Une taxe sur le carbone? Tout le monde en parle!

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Publié 20/05/2008 par Bruce Cheadle (La Presse canadienne)

OTTAWA – Selon des experts, une taxe sur le carbone qui provoquerait une hausse des prix de l’essence n’aurait aucune influence sur la consommation personnelle d’essence, mais pourrait pousser les entreprises à modifier leurs comportements.

Alors que les Libéraux fédéraux évoquent l’idée de faire de la taxe du carbone le pivot de leur prochaine campagne électorale, plusieurs, au sein même du parti, craignent une révolte des électeurs. Pourtant, les experts affirment que même si les hausses fulgurantes des prix de l’essence sont au coeur de bien des discussions, elles n’empêchent pas les conducteurs canadiens d’utiliser leur voiture.

En 2007, alors que les prix de l’essence ont dépassé 1 $ le litre pour la première fois, les ventes ont dépassé celles de 2006 par 3,8 pour cent. La hausse annuelle avait été de 1,5 pour cent en moyenne les 10 années précédentes.

En janvier et février de cette année, les ventes d’essence étaient en hausse de 2,8 pour cent comparé à l’année précédente, selon Statistique Canada. En mars, elles étaient en hausse de 0,3 pour cent.

Le vice-président aux affaires publiques de l’Association canadienne des automobilistes, Chris White, a révélé que le nombre de conducteurs ayant approché l’association pour des conseils dans la planification d’un voyage a augmenté ce printemps, comparé à 2007.

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La taxe du carbone et les hausses des prix de l’essence qu’elle entraînera devraient affecter les industries plus durement que les individus. Matthew Bramley, de l’Institut Pembina, croit qu’une taxe du carbone influencera certainement la prise de décisions dans les entreprises, où même une petite hausse des coûts peut provoquer l’adoption rapide de solutions énergétiques plus propres.

Joe D’Cruz, un expert de l’école de gestion Rotman de Toronto, croit toutefois que la taxe du carbone influencera le comportement des individus en les rendant plus conscients de leur «empreinte écologique».

Une élection sur le carbone?

Stéphane Dion s’est dit prêt à se battre en élections pour un Canada «plus riche, plus vert et plus juste», et croit que les Canadiens sont prêts à soutenir une taxe sur les émissions de carbone. Plusieurs personnes, dont des Libéraux, ont critiqué le projet de taxe qui doit être dévoilé le mois prochain, affirmant qu’il est difficile à comprendre, dispendieux, et risqué sur le plan politique.

Le chef libéral a toutefois affirmé jeudi, devant des gens d’affaires de Toronto, que le pays a besoin de changements audacieux pour s’adapter au réchauffement climatique et à la hausse des prix des carburants. Il a salué l’initiative de la Colombie-Britannique, qui imposera une taxe du carbone cet été. Il a aussi souligné les efforts du Québec, dont la taxe du carbone, mise en place l’automne dernier, permet d’injecter des fonds dans des technologies vertes.

Taxe réinvestie par l’industrie?

L’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) penche en faveur d’une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) résultant de l’exploitation des sables bitumineux, à la condition que les fonds recueillis soient réinvestis dans le développement de nouvelles technologies ou de nouveaux projets de l’industrie pétrolière.

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«Dans notre secteur, la discussion est de plus en plus la suivante: est-ce qu’une taxe sur le carbone, imposée autant aux consommateurs qu’aux industries, n’est pas la meilleure avenue, à condition que les paiements de l’industrie aillent dans un fonds de développement des technologies ou de nouveaux projets», a indiqué le président de l’ACPP, Pierre Alvarez, mercredi dernier, devant une centaine de membres du Conseil des relations internationales de Montréal.

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