Transformer l’huile à moteur usagée en diesel

Une entreprise familiale du Manitoba a perfectionné une technique originale de recyclage

Manitoba
Todd Habicht et son fils Tyler, qui est ingénieur spécialisé en technologie motrice. (Photo : Daniel Bahuaud, La Liberté)
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Publié 31/07/2018 par Daniel Bahuaud

En Amérique du Nord, seulement 17% des lubrifiants de voitures usagées sont recyclés. Au Canada, cela représente 800 millions de litres. Des chiffres que l’entreprise HD Petroleum, de Saint-Boniface, veut faire évoluer.

Établie sur l’autoroute numéro 14 aux abords de Letellier et Saint-Joseph, la microraffinerie de HD Petroleum est maintenant en mesure de transformer industriellement de l’huile à moteur usagée en diesel, après neuf ans de recherche et d’expérimentation.

Todd Habicht, le fondateur et PDG de l’entreprise manitobaine, est heureux d’avoir atteint la phase de production. «Notre objectif était de prouver qu’une petite raffinerie, établie sur 300 mètres carrés, peut transformer plusieurs milliers de litres d’huile à moteur en diesel en l’espace d’une heure.»

«Après des hauts et des bas, et une période intense de quatre mois de contrôles, d’inspections et de mise en service en 2017, on a réussi. Et à très bas coût, puisque notre équipement nous a coûté que 8,3 millions $ US. Maintenant, on est convaincu qu’on pourra rouler 24 h par jour, sept jours par semaine. En 48 heures, pendant la longue fin de semaine de la fête du Canada, on a produit 45 000 litres de diesel.»

Grand-père inventeur

Pour chaque litre de lubrifiant usagé, HD Petroleum produit 0,85 litre de diesel. La partie qui n’est pas recyclée sert de carburant à la microraffinerie. Ainsi, toute l’huile est utilisée.

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«C’est l’avantage de notre technologie qui redistille les molécules hydrocarbonées de l’huile usagée en diesel.»

«L’idée remonte déjà à plusieurs décennies. Mon grand-père Bernard Habicht avait déjà développé les grands principes, mais il n’avait pas réussi à dépasser le stade artisanal. C’est dire si son esprit est très présent dans notre microraffinerie. C’est pour moi une source de grande fierté.»

Barney, comme tout le monde l’appelait, était un grand inventeur. Par exemple, c’est lui l’inventeur de la moissonneuse-batteuse, qui a transformé l’agriculture!

Potentiel écologique énorme

Todd Habicht espère-t-il à son tour transformer l’industrie pétrolière?

«C’est possible. On est convaincu qu’on pourra imposer notre technologie, au Manitoba pour commencer. Au Canada, la collecte de lubrifiants usagés est très bien organisée, à près de 70%. C’est la transformation de l’huile qui laisse encore énormément à désirer.»

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«Une microraffinerie peut non seulement desservir une population de 700 000 personnes, mais surtout elle n’exige pas des investissements en centaines de millions de dollars comme c’est le cas pour une raffinerie conventionnelle. En une année, elle peut recycler jusqu’à 15 millions de litres.»

«Le potentiel écologique est énorme. Et les marges de profit se situent à environ 37%. C’est dire que le recyclage peut être très profitable. On a déjà des investisseurs au Canada, aux Antilles et à Guam qui attendent juste qu’on fasse nos preuves au Manitoba pour acheter notre savoir-faire.»

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