Un bouleversement artistique: le cubisme

Au début du XXe siècle

Robert Delaunay, La ville de Paris, 1912, p. 53 du récent Dossier de l'Art des éditions Faton sur le cubisme.
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Publié 03/03/2019 par Gabriel Racle

À l’occasion d’une exposition qui s’est tenue à Paris au Centre Pompidou, les éditions Faton ont publié un Dossier de l’Art, no 263, qui. en 80 pages. fait le tour illustré des dix premières années de ce mouvement artistique appelé le cubisme.

Revue, Dossier de l’Art. La couverture représente Grand nu de Georges Braque, 1907-1908.

Pas seulement Picasso…

On a parfois ou même souvent tendance à considérer que le tableau de Pablo Picasso, Les demoiselles d’Avignon, est à l’origine du cubisme. Et il faut reconnaître que Picasso (1881-1973) a fini vers la fin des années 1950 par s’attribuer l’intégralité de la paternité du cubisme.

Picasso avait le sens des relations publiques.

Picasso, Les demoiselles d’Avignon, 1907, p.12.

La réalité est plus complexe, comme le montrent les premières pages du Dossier de l’Art. Il faudrait mentionner l’influence des sculptures africaines, plus centrées sur les formes que sur les détails, ou celle polynésienne, comme on le voit sur le tableau de Gauguin, Les baigneuses, qui a choqué non par ses personnages, mais par leur environnement «irréaliste» de formes entremêlées.

Ainsi, on peut citer tout un groupe de précurseurs, Georges Braque, Matisse, Cézanne, dont un certain nombre de leurs œuvres annoncent la venue du cubisme proprement dit: Grand nu, 1907, de Braque, qui fait la couverture du Dossier; Cinq baigneuses de Cézanne, 1883; La chambre rouge de Henri Matisse, 1908. Ce ne sont que quelques exemples.

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Cézanne, Cinq baigneuses, 1885-87, p.19.

… mais évidemment Picasso

Très jeune Pablo Picasso s’intéresse à la peinture, encouragé par son père. Il peint son premier tableau à 8 ans. Le petit picador jaune, qu’il avait peint en 1890, était son tableau préféré.

Comme le souligne un critique d’art: «On voit déjà clairement son talent avec un beau mélange de bruns, d’ocres, des couleurs lumineuses! Les personnages à l’arrière-plan sont réalisés d’une manière originale, une vraie patte artistique!»

En 1900, l’exposition internationale de Paris, dont le thème est «Bilan d’un siècle» a sélectionné un tableau du jeune Picasso, Les derniers moments. Picasso, âgé de 19 ans, était arrivé à Paris pour représenter l’Espagne à l’exposition. Puis il s’installe au Bateau-Lavoir, un atelier situé à Montmartre.

Picasso, Le petit picador jaune, 1889.

Les demoiselles d’Avignon

Au cours de l’hiver 1906, dans le mouvement novateur qui se dessine, Picasso réalise un tableau. «Apollinaire et le critique d’art André Salmon, découvrant le tableau dans l’atelier de Picasso, sont sceptiques, le trouvent brutal. Picasso, un peu dépité, roule sa toile et la laisse dans un coin de l’atelier», raconte Émilie Bouvard, conservatrice du patrimoine au Musée national Picasso-Paris.

L’œuvre dort dans un coin de l’atelier et n’est exposée publiquement pour la première fois qu’en 1916 à Paris.

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Elle est plus ou moins bien appréciée, mais le poète et écrivain André Breton y voit un chef-d’œuvre. Il en fait l’éloge, écrivant que c’est «l’événement capital du XXe siècle», que Picasso est le seul génie authentique de l’époque.

Les Demoiselles d’Avignon est le dernier titre d’une peinture à l’huile sur toile, de grand format (243,9 × 233,7 cm). À l’origine, elle se nommait El Burdel de Aviñón. C’est André, poète, romancier, journaliste et critique d’art qui, en juillet 1916, à l’occasion du Salon d’Antin qu’il avait organisé, qui lui a donné son titre définitif.

Gauguin, Les baigneuses, 1897.

Épanouissement du cubisme

Désormais le cubisme est lancé, et si Pablo Picasso n’en est pas l’auteur, comme il l’a prétendu sur ses vieux jours, il lui a donné une impulsion telle que, sans son activité picturale, le mouvement cubiste n’aurait pas connu un tel épanouissement.

Les différents articles du Dossier de l’Art couvrent ce développement et cet épanouissement du cubisme.

Henri Matisse serait le premier à parler de petits cubes au sujet d’un paysage de Braque exposé au salon d’automne de 1908. Le critique d’art Louis Vauxelles, qui était présent, utilise le mot cubisme dans un article. L’emploi du terme «cubisme» ou «cubiste» se généralise à partir de 1911.

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Matisse, La chambre rouge, 1908.

D’autres dossiers

Rien de tel donc pour découvrir le cubisme à ses origines que le Dossier de l’Art que les éditions Faton lui consacrent. À petit prix, en 80 pages, avec 70 illustrations très éclairantes dont certaines en pleine page.

Il faut souhaiter que les éditions Faton poursuivent dans cette voie et nous offrent d’autres Dossiers de l’Art consacrés à d’autres mouvements artistiques, et il n’en manque pas: le maniérisme (1520-1580), le baroque (1580), le classicisme (1660-1715), le rococo (1730-1760), le néo-classicisme (1750-1830), le romantisme (1770-1850), le réalisme (3e quart du XIXe siècle), le naturalisme (1880-1900), le mouvement Art and Crafts (1860-1910), le symbolisme (1866-1920), etc.

Exposition universelle de Paris, 1900.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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