Pas de piste cyclable? Dessinez-la!

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Publié 26/10/2010 par Vincent Muller

«Durant deux ans, une piste cyclable que nous avions créée a été entretenue par la Ville qui ne s’en est pas rendu compte» nous apprend «Rosée» la porte-parole du Urban Repair Squad. Ce groupe de cyclistes milite à sa manière pour rendre Toronto plus agréable aux cyclistes en créant de fausses pistes cyclables. La dernière action du groupe a été menée la semaine dernière dans la nuit de mardi à mercredi lors de laquelle ils ont mis en place une nouvelle piste cyclable sur l’avenue MacDonell.

Après plusieurs jours de négociations et un accord pour pouvoir suivre et photographier le Squad en action, au dernier moment les organisateurs nous font savoir qu’ils ne préféreraient pas être en présence d’un journaliste, de peur d’être repérés.

Le lendemain, nous avons quand même pu rencontrer leur porte-parole. Elle, qui se fait appeler «Rosée», revient sur l’organisation et sur les actions de ce groupe de cyclistes. «Le Urban Repair Squad a été créé à Toronto il y a 4 ans» nous explique-t-elle.

«Il y a d’autres organisations de ce type autour du monde, mais je ne sais pas d’où vient l’idée originale. Il y en a au Portugal, en Amérique du Sud, à Victoria… On fait quelques fois des échanges de photos, mais rien de plus.»

Rosée fait partie du Squad presque depuis le début: «Ce sont des amis qui l’ont créé, ils m’ont proposé d’en faire partie. Ça existait depuis six mois quand je me suis mise avec eux».

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Elle fait du vélo 12 mois sur 12 «à part quelques jours dans l’année où c’est vraiment trop dangereux. Mais c’est que 3 ou 4 jours par mois en hiver».

Avant de faire partie de cette organisation, elle était déjà active dans la communauté cycliste et faisait partie d’un autre groupe, les Bike Pirates.

Une dizaine d’actions par an

«On fait une dizaine d’actions par an, peut-être plus, ça augmente chaque année, au début on en faisait 4 ou 5 par an». Lors de ces actions, il y a deux ou trois guetteurs, les autres peignent les dessins sur la chaussée à l’aide de cartons prédécoupés et de bombes de peinture. «C’est fait très tôt le matin pour éviter les gens et les voitures. On fait ça entre les voitures stationnées, pour ne pas être vus. On a fait plusieurs petits endroits comme sur Queen, entre Ossington et Bathurst, sur la rue Haalam entre Ossington et Dovercourt. Celui-là c’était notre premier, les habitants du quartier ont aimé ça, il y en a qui nous ont vus, ils nous ont demandé ce qu’on faisait et après ils nous ont même donné de la peinture!

La Ville est même venue refaire les peintures par dessus, ils pensaient que c’était des vraies pistes cyclables.»

Deux ans plus tard, la Ville s’est finalement rendu compte de la supercherie et les a effacé.

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«À part ça, ils ont toujours effacé ce qu’on a fait. Mais peut-être qu’ils vont faire des pistes cyclables sur Harbord, on a peint là bas il y a un mois.» Certaines idées du Urban Repair Squad sont reprises, mais mises en place ailleurs. C’est le cas notamment des Bike Boxes, devant les voitures aux feux rouges, dont les premières ont été mises en place par la ville il y a quelques semaines.

«Il y a deux ans on a fait les Bike Boxes devant les feux rouges et là ils viennent de faire ça. C’est pareil pour les pistes cyclables aux heures de pointe, on l’a fait sur Queen et Dundas, maintenant ils l’ont fait sur College».

Le groupe mène aussi des actions plus simples comme coller des autocollants dans les stations de métro informant les cyclistes de la possibilité et des heures auxquelles on peut voyager avec un vélo. «Sans ça, beaucoup de gens ne savent pas qu’on peut mettre son vélo dans le métro. Puis on donne les heures où c’est interdit, donc on aide aussi la TTC.»

Des profils très variés

En ce moment, le Urban Repair Squad compte environ 20 personnes «mais si on compte toutes les personnes qui en ont fait partie un moment donné, il y en a eu une cinquantaine. Certains déménagent, arrêtent pour des raisons de temps ou des raisons familiales…»

«Les membres ont des profils très variés, il y a de tous les âges, tous les métiers, beaucoup travaillent et habitent Downtown ou à l’Ouest, vers Parkdale», explique Rosée. C’est pour cette raison que la plupart des fausses pistes apparaissent dans ce secteur.

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Les choix sont faits par rapport aux lieux d’habitation des cyclistes, en fonction de leurs constatations: «Il faut habiter dans l’endroit pour bien savoir où c’est dangereux pour les piétons ou les vélos», selon la porte-parole.

Pour l’instant, il n’y a jamais eu d’arrestations ou de problèmes et les membres ne mènent pas que des actions illégales. Beaucoup font partie d’autres organisations qui travaillent pour améliorer les conditions des piétons ou des cyclistes à Toronto.

«On est contre le fait que les voitures aient toujours la priorité en ville, ça devrait être d’abord les piétons numéro un, les transports en commun numéro deux, ensuite les vélos en troisième position et les voitures en dernier.»

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