Manque d’accompagnement des immigrantes violentées dans les pays en guerre

Rapport OASIS
Ghislaine Sirois (2e) a animé la réunion, en compagnie de représentants des organismes La Maison, Action Positive et le Collège Boréal. À la tribune: Dada Gasirabo, directrice générale d'Oasis.
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Publié 25/06/2018 par Mathieu Guilleminot

On manque de moyens pour bien prendre en charge les immigrantes qui proviennent de pays en guerre, où elles ont été victimes de violences sexuelles, voire de tortures.

C’est ce qu’indique le rapport de trois chercheuse – Ghislaine Sirois, Marie-Luce Garceau et Marie-Philippe Lemoine – pour l’organisme torontois Oasis Centre des femmes. Il est daté du 23 janvier mais ses conclusions ont fait l’objet d’une présentation le 19 juin au Collège Boréal au cours d’un événement intitulé Des femmes honorables.

Ghislaine Sirois, qui a été directrice générale d’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes pendant 20 ans (jusqu’en 2012), a travaillé sur ce rapport pendant deux ans. Il pointe un manque de moyens et de professionnels qui permettraient à ces femmes de guérir.

On veut pas «revictimiser»

«Il faut supprimer les barrières pour permettre aux femmes de pays en conflit de venir se réfugier dans un pays en paix», estime Mme Sirois. Un interrogatoire serré de la part d’agents d’immigration, par exemple, peut effrayer les victimes de violences sexuelles. On ne veut pas les «revictimiser».

«Nous avons également besoin de nouveaux moyens pour former les intervenants auprès de ces femmes: nous avons un personnel engagé et motiver, mais qui manque de formation.»

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«Grâce à une meilleure formation, nous pourrions agir plus efficacement, et nous libérer de certaines contraintes de rentabilité», complète Ghislaine Sirois. «Nous commençons déjà à mettre des initiatives en place, notamment à Oasis qui va prochainement organiser des ateliers pour permettre aux femmes victimes de violences sexuelles de se rencontrer et d’échanger.»

Le viol est une arme de guerre, rappelle Ghislaine Sirois. «Une femme pourra se faire violer sous prétexte qu’elle est dans le camp ennemi.» Congo, Soudan, Mali, Somalie, Syrie, Irak, Afghanistan, Myanmar et plusieurs autres pays sont épinglés.

Le rapport propose d’ailleurs que l’aide ou l’intervention canadienne dans les pays où sévissent des conflits armées tienne compte de la réalité des femmes et permettent de poursuivre leurs agresseurs.

Rapport OASIS
Edwige Ngom, d’Oasis, a lu plusieurs témoignages.

La parole aux femmes

Pendant la phase de recherche, l’accent a été mis sur la participation des femmes concernées.

«Notre objectif était de leur donner la parole. Nous avons commencé à faire des entretiens individuels, puis en groupe. Au final, nous avons pu parler avec 9 femmes lors des séances individuelles et 16 en séances de groupe.»

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Le rapport de 170 pages – qui sera bientôt accessible sur le site internet d’Oasis – contient un grand nombre de citations des femmes qui ont accepté de témoigner.

«Prendre la parole est un exercice très difficile pour ces femmes», explique la chercheuse. Honte, désemparement, manque d’accès à l’information sont des causes de leur silence.

Oasis veut permettre aux femmes de se doter des informations nécessaires à leur prise de paroles. «La plupart du temps, les femmes n’ont pas accès à l’information qui pourrait leur permettre de guérir. En publiant le rapport, nous voulons commencer à corriger cela.»

Lecture et théâtre

Pour lui donner plus de poids, plusieurs témoignages de femmes ayant subi des violences au cours de conflits armés ont été lus à la rencontre du 19 juin, et même joués par la compagnie de théâtre Ekin.

«Cela nous permet de récupérer certaines paroles et pensées, et de leur donner un sens», explique l’une des membres de la troupe.

Rapport OASIS
Les membres de la troupe de théâtre Ekin ont mis en scène plusieurs témoignages de femmes ayant subis des violences sexuelles au cours de conflits armés.

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