Un seul traitement de la maladie cœliaque: pas de gluten

Ce n’est pas un traitement à prendre à la légère
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Publié 06/06/2018 par Ève Beaudin

L’intolérance au gluten fait beaucoup parler d’elle, mais la maladie cœliaque, beaucoup moins. Pourtant, cette dernière est une affection médicale grave, susceptible d’entraîner des dommages irréversibles et contre laquelle l’élimination du gluten est le seul traitement connu.

Grave et rare

Selon les estimations, environ 1% de la population canadienne serait cœliaque. Cette affection génétique auto-immune et non réversible est déclenchée par la consommation de grains contenant du gluten.

En bref, le système immunitaire d’une personne atteinte réagit négativement à la présence de gluten dans l’alimentation et attaque la paroi intérieure de l’intestin grêle, diminuant ainsi l’absorption de certains nutriments, dont le fer, l’acide folique, le calcium, la vitamine D, les protéines et les graisses.

Sans traitement, cette maladie augmente notamment le risque de développer de l’ostéoporose, de l’anémie, des problèmes neurologiques et un retard de croissance chez les enfants.

Régime sans gluten

À ce jour, il n’y a pas de médicaments contre la maladie cœliaque et le seul traitement disponible consiste à éliminer les grains contenant du gluten (seigle, avoine, blé, orge, triticale) de l’alimentation, ainsi que les produits alimentaires qui en contiennent (soupes, sauces, charcuteries, plats cuisinés, etc.).

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Ce régime restrictif doit être suivi à vie afin de prévenir les symptômes et les complications à long terme.

Ce n’est pas un traitement à prendre à la légère, puisque la consommation d’à peine 20 parties par millions de gluten — soit l’équivalent de la pointe d’un stylo — est suffisante pour entraîner des dommages irréversibles à l’intestin chez les personnes cœliaques.

Intolérance ≠ maladie

Selon différentes estimations, entre 1 et 6% de la population souffrirait d’intolérance au gluten. Comme la maladie cœliaque, cette intolérance est une réaction au gluten qui peut entraîner des symptômes gastro-intestinaux (maux de ventre, diarrhées, constipation, etc.).

Toutefois, l’intolérance au gluten — appelée dans la littérature scientifique sensibilité au gluten — n’entraîne pas de dommages irréversibles à l’intestin ni de complications médicales à long terme.

À l’heure actuelle, il s’agit d’une condition encore mal définie et des études seront nécessaires pour mieux cerner ses causes et ses traitements.

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Pas bon pour tout le monde

Le Collège des médecins et l’Ordre professionnel des diététistes du Québec ne recommande pas l’adoption d’un régime sans gluten à ceux qui ne souffrent pas de la maladie cœliaque ou de sensibilité au gluten.

Ce régime très restrictif, suivi sans la supervision d’un spécialiste, pourrait entraîner de graves carences alimentaires. C’est pourquoi il devrait être adopté uniquement par ceux dont la condition médicale nécessite l’élimination complète du gluten, ce qui s’avère complexe.

Qui plus est, les personnes qui pensent souffrir de maladie cœliaque et qui adoptent un régime sans gluten avant de recevoir un diagnostic risquent de rendre le dépistage de la maladie encore plus difficile.

En effet, la première étape du diagnostic consiste à faire un test sanguin qui établit la présence d’anticorps réagissant au gluten dans le sang. Sans consommation de gluten, le test sanguin se révélera négatif.

Éliminer le gluten fait maigrir: FAUX

Plusieurs personnes qui ne sont ni cœliaques ni sensibles au gluten bannissent le gluten de leur alimentation dans l’espoir de perdre du poids. Or, les aliments sans gluten ne sont pas nécessairement moins caloriques que leur équivalent conventionnel.

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En fait, de nombreuses études — comme ces deux études récentes — ont démontré que les aliments sans gluten sont souvent plus gras, sucrés et salés que les aliments conventionnels, en plus d’être plus coûteux. C’est plutôt en éliminant des produits alimentaires ultra-transformés qu’on perd du poids.

200 signes et symptômes

Il existe jusqu’à 200 signes et symptômes de la maladie coeliaque, allant des maux de ventre à l’anémie, en passant par les maux de tête, les ulcères buccaux récurrents et l’infertilité. C’est pourquoi la maladie est souvent difficile et longue à diagnostiquer (en moyenne 12 ans).

On peut trouver des informations sur la maladie coeliaque sur les sites de la Fondation québécoise de la maladie coeliaque (FQMC) et de l’association canadienne de la maladie coeliaque. La FQMC offre également du soutien aux personnes qui ont reçu un diagnostic de maladie cœliaque ou de sensibilité au gluten: formations et ateliers avec des nutritionnistes, documentation et autres.

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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