Troisième album pour le rappeur de l’Outaouais ZPN

Un sage novice

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Publié 10/05/2011 par Guillaume Garcia

Amateur de musique rap depuis son adolescence en France, ZPN, alias David Muipatayi, a depuis pris le micro et sorti trois albums dont le dernier qui est dans les bacs depuis quelques jours. Première classe, lancé fin avril à Ottawa, traite de sujets tels que l’égalité homme-femme et le respect que doivent avoir les premiers envers les secondes, ou encore de politique. ZPN était à Toronto en milieu de semaine dernière pour parler de son album Première classe, qui s’est fait attendre cinq longues années.

Élevé aux sons de groupes comme NTM, IAM, Assassins, ou de rappeurs solo comme MC Solaar, ZPN place la barre haute dans ses textes et dans les sujets qu’il décortique. Depuis ses débuts en 1999, sa plume s’est acérée et la recherche de la précision devenue le but ultime de son écriture.

«Je me considère encore novice dans l’écriture et j’admire des artistes comme Solaar, Ahknaton, Shurik’n. Tu te dis «mais comment il a fait pour penser à un truc pareil». Je pense que l’écriture était au fond de moi. Mon premier texte ressemblait à une rédaction d’école, mais à force tu comprends la structure, ça devient plus simple de développer un sujet.» Avec trois minutes pour faire comprendre de quoi on parle la chanson s’apparente à un exercice d’équilibre où chaque mot doit être soupesé pour rester synthétique dans la forme. ZPN garde toujours cette idée en tête: «Tu dois trouver une manière d’être le plus précis possible pour atteindre ton objectif».

Arrivé de France au milieu des années 90, David Muipatayi rejoint son frère à Ottawa et reprend ses études.

Il écrit son premier texte et s’inscrit à un concours de chant. Il est le seul rappeur et remporte le prix du public. Il saisit cette formidable opportunité pour se faire des contacts et rapidement on lui demande de faire des spectacles. Assurer un minimum de spectacle ne lui pose pas de problème, mais pour tenir 40-50 minutes sur scène il faut du matériel, des chansons et des morceaux. Et ça, à l’époque il ne l’a pas.

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Avec d’autres rappeurs, il monte Afroconnexion et sortent un premier album en 2002. Il n’y en aura pas d’autres, toutes les tentatives ont ensuite avortées.

Alors ZPN embarque pour une carrière solo. Au début, ses textes sont acerbes, énervés, mais avec l’expérience, il apprend à passer cette émotion dans le texte et non dans la forme.

«Je parle de politique, de près ou de loin, les stéréotypes de notre monde et les problèmes qui viennent avec ça. Je parle aussi beaucoup de famille, dans mon dernier album il y a une chanson qui s’appelle «Pour la femme». La première différence entre les hommes c’est le sexe. Le clash homme-femme doit être réparé. Il faut revaloriser la femme en tant qu’être humain. Reconnaître ce que nos mères, grand-mères, sœurs ont fait pour la société.»

À mille lieues des rappeurs «gangsta» qui mettent en avant le côté femme-objet achetée et dévalorisée à coup de liasses de billets.

Ancré dans le milieu hip-hop de l’outaouais, ZPN pense que le rap a un bel avenir devant lui en français.

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«Il y a beaucoup de jeunes qui écrivent de bonnes choses.» Et pour être certain que la tradition continue, ZPN donne des ateliers dans les écoles francophones.

«La musique en français ce n’est pas cool chez les jeunes, mais quand tu viens leur montrer ton rap en français ça devient cool. Ça leur permet de voir ce qu’on peut faire avec le français. Je donne aussi des ateliers d’histoire du mouvement hip-hop et de break dance. D’un côté ça ouvre les yeux aux jeunes, mais aussi aux écoles.»

Sur la voie de ses maîtres, ZPN pense déjà à transmettre son savoir.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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