Prêts, pas prêts, ouvrons nos frontières!

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Publié 24/02/2017 par Annik Chalifour

Nous sommes un pays «ouvert sur le monde», clament nos dirigeants.

Oui, on le sait! On détient une longue tradition en matière d’aide humanitaire. Des milliers de gens à travers la planète vivent dans un climat de terreur et de pauvreté, et nous voulons les accueillir sur la base de notre compassion légendaire.

Mais qu’arrivera-t-il une fois que ces milliers de gens deviendront citoyens canadiens? Brûlante question concernant notre aptitude à favoriser leur inclusion socio-économique et politique.

Chers décideurs, parlons du pluralisme équitable; cela vous dit quelque chose?

Il s’agit de la gestion de notre valeur canadienne de l’équité dérivant de notre fameuse Loi sur le multiculturalisme en rapport avec les trois piliers de notre équilibre social: l’emploi, l’éducation et la santé.

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Sommes-nous une société multiculturelle équitable?

L’emploi

Notre équité en matière d’accès à l’emploi repose sur notre capacité d’inclure les nouveaux immigrants, au même titre que les Canadiens d’origine, au sein de notre marché du travail.

Or quelle est la situation actuelle des résidents permanents et nouveaux citoyens en quête d’emploi? Dans quels secteurs œuvrent-ils? Leurs compétences sont-elles valorisées? Quels sont les freins à leur embauche?

Y a-t-il discrimination à leur égard en raison de leur nom «étrange», leur accent, leur apparence physique, leur tenue vestimentaire, leurs pratiques culturelles, leur soi-disant manque de «compétences canadiennes»?

Que faisons-nous pour assurer l’embauche des nouveaux immigrants, outre l’application de la discrimination positive (favoriser certains groupes de personnes victimes de discriminations systématiques en vue de rétablir l’égalité des chances)?

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Nos milieux de travail sont-ils dotés d’initiatives marketing novatrices, de techniques de recrutement actualisées, de politiques RH à la fine pointe de la gestion interculturelle?

Réitérons l’importance de créer des centres novateurs d’apprentissage spécifiquement conçus pour conseiller et former nos employeurs en gestion RH équitable dans le contexte de notre société proclamée pleinement multiculturelle.

L’éducation

Notre équité repose aussi sur notre capacité d’éduquer nos jeunes face aux changements démographiques du 21e siècle.

Bien sûr nos écoles enseignent l’Histoire du Canada, incluant notre sempiternelle mosaïque culturelle. Toutefois les curriculums sont-ils adaptés à notre nouvelle réalité sociale?

L’éducation préventive à la discrimination fait-elle partie intégrante de nos démarches pédagogiques? Disposons-nous de ressources adéquates pour favoriser une interaction positive entre nos jeunes et nouveaux jeunes arrivants ayant vécu la dépravation?

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Nos intervenants scolaires sont-ils aptes à gérer les relations avec les parents nouveaux immigrants et réfugiés?

Le choc des valeurs est immense entre le système d’éducation canadien et ceux du Sud, Moyen-Orient ou d’Asie. Ne serait-ce par exemple l’introduction à notre nouveau curriculum sur l’éducation sexuelle en Ontario…

Apprentissage interculturel

Nos programmes d’études postsecondaires comportent-ils un volet sur les compétences interculturelles? Nos futurs professionnels sont-ils à l’affût des caractéristiques de communication variant d’une culture à l’autre, influencées par diverses valeurs culturelles?

Ne serait-il pas judicieux d’inclure des cours sur la communication interculturelle et la résolution de conflit culturel dans l’ensemble de nos programmes d’études collégiales et universitaires?

On pourrait par exemple s’inspirer, entre autres, des ressources du Centre d’apprentissage interculturel d’Affaires mondiales Canada dédié à former les Canadiens œuvrant dans un contexte international (interculturel).

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Après tout, l’ouverture sur le monde ne commence-t-elle pas par l’aptitude à la sensibilité culturelle, à la communication et à la négociation?

La santé

Notre équité repose également sur notre capacité d’offrir des services, programmes et soins de santé qui soient adaptés aux besoins de notre population multiculturelle.

Nos professionnels de la santé s’efforcent d’emprunter une approche culturelle dans leur pratique. Cependant nos hôpitaux, cliniques et centres de santé sont-ils tous équipés pour faire face à la gestion de soins spécialisés auprès d’une toute nouvelle gamme de patients potentiellement croissante? Les sans statuts, demandeurs d’asile, réfugiés, blessés psychiques de guerre. Pourquoi ne pas collaborer avec la Croix-Rouge et MSF?

Par ailleurs, en Ontario, nos entités de planification des services de santé en français abordent l’accès aux services de santé en consultant directement notre population francophone très diversifiée. Ce mode de planification ne pourrait-il pas s’appliquer à travers le pays en faveur des nouveaux immigrants et réfugiés?

Inclusion

On est loin de pouvoir garantir l’équité auprès de futurs milliers de nouveaux immigrants et réfugiés en matière d’emploi, d’éducation et de santé: les trois leviers d’une société solide et progressive. Qu’est-ce qu’on attend pour planifier et se donner les moyens pour y arriver?

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Oui, on veut bien accueillir les nouveaux immigrants, mais pas au détriment de leur désengagement socio-économique et politique.

Donnons-nous les moyens pour TOUS nous inclure comme citoyens actifs à part entière.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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