Le retour de la dictée

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Publié 28/06/2016 par Martin Francoeur

Vous êtes des nostalgiques de la dictée ? Vous étiez des habitués des championnats d’orthographe de Bernard Pivot ou de la Dictée des Amériques ? Eh bien, réjouissez-vous ! C’est le retour de la dictée ! L’occasion de mettre à l’épreuve vos connaissances orthographiques et grammaticales !

Ça fait maintenant quelques fois que je vous convie à ce jeu de la dictée truffée d’erreurs. À quelques reprises, je vous ai proposé un petit exercice inspiré d’une dictée. S’il m’est arrivé d’utiliser les dictées imposées aux participants dans le cadre de concours célèbres, les plus récents exercices du genre sont faits à partir de dictées que j’ai humblement rédigées.

On m’a récemment demandé, pour une quatrième année consécutive, de pondre une petite dictée pour un concours qui se déroulait dans le cadre du Salon du livre de Trois-Rivières. Le rendez-vous est toujours une occasion de s’amuser. Bien sûr, la dictée est difficile. C’est un concours. Mais les participants – il y a souvent des habitués qui reviennent année après année – adorent cet exerice puisque c’est une occasion non seulement de mesurer leur maîtrise de la langue française, mais aussi et surtout, de découvrir plusieurs de ses subtilités ou de ses mots parfois complexes.

Le Salon, cette année, avait pour thème «Prendre racine», un thème sur lequel je me suis basé pour rédiger la dictée.

Puisqu’il m’est impossible de vous faire subir l’épreuve traditionnelle de la dictée, je reproduis ici le texte en prenant soin d’ajouter vingt fautes. Le but du jeu est de les repérer. Dans ma prochaine chronique, je vous guiderai dans la correction.

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Voici donc le texte de la dictée, volontairement truffé de vingt erreurs.

* * *

Prendre racine

Voilà certainement un thème intéressant pour un salon du livre. Mais de quelles racines parle-t-on?

Sont-ce celles des végétaux? Les petites racines des ancolies, des coquelicots ou celles des arbrisseaux? Ou celles, plus grosses, par lesquelles se nourrissent les cyprès, les sapins beaumiers, les thuyas et tutti quanti? Sont-ce encore les racines comestibles comme le rutabaga ou le taupinambour?

À moins qu’il s’agisse plutôt des racines éthymologiques. Celles qui donnent parfois du fil à retordre par leur graphie étrange, surtout lorsqu’elles sont grecques ou latines. Tant de suffixes incongrus et de morphèmes bizarres ont des racines empruntées aux Hélènes et aux Romains.

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Peut-être est-ce à l’arythmétique qu’on s’intéresse? Là, les racines sont carrées ou cubiques, accompagnées de radicaux et de radiquandes. Mais quelles qu’intéressantes qu’elles puissent paraître, ce n’est sans doute pas de ces racines dont on parle dans un salon du livre.

Évoquerait-t-on plutôt les racines d’une personne? L’éventail d’arrières-grands-parents que l’on retrouve dans un arbre généalogique? Les aïeules qui nous ont vus naître et que l’on a peut-être vues inhumer ou ensevelir et qui, encore aujourd’hui, mangent les pissenlits ou les dandelions par la racine?

Mais alors, si on ne parle ni des rizomes ni des mycéliums, de quoi diable peut-il être question dans ce leitmotiv aussi large que sybillin? On ne parle tout de même pas de Racine dans le Wisconsin, tudieu!

Ah! Ça y est! On parle peut-être de Racine lui-même. Ou peut-être pas, parce qu’encore eût-il fallut qu’on croisât Phèdre, Mithridate, Britannicus ou Iphygénie dans les couloirs ou autour des échopes achalandés des libraires. Trêve d’élucubrations, on s’épivarde!

«Prendre racine», c’est s’ancrer dans un univers. Littéralement, c’est s’attarder quelque part, sans manifester l’intention de partir. Et cette amphigourie nous démontre que quand cet univers est celui des mots et des livres, toutes les fantaisies deviennent possible.

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Fin de la dictée

* * *

Voilà. N’oubliez pas qu’il arrive, dans notre merveilleuse langue française, que différentes graphies soient acceptées pour certains mots. Notez également que la dictée ne tient pas compte de l’orthographe rectifiée.

Je me dois aussi de mentionner qu’il ne s’agit pas d’un concours. Simplement d’un petit exercice qui vous permettra de mesurer vos connaissances en français. Il n’y a donc malheureusement pas de prix à gagner. Seulement un peu de fierté et aussi, je l’espère, le sentiment d’avoir appris quelque chose.

Et je vous préviens : la dictée est de niveau compétition. Ne vous étonnez pas si vous ne parvenez pas à trouver les vingt erreurs. Et si jamais vous y parvenez, posez-vous la question à savoir combien de fautes vous auriez eues si vous aviez pris part à une véritable dictée avec ce texte à l’honneur.

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Et n’oubliez pas d’être honnêtes…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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