Une future galerie au ROM pour raconter la vie avant les dinosaures

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Publié 15/03/2016 par Harriet Vince

Tenant à rappeler au public du Musée Royal de l’Ontario que l’histoire est bien plus ancienne que celle des dinosaures, un projet de galerie permanente a été crée pour parler de la vie dans ses premières 4 milliards d’années.

«On a pas encore de date, on recherche actuellement entre 8 et 10 millions $ pour financer ce projet», explique à L’Express le paléontologue des invertébrés du Musée Royal de l’Ontario, le Français Jean-Bernard Caron.

«Cela fait depuis le mois de septembre de l’année dernière qu’on a ouvert une galerie qui donne un aperçu de ce ça pourrait être (rom.on.ca/aubedelavie). C’est important pour le ROM, car il y a beaucoup de sites canadiens qui appartiennent au patrimoine mondial et que les gens ne connaissent pas.»

Depuis 2006, il est conservateur des invertébrés au département d’histoire naturelle du ROM, en même temps que professeur affilié à l’Université de Toronto au département d’écologie et d’évolution et des sciences de la terre.

Essentiels pour comprendre nos origines, «les fossiles et la paléontologie nous donnent un témoignage de la vie, du fait que nous faisons parti d’un tout qui est fragile. On a une histoire commune avec tout ce qui est vivant autour de nous.»

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«On ne s’en rend pas bien compte, alors qu’on est juste l’un des maillons de cette histoire. On ne peut pas comprendre la vie sans comprendre le reste de l’histoire de la vie.»

Jeune passion

Né à Paris, Jean-Bernard Caron a passé sa jeunesse à Clermont-Ferrand. Il raconte que son engouement pour les fossiles a commencé dès ses 10 ans. «Je passais mes vacances chez mes grands-parents dans l’Aveyron où il y a des fossiles. Ça m’a intéressé, j’ai commencé une collection et participé à des chantiers de fouilles durant mon adolescence.»

«Je me rappelle que j’étais allé voir Philippe Taquet, un spécialiste des dinosaures au Musée des histoires naturelles à Paris avant mes 18 ans. Cette rencontre m’a vraiment marqué et aiguillé sur le parcours que je devais suivre», nous a-t-il raconté.

«La paléontologie est un peu la frontière entre la géologie et la biologie», nous a expliqué ce spécialiste.

Les schistes de Burgess

Spécialisé dans les schistes de Burgess, dans le parc national Yoho des Rocheuses à la frontière de la Colombie-Britannique et de l’Alberta, il raconte que «ce qui est exceptionnel avec ces fossiles, trouvés en 1909 en Colombie-Britannique, est qu’ils ont environ 508 millions d’années et la préservation de parties molles d’organismes qui normalement ne se fossilisent pas, comme par exemple les yeux, l’estomac. La plupart des fossiles que l’on trouve actuellement sont des coquilles de mollusques.»

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«Avant de venir au Canada, j’avais entendu parlé des Schistes de Burgess, j’avais des connaissances basiques, mais en Europe, on ne trouve pas ce genre de fossiles. J’avais lu le livre La vie est belle de S. J. Gould qui m’a aiguillé. J’ai alors contacté mon prédécesseur Desmond Collins, alors conservateur de la section de la paléontologie des invertébrés du Musée royal d’Ontario.»

«Je suis venu en 1998 pour la première fois en tant que fouilleur bénévole pour le Musée Royal d’Ontario en Colombie Britannique pour les schistes de Burgess. Ça m’a enchanté, alors je suis revenu les étés consécutifs. Entre 2000 et 2004, j’ai entamé une thèse à Toronto pour comprendre comment la faune de Burgess évolue dans le temps, j’ai étudié 70 000 spécimens.»

Toujours sujet à nombreux débats quant à sa préservation, «on pense que ces organismes ont été enfouis très rapidement dans des coulées de boue sous-marine, car ce sont des animaux sous-marins», précise Jean-Bernard Caron. «Il y a sans doute des conditions chimiques qui auraient participé à la préservation, c’est-à-dire une consolidation de la surface de la coulée de boue très rapide qui a empêché la diffusion de l’oxygène, de l’eau».


Préservation exceptionnelle

L’importance de la faune de Burgess est sans précédent puisqu’elle permet de donner des précisions essentielles sur l’origine des animaux.

«Cela nous donne une vision hallucinante, voire moderne, car pour l’étudier, je peux utiliser des outils et les mêmes méthodes que les biologistes utilisent pour la faune actuelle, tellement que la préservation est exceptionnelle. On a trouvé un fossile de poisson qui est le poisson le plus primitif que l’on connaisse du monde entier et c’est d’un organisme comme ça que tous les vertébrés ont évolués.»

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Toutefois, beaucoup de travail demeure nous a rappelé le paléontologue. «On continue l’exploration actuellement pour trouver de nouveaux sites et de nouvelles espèces qui nous permettrait d’avoir une meilleure idée de cet écosystème à l’échelle locale et régionale.»

D’où l’importance de cette future galerie où des animations numériques seraient présentées au public pour mieux comprendre à quoi ressemblaient les écosystèmes de Burgess.

«Une partie de ma recherche se fait ici dans les collections, mais l’été je fais souvent des expéditions dans les montagnes rocheuses pour trouver de nouveaux sites. En 2012, on a trouvé un site très important qui s’appelle Marble Canyon à 40 kilomètres au sud du Parc Yoho.»

La vie est tenace

Pour lui, l’importance de la paléontologie est qu’elle rappelle la notion du temps que les hommes ont tendance à oublier.

«L’autre leçon des fossiles est que la vie est tenace, car malgré les périodes d’extinction massive, la planète s’est repeuplée.»

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«Ce témoignage des fossiles et l’information qu’ils peuvent nous donner sur la résurgence de la vie après des extinctions massives permet d’avoir une dimension importante dans le cadre des débats sur la perte d’espèces qui sont due aux activités humaines.»

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