Vichy, la ville qui soigne, est sur le point de guérir

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Publié 10/04/2007 par Jacqueline Swartz

Qu’est-ce que le mot Vichy évoque pour vous? Pour certains, Vichy évoque les années noires de la Seconde Guerre mondiale, alors que le gouvernement fantoche du maréchal Pétain fixait sa capitale dans ce qui était une chic ville d’eau. Pour d’autres, Vichy évoque une gamme de soins de la peau. Le dictionnaire Larousse décrit d’ailleurs les deux sens.

Quoi qu’il en soit, le sens le plus durable du mot Vichy demeure ses sources souterraines d’eau minérale qui coulent de l’Auvergne toute proche et émergent à l’endroit que les Romains du IIIe siècle nommaient Vipiacus.

Vichy est aujourd’hui une ville qui scintille de beauté comme un coffre à bijoux. Les édifices de la Belle Époque se déclinent en styles byzantin, maure, vénitien et néo-gothique.

La ville est axée autour du Hall des Sources, où six sources coulent dans des champelures gratuites pour tous. Des curistes viennent à Vichy armés de prescriptions, et ils y restent trois semaines.

Ce sont toutefois les spas qui attirent maintenant la plupart des visiteurs. Le spa restauré de style fin-de-siècle, en forme de dôme, apparaît comme un rêve de splendeur orientale; jouisseurs et curistes peuvent se faire tremper dans une piscine d’eau minérale chaude et bleutée.

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Le nouveau programme Maigrir à Vichy, inauguré en octobre dernier, se lance à l’assaut de l’obésité, armé de médecins, de diététiciens et d’entraîneurs personnels. D’autres armes de réduction massive sont constituées de cours de cuisine donnés par un chef connu pour sa maîtrise de la cuisine légère, et par des thérapies de groupes menées par un psychologue.

Ce programme, qui implique 11 hôtels, plusieurs restaurants et trois spas, vise à faire de Vichy la capitale européenne de la perte de poids. Le but est atteignable, car Vichy présente tant de ressources dans un si joli périmètre à explorer à pied.

Une autre partie de l’histoire de Vichy est tournée, non vers un avenir rosé, mais plutôt vers un passé entaché. Alors qu’elle m’exfoliait au sel de mer dans le Spa les Celestins – un des plus grands d’Europe avec ses trois étages – ma masso-thérapeute trentenaire s’ouvre. Elle me dit que les Français en veulent encore à Vichy; ils blâment ses résidents et leur honteux passé de collaboration avec les nazis. Même après 60 ans, elle semblait mettre du sel dans ses propres blessures.

Oui, elle avait raison: nombre de Français évitent vraiment Vichy, un endroit qu’ils croient vieux et triste. Ceux qui viennent sont des curieux. Il y a beaucoup à visiter – architecture, stations thermales, l’Opéra restaurée – mais la tournée la plus populaire demeure, et de loin, celles de ces années noires.

Comme à la blague, je suggère au dynamique patron de l’office de tourisme de Vichy, Jérôme Joannet, de bâtir une sorte de musée de la collaboration. Il prouverait que Vichy a fait face à son passé. Apparemment, je n’étais pas la première à y penser. Les gens de Vichy veulent un musée, disait M. Joannet, et ce sera un dossier chaud durant les élections municipales prévues en 2007.

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Les gens viennent à Vichy pour guérir dans les stations thermales; peut-être qu’un musée pourrait servir à guérir les maux du passé.

Traduit de l’anglais par Benoit Legault.

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