Turban, patkas et keski: le soccer québécois lève l’interdiction

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Publié 11/06/2013 par Hugo Prévost (La Presse Canadienne)

à 17h04 HAE, le 15 juin 2013.

LAVAL, Qc – Le turban sikh sera permis sur les terrains de soccer québécois.

La Fédération de soccer du Québec a levé samedi l’interdiction qu’elle avait récemment imposée après avoir reçu une clarification vendredi de la position de la FIFA, la Fédération internationale.

La directrice de la Fédération québécoise de soccer (FSQ), Brigitte Frot, a reconnu que l’organisme avait pris connaissance de la décision de la FIFA de permettre aux joueurs de soccer canadien de porter un turban «avec une immense satisfaction et un grand soulagement».

Mme Frot a affirmé que la controverse a pris une ampleur qu’elle n’avait pas anticipée. Lors d’un point de presse, elle a souligné que l’intervention de la fédération n’avait rien à voir avec les questions religieuses ou les enjeux politiques.

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La suspension de la FSQ a été levée par l’Association canadienne de soccer (ACS), samedi midi. La décision entre en vigueur immédiatement. Par voie de communiqué, le président de l’ACS, Victor Montagliani, a déclaré que «l’Association est heureuse que les deux organisations aient pu résoudre cette situation rapidement».

La suspension avait remis en question la participation de plusieurs équipes canadiennes à plusieurs matchs en territoire québécois, et ce dès samedi. L’Association canadienne de soccer affirme s’être vue forcer la main en raison du refus du Québec de respecter une précédente directive de la FIFA à propos du port du turban.

Mme Frot a par ailleurs réitéré ses excuses à la «communauté anglophone» après avoir déclaré que les jeunes sikhs pourraient «jouer dans leurs cours», affirmant avoir effectué un «mauvais choix de mot».

La présidente a également refusé de se prononcer personnellement sur la question: «Je suis ici en tant que représentante de la FSQ… je n’ai pas d’opinion dans cette affaire.»

L’affaire a rapidement été récupérée par plusieurs organismes de la société civile canadienne et politiciens fédéraux, ces derniers dénonçant la position québécoise. De son côté, la première ministre Pauline Marois s’était portée à la défense de la FSQ, déplorant à son tour ce «dérapage».

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D’ailleurs, le ministre d’État aux Sports, Bal Gosal, s’est dit «ravi que les parties intéressées aient réussi à s’entendre et à régler ce différend rapidement».

Mme Frot a précisé que son organisation cherchait uniquement des clarifications des instances internationales sur le port des turbans, patkas et keskis, pour assurer la sécurité des joueurs.

Pour être porté au cours d’un match, le turban devra entre autres ne pas être attaché au maillot du joueur, ni ne constituer de danger pour le joueur ou pour autrui.

Mme Frot a assuré que la FSQ et son homologue canadien étaient en contact, et que les relations étaient «bonnes».

Les réactions à l’annonce de la FSQ ont été positives.

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Réagissant par voie de communiqué, l’Organisation mondiale sikh (OMS) a fait part de sa satisfaction à l’annonce de la levée de l’interdiction du port du turban, tout en déplorant que malgré plusieurs tentatives de prise de contact avec la FSQ à propos du port de couvre-chefs religieux, aucune réponse n’ait jamais été envoyée par la fédération.

Selon le vice-président de l’OMS pour le Québec, Mukhbir Singh, «bien que ce soit une bonne chose que le turban ne soit plus interdit par la FSQ, nous espérons que les enfants sikhs qui n’ont pas pu s’inscrire pour cette saison, en raison de l’interdiction, auront désormais l’occasion de le faire».

«Nous sommes contents de la décision [de la FSQ], a déclaré l’avocat sikh Ishan Singh. Cela vient clore le débat, et les enfants portant le turban pourront jouer au soccer avec leurs amis.»

«On trouvait cela dommage que la situation eut évolué de cette façon», a-t-il ajouté.

Du côté de l’Impact de Montréal, le président de l’équipe, Joey Saputo, s’est lui aussi réjoui de la décision de la FSQ. Il a ajouté que l’organisation avait «parlé en privé avec la Fédération de soccer du Québec et l’Association canadienne de soccer pour les aider activement à trouver une solution le plus rapidement possible.»

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Pour l’ex-hockeyeur et chef adjoint du Parti vert du Canada, Georges Laraque, qui assistait à un match de soccer amical organisé à Lachine pour souligner la solidarité de la population avec la communauté sikh, l’interdiction de la FSQ était «tout simplement illogique».

«On parle d’enfants, pas de professionnels… y’a aucun danger là-dedans. Quelle que soit la religion, la race, la couleur… Le fait même que la FIFA ait dû s’en mêler pour forcer la FSQ à réagir n’a aucun sens, selon moi.»

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