropole est en retard de quelques années pour donner suite à de tels dossiers. »