Souffrez-vous de pléonasmes redondants?

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Publié 05/12/2017 par Michèle Villegas-Kerlinger

Vous vous demandez peut-être ce que c’est qu’un pléonasme redondant? Tout d’abord, rassurez-vous. Il ne s’agit pas d’une maladie ni d’un syndrome. Par contre, ils peuvent être contagieux à force d’être répétés à tout vent.

Selon la Banque de dépannage linguistique, un site incontournable pour qui s’intéresse à bien s’exprimer en français, un pléonasme est «un enchaînement de mots qui véhicule deux fois une même idée». L’université d’Ottawa parle d’une «répétition inutile de mots qui ont le même sens.»

Est-ce que cela veut dire que tous les pléonasmes sont forcément à proscrire? Selon l’université, oui. D’après la BDL, non.

Au mieux, un pléonasme ajoute de la clarté à un texte ou sert à insister sur un point. Certains peuvent même se hisser au rang de figures de style.

Au pire, le pléonasme ne fait qu’alourdir un texte inutilement. Dans ce cas, on parle d’un pléonasme vicieux ou d’une périssologie.

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Un exemple du premier serait «sortir dehors» lorsqu’on ne veut pas dire «sortir d’une pièce». Un exemple du second serait «descendre en bas» puisqu’on ne peut descendre qu’en bas.

20 pléonasmes

Voici un petit exercice pour tester vos compétences en la matière. Dans le texte qui suit, il y a 20 pléonasmes. Pouvez-vous les trouver tous?

Les employés pourraient peut-être tâcher de faire en sorte que l’entreprise défraie les frais de leurs dépenses, mais la direction a déjà répété deux fois qu’elle prédit à l’avance plusieurs restrictions budgétaires.

Au jour d’aujourd’hui, les entreprises essaient de comprimer les dépenses au grand maximum. Elles revoient leur budget dans les moindres petits détails, voire même, elles suppriment des postes parfois. Sears Canada, comme par exemple, un grand géant de la vente au détail, fondé il y a 65 ans en arrière, ferme ses portes. Voilà la preuve probante que le monde des affaires est en pleine évolution.

Moi, personnellement, je me demande si cela va durer longtemps, car en effet, il m’arrive d’en faire de mauvais cauchemars. Mais il y a une lueur d’espoir : on inaugure l’ouverture de nouveaux magasins et de nouvelles entreprises voient le jour, ce qui donne quelques belles perspectives d’avenir. Il y a malgré tout de nombreuses opportunités à saisir…

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Réponses :

  1. pourrions peut-être : pourrions; le verbe et l’adverbe ont tous deux l’idée de possibilité
  2. tâcher de faire en sorte : tâcher = faire des efforts, faire ce qu’il faut pour
  3. défrayer les frais : défrayer; à part des expressions du genre «défrayer la chronique», la notion de frais est implicite dans le verbe frayer qui veut dire «faire les frais»
  4. répété deux fois : répété = dire, exprimer de nouveau ce qu’on a déjà exprimé; par contre, on peut dire «répéter trois, quatre, … fois»
  5. prédit à l’avance : prédire = annoncer comme devant être ou se produire; peut-on prédire un événement après les faits?
  6. au jour d’aujourd’hui : aujourd’hui; le mot aujourd’hui est en soi un pléonasme, «hui» voulant dire «aujourd’hui»
  7. au grand maximum : au maximum; le mot maximum est un superlatif qui veut dire «la valeur la plus grande atteinte par une quantité variable limite supérieur»; dirait-on «au petit maximum»?
  8. les moindres petits détails : les moindres détails; l’adjectif moindre est un superlatif voulant dire «le plus petit, le moins important, le moins remarquable»
  9. voire même : voire ou même; voire veut dire «et même»
  10. comme par exemple : comme ou par exemple; ces deux termes introduisent un élément de comparaison
  11. un grand géant : un géant; la plupart des géants sont grands
  12. il y a 65 ans en arrière : il y a 65 ans = voilà 65 ans; on comprend qu’il s’agit d’une période de temps écoulée
  13. la preuve probante : la preuve = ce qui sert à établir qu’une chose est vraie; probant = qui prouve sérieusement; en principe, toutes les preuves servent à prouver quelque chose
  14. moi, personnellement : moi ou personnellement = pour ma part, quant à moi
  15. durer longtemps : durer ; le verbe comporte déjà l’idée d’une durée de temps importante
  16. car en effet : car ou en effet; les deux termes servent à introduire un argument, une explication
  17. mauvais cauchemars : cauchemars; y a-t-il de bons cauchemars?
  18. inaugure l’ouverture : inaugure = entreprendre, mettre en pratique pour la première fois; a-t-on jamais inauguré une fermeture?
  19. perspectives d’avenir : perspectives = événement ou succession d’événements qui se présente comme probable ou possible; on parlerait difficilement de «perspectives du passé»
  20. opportunités à saisir : opportunités; bien que le mot opportunité au sens de «circonstance opportune» soit critiqué par certains experts, cette définition du terme renferme déjà la notion d’un élément intéressant à saisir; par contre, on dira très bien «saisir une opportunité»

Lourdeur inutile

Comme le montre cet exercice, les pléonasmes ont le don d’alourdir inutilement un texte s’ils ne servent ni à préciser ni à insister sur un point. En tant que figures de style, ils sont à utiliser avec parcimonie.

Le génie de la langue française veut qu’on ne se répète pas inutilement et qu’on ne précise que ce qui sort de l’ordinaire. À titre d’exemple, lorsqu’on parle de hockey au Canada, inutile de dire qu’il s’agit de hockey sur glace. Mais si on parle du hockey sur gazon, là il faut spécifier parce que cette activité est moins connue que notre sport international.

Donc, si vous souffrez de pléonasmes redondants (ce qui est en soi un pléonasme!), sachez que ce n’est pas fatal, mais la condition peut être douloureuse pour ceux qui vous écoutent ou vous lisent.

Le traitement est relativement simple et, s’il prend un peu de temps et d’effort, il ne coûte pas cher. Armez-vous d’un bon dictionnaire et faites tous les jours quelques exercices sur les sites qui suivent jusqu’à la disparition des symptômes:

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Université d’Ottawa: Visez juste

Amélioration du français: Jeux pédagogiques


Sources :

80 pléonasmes à éviter

Desiderio: liste de pléonasmes

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Le Petit Robert

Dictionnaire québécois-français par Lionel Meney

Dictionnaire des cooccurrences par Jacques Beauchesne

Auteur

  • Michèle Villegas-Kerlinger

    Chroniqueuse sur la langue française et l'éducation à l-express.ca, Michèle Villegas-Kerlinger est professeure et traductrice. D'origine franco-américaine, elle est titulaire d'un BA en français avec une spécialisation en anthropologie et linguistique. Elle s'intéresse depuis longtemps à la Nouvelle-France et tient à préserver et à promouvoir la Francophonie en Amérique du Nord.

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