L’exercice illégal de la profession d’avocat

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Publié 04/11/2008 par Gérard Lévesque

«Parce qu’il m’avait affirmé qu’il pouvait prêter cet argent et le faire fructifier, j’ai confié le produit de la vente de mon condominium à Montréal à un avocat qui réside à Cornwall, en Ontario. Mais, maintenant, il refuse de me rendre compte de cet argent!»

Lorsqu’une francophone est venue me consulter avec ce problème, je lui ai dit que, si cet individu est un avocat, le dossier sera vite réglé car les professionnels du droit sont régis par un code de déontologie.

La carte d’affaires que l’individu avait remise à cette dame indiquait Barrister and Solicitor. J’ai alors vérifié dans les listes des avocats de l’Ontario et du Québec: son nom n’y apparaissait pas! La dame était une des victimes de ce fraudeur.

J’ai donc alerté la police de Cornwall; en juin dernier, l’individu a été accusé de fraude. Un juge pourrait éventuellement émettre une ordonnance de restitution aux victimes.

Quiconque se dit avocat laisse entendre qu’il est avocat ou pose les gestes professionnels de l’avocat sans en être véritablement un ou s’il est un avocat radié, peut être poursuivi par l’Ordre professionnel des avocats (le Barreau), pour exercice illégal ou usurpation du titre d’avocat, ceci afin de protéger le public.

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N’est pas toujours avocat qui le prétend! La profession d’avocat exige un parcours académique et pratique rigoureux. En premier lieu, il est nécessaire de compléter un baccalauréat en droit, puis de s’inscrire à l’École du Barreau pour recevoir une formation professionnelle axée sur la pratique du droit. À l’École du Barreau, le futur avocat apprend d’avocats praticiens du droit à rédiger des documents juridiques, à négocier, à préparer ses dossiers pour le tribunal, à plaider et à gérer ses relations avec ses clients. Il doit ensuite réussir une série d’examens et compléter un stage en milieu de travail. Une fois ces étapes franchies, l’étudiant est assermenté.

Lorsque vous confiez un mandat à un avocat en règle, vous êtes assuré d’être mieux servi et mieux protégé. En effet, faire affaire avec un avocat, c’est bénéficier des judicieux conseils d’un professionnel dont l’exercice de la profession est surveillé par l’Ordre professionnel des avocats; d’un professionnel dûment formé et compétent, qui a à cœur de mettre à jour ses compétences; d’un professionnel dont les activités sont inspectées régulièrement; d’un professionnel tenu de respecter un code de déontologie rigoureux; d’un membre du Barreau tenu au secret professionnel qui défend les meilleurs intérêts de son client; d’un professionnel protégé contre les fautes professionnelles par un fonds d’assurance responsabilité.

Chaque année, le Barreau de chaque province reçoit un nombre croissant de plaintes contre de prétendus avocats, des personnes qui se présentent devant leurs clients comme des membres en règle du Barreau, mais qui, dans les faits, pratiquent illégalement la profession. Avant de confier un mandat à un avocat, il est toujours conseillé de vous assurer que cette personne est inscrite au Tableau de l’Ordre du Barreau de la province et est donc un véritable avocat en règle.

Cette vérification simple et gratuite peut vous sauver temps, argent et, surtout, de multiples ennuis. Pour vérifier si vous faites véritablement affaire avec un avocat, vous pouvez consulter le répertoire des membres. Au Canada, les professions relèvent des provinces. Vous devez donc consulter le répertoire de l’Ordre des avocats qui a le mandat pour la province ou le territoire en question. En Ontario, le public a accès à ce répertoire seulement dans la section anglaise du site Internet pourtant bilingue du Barreau du Haut-Canada. Comme le Barreau gouverne la profession juridique dans l’intérêt du public, je présume que c’est un problème informatique temporaire qui explique cette différence entre les services offerts aux consommateurs francophones et ceux offerts aux consommateurs anglophones.

La profession juridique est régie par les lois et règlements de l’ordre professionnel de juristes dont le juriste est membre. Chaque ordre professionnel de juristes est établi par une loi adoptée par l’assemblée législative de sa province ou de son territoire. Il y a dans chaque province et territoire un ordre professionnel qui régit la profession juridique.

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Au Québec, il y a deux ordres professionnels de juristes, conformément à la tradition civiliste française qui caractérise cette province: la Chambre des notaires du Québec régit la profession notariale tandis que le Barreau du Québec régit les avocats.

Voici les sites Internet des ordres professionnels de juristes qui diffusent de l’information en français: Barreau du Haut-Canada (www.lsuc.on.ca), Barreau du Nouveau-Brunswick (www.lawsociety-barreau.nb.ca), Barreau du Québec (www.barreau.qc.ca) et Chambre des notaires du Québec (www.cdnq.org).

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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