Le Venezuela aux urnes le 14 avril

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Publié 06/03/2013 par Paul Haven et E. Eduardo Castillo (The Associated Press)

à 22h45 HNE, le 9 mars 2013.

CARACAS, Venezuela – Les Vénézuéliens retourneront aux urnes le 14 avril pour choisir un successeur à Hugo Chavez, a annoncé samedi la commission électorale, alors qu’une rhétorique politique de plus en plus virulente continue de circuler dans le pays polarisé.

La constitution du pays sud-américain exige qu’un scrutin soit organisé dans les 30 jours suivant le décès de M. Chavez, survenu le 5 mars, mais la date choisie ne se situe pas à l’intérieur cette période. Des détracteurs du gouvernement socialiste décrient déjà ce qu’ils considèrent comme une violation de la constitution, soit l’assermentation du vice-président Nicolas Maduro, vendredi soir, comme président intérimaire.

Certaines personnes ont émis l’hypothèse que le Venezuela ne serait pas prêt à temps pour organiser le vote, mais la responsable électorale Tibisay Lucena a assuré que le système de scrutin électronique du pays était fin prêt.

Mme Lucena a annoncé la date sur les ondes de la télévision d’État, apparaissant en mortaise alors que l’image principale montrait des gens défilant devant le cercueil de M. Chavez à l’académie militaire de Caracas, où son corps est exposé depuis mercredi.

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Les funérailles passionnées de vendredi ont parfois eu l’air d’un rassemblement politique pour son successeur désigné, M. Maduro, qui a fait son éloge funèbre en vouant fidélité éternelle au défunt président et s’engageant à ce que le mouvement de M. Chavez ne soit jamais vaincu. M. Maduro devrait devenir le prochain candidat du parti socialiste de M. Chavez.

Ramon Guillermo Aveledo, coordonnateur de la coalition de l’opposition, a immédiatement donné suite à l’annonce électorale en offrant l’appui de son bloc à Henrique Capriles, le gouverneur de l’État de Miranda qui a perdu contre M. Chavez en octobre.

Lors de son discours après son assermentation, M. Maduro s’en est pris aux États-Unis, aux médias, au capitaliste international et aux opposants nationaux qu’il dépeint souvent comme des fourbes. Il s’est réclamé de l’appui de l’armée, y faisant référence comme aux «forces armées de Chavez», malgré l’interdiction constitutionnelle, pour l’armée, de prendre parti en politique.

L’opposition a dénoncé ce qu’elle considère comme une prise de pouvoir anticonstitutionnelle, et M. Capriles a indiqué que sa faction étudiait une stratégie pour l’élection, qui sera tenue dans l’ombre des efforts gouvernementaux visant à immortaliser Hugo Chavez. Depuis sa mort, l’ex-président a été comparé à Jésus Christ et au libérateur vénézuélien Simon Bolivar, et le gouvernement a annoncé que son corps serait embaumé et exposé de façon permanente.

Des observateurs de sont inquiétés de la division politique grandissante entre la moitié de la population en pleine phase d’adulation, et l’autre se sentant ciblée.

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Funérailles grandioses

Le président Hugo Chavez a été glorifié en tant que réincarnation moderne du libérateur latino-américain Simon Bolivar et disciple de Fidel Castro lors de ses funérailles d’État vendredi, auxquelles ont assisté de nombreux dignitaires étrangers.

Le successeur désigné de M. Chavez, le vice-président Nicolas Maduro, a prononcé l’éloge funèbre dans l’académie militaire où le corps est exposé, sa voix résonnant sur le cercueil recouvert du drapeau national alors qu’il lui jurait sa fidélité éternelle.

«Commandant, tes hommes sont ici debout devant toi», a-t-il lancé, alors que les responsables de gouvernement se levaient derrière lui. «Tes hommes et tes femmes (…) te seront fidèles au-delà de la mort.»

«Chavez est vivant!», a-t-il ajouté. «Mission accomplie!»

Mais l’ambiance n’était pas seulement à la paix et à l’harmonie dans un pays profondément divisé après 14 années de pouvoir d’Hugo Chavez. La coalition de l’opposition a annoncé qu’elle boycotterait la cérémonie d’investiture de M. Maduro qui a eu lieu plus tard vendredi.

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La Cour suprême vénézuélienne a statué vendredi que Nicolas Maduro était devenu président par intérim dès la mort de M. Chavez et qu’il pouvait se présenter aux prochaines élections sans devoir démissionner au préalable.

La Constitution interdit aux vice-présidents en exercice de se porter candidats à la présidence. Le leader de l’opposition, Henrique Capriles, a qualifié la décision de «fraude».

Les funérailles ont commencé par l’hymne national chanté par l’orchestre des jeunes du Venezuela, mené par le célèbre chef Gustavo Dudamel.

À l’extérieur, les rues avaient pris des airs de carnaval, avec des fanfares militaires qui jouaient des hymnes et des milliers de partisans vêtus de rouge, la couleur du parti socialiste d’Hugo Chavez. Des commerçants vendaient des répliques en papier de l’écharpe présidentielle, que plusieurs citoyens ont placée sur leur épaule.

Une foule immense a assisté à la cérémonie diffusée sur des écrans géants sous un soleil de plomb. Des citoyens venus rendre hommage à leur président étaient alignés sur plus de deux kilomètres, mais la file a cessé d’avancer au début de la cérémonie.

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Dans l’académie militaire, plus de 30 dirigeants étrangers, dont le président cubain Raul Castro, le prince héritier d’Espagne, Felipe de Borbon, et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, se tenaient au garde-à-vous devant le cercueil.

«C’est une grande douleur pour nous parce que nous avons perdu un ami», a déclaré le président iranien à son arrivée à l’aéroport, la veille. «Je suis sûr que Chavez est toujours vivant. Chavez ne mourra jamais. Son âme et son esprit vivent dans chacun de nos coeurs.»

Le gouvernement vénézuélien a annoncé jeudi que le corps d’Hugo Chavez serait exposé de façon permanente au Musée de la révolution de Caracas.

De nombreux Vénézuéliens, en particulier les partisans de Chavez, se sont laissés entraîner par le faste des derniers jours et se sont dits flattés de faire l’objet d’une attention internationale.

«C’est historique. (…) Je n’ai rien vu de tel dans ma vie», a déclaré Edila Ojeda, un concierge âgé de 57 ans. «Il était un leader international reconnu dans le monde. C’est impressionnant. Je suis sans voix.»

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Mais d’autres se sont dits déçus par ce qu’ils estiment être des excès, en particulier la décision d’exposer le corps d’Hugo Chavez pour l’éternité.

«Il était président, mais je ne dirais pas qu’il était bon. Ce n’était pas un héros», a déclaré Gloria Ocampos, une gestionnaire retraitée. «Il devrait être enterré comme n’importe quel autre président. Ils le traitent comme s’il était le père de la nation. C’est ridicule.»

Hugo Chavez était particulièrement apprécié par les pauvres, dont il s’était fait le défenseur. Mais les critiques soulignent qu’il a laissé à ses successeurs une tâche monumentale, avec une inflation annuelle de plus de 20 pour cent et une dette publique qui a quadruplé, à plus de 100 milliards $ US. La criminalité reste très répandue et les infrastructures se dégradent, particulièrement dans le secteur pétrolier.

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