Sophie La Rosière, artiste inconnue… ou fictive?

Étrange exposition à l’Université York

Une scène de l'installation «The Sophie La Rosière Project» à l'AGYU.
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Publié 03/11/2016 par Stan Leveau-Vallier

C’est dans le dédale des bâtiments modernes tous semblables de l’Université York qu’on trouve l’exposition d’Iris Häussler, The Sophie La Rosière Project, inspirée d’une artiste-peintre française inconnue de la fin du 19e siècle.

Cette galerie (AGYU), cachée sur ce campus universitaire loin du centre-ville, était-elle le meilleur endroit pour une telle exposition? Peut-être, s’il s’agissait de mettre le visiteur dans le bon état d’esprit pour apprécier l’expérience. Car il s’agit d’une expérience.

En entrant dans le premier espace d’exposition, une chronologie donne quelques dates clés sur Sophie La Rosière, dont on dit qu’elle est morte en 1948 à l’âge de 81 ans. Du moins c’est ce que l’exposition prétend, mais il faut comprendre que cette artiste française a été inventée et intériorisée par Iris Häussler, une artiste torontoise d’origine allemande, sculptrice devenue peintre.

Un étrange film montre une progression dans un bâtiment d’archives, entre livres, cartons et paquets, zones d’ombres et poussière. Et on commence à comprendre que l’on est invité à une quête, une sorte de jeu de piste, à travers le temps, la géographie, le réel et la fiction.

    Iris Häussler dans son studio du Projet Sophie La Rosière à la AGYU. (Photo: courtoisie de Nick Kozak)
Iris Häussler dans son studio du Projet Sophie La Rosière à la AGYU. (Photo: courtoisie de Nick Kozak)

Un couloir nous emmène regarder un objet exposé dans une vitrine, empaqueté, comme pour signifier qu’il faudra chercher derrière les apparences, et qu’on laisse le visiteur imaginer lui-même le contenu du paquet.

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De l’autre côté du couloir, à travers des carreaux fendus et empoussiérés, on distingue vaguement un atelier et un salon, comme si l’on était incité à en espionner les habitants. Une porte ouverte nous invite à entrer dans l’intimité de ce logement.

C’est alors une plongée hypnotisante dans une autre époque, un autre milieu, dans un lieu de vie comme à l’instant abandonné par ses habitant(e)s. Le décor est précis, cohérent, évocateur, réel. Même l’odeur des lieux nous transporte.

On découvre la vie des artistes de la Belle Époque sous un jour très différent des clichés habituels. Là, c’est concret, brut, humain, touchant. On peut perdre toute notion du temps si on se prête à l’expérience, si l’on s’attache aux détails de cet appartement qui est comme une machine à voyager dans le temps.

Par touches évocatrices le visiteur est amené à recomposer une histoire, et à y mêler ses propres réflexions.

Les salles suivantes permettent de prolonger la rêverie d’une façon astucieuse et contrastée, d’abord bien rangée comme dans un musée, puis d’une façon plus intuitive, par associations d’idées.

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Iris Häussler semble littéralement hantée par le personnage de Sophie La Rosière, retrouvant son histoire dans chaque objet d’époque ou dans des situations similaires. Dans cette exposition, elle parvient avec brio à offrir au visiteur une expérience à la fois semblable, et pourtant personnelle.

Pour ceux qui seront séduits et qui voudront en savoir davantage sur le personnage de Sophie La Rosière, une suite est organisée simultanément à la galerie Scrap Metal:  des peintures «redécouvertes» de Sophie la Rosière, ainsi que des videos d’interventions de spécialistes (scientifiques, psychanalystes, historiens) qui commentent le cas Sophie la Rosière et jouent le jeu de son existence. 


Projet Sophie La Rosière, développé par l’artiste Iris Häussler en collaboration avec Catherine Sicot (Elegoa Cultural Productions): Partie 1, présentée jusqu’au 11 décembre par Philipp Monk à l’AGYU (116 édifice Accolade East sur le campus); Partie 2, présentée jusqu’au 17 décembre par Rui Mateus Amaral à la galerie Scrap Metal, (11 rue Dublin, unité E, dans le quartier Brockton). 

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