L’humour noir de Chrystine Brouillet

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Publié 19/05/2015 par Paul-François Sylvestre

Après Chère voisine et Louise est de retour, la romancière Chrystine Brouillet récidive avec La mort mène le bal. Nous retrouvons la tueuse en série Louise Desbiens qui travaille au chic restaurant Carte Noire, dirigé par le chef Guido Botterini. Attendez-vous à ce que Louise reprenne du service… avec la détermination qu’on lui connaît!

Au début du roman, il y a une multitude de personnages qui se croisent sans liens apparents. Ça prend un peu de temps avant que tout ne s’emboîte et qu’on réussisse à démêler les membres de la dangereuse famiglia Secatto, de Venise. L’action se passe cependant presque entièrement à Montréal.

Alberto Secatto, surnommé le Mammouth en raison de son excès de poids, est un homme paranoïaque; il voit partout la trahison. «Cela faisait partie de son boulot de se méfier de tout, de tous, tout le temps.» Il n’hésite pas à tuer son frère Livio, père de Rafaele qui ne croit pas que les liens familiaux garantissent la loyauté. «Dès qu’il aurait trouvé comment exécuter Alberto sans être accusé, il le tuerait.»

On sait déjà que Louise Desbiens aime les chats – elle en a trois – et qu’elle déteste se mêler de la vie privée des gens. Il arrive parfois que de fâcheux événements la contraignent d’«éliminer» quelqu’un du paysage. «Sans laisser de traces. Et surtout, sans nuire à Carte Noire.»

Guido, le chef du restaurant, est habitué au sang-froid de Louise; «on ne l’avait pas surnommée la Princesse des glaces sans raison».

Puis entre en scène Violette Cartier, une femme qui n’hésite pas à «délivrer» les chats de la famine, des mauvaises rencontres, des maladies et des maîtres négligents. Infirmière à domicile, elle rend visite à des gens âgés et décide du meilleur moment pour les faire disparaître. Lorsqu’elle passe à l’action, Violette ressent «une immense satisfaction à être cet ange salvateur».

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Juste avec Alberto, Louise et Violette, vous voyez déjà pourquoi le roman s’intitule La mort mène le bal. Un autre titre aurait pu être L’arme est le tire-bouchon, car il se boit une quantité phénoménale d’alcool dans ce roman, surtout des vins de choix – Barolo, Lacryma Christi, Negroni, Barbaresco, Cerasuolo d’Abruzzo – et le scotch hors d’âge Bowmore.

Le champagne est toujours bon. Comme disait Napoléon, «dans la victoire, je le mérite, dans la défaite, j’en ai besoin». Aussi, Chrystine Brouillet sert-elle, entre autres, des coupes de Bollinger, Dom Ruinart, Deutz ou Taittinger. Ce dernier accompagne «des escargots servis sur des cannellonis fourrés d’un flan de cresson. La sauce faite avec un fond de veau et du pinot noir allait trouver son écho dans l’assemblage du champagne où il n’y avait que 30% de chardonnay.»

La romancière truffe parfois son récit de références classiques. L’Hydre de Lerne est un bel exemple. Après la mort d’un mafioso, un personnage compare les éventuels successeurs à l’Hydre aux neuf têtes, que devait anéantir Hercule dans le cadre de ses douze travaux. «Chaque fois qu’il coupait une tête, deux autres repoussaient.»

L’auteure écrit qu’«il n’y avait pas de hasards avec des hommes aussi bien organisés que les criminels de la race de Secatto». Peut-être pas de hasards, mais nombreux sont les rebondissements sanglants dans cette intrigue qui apporte une nouvelle touche d’humour noir à l’œuvre de Chrystine Brouillet.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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