Servir les dieux d’Égypte

Une exposition remarquable à Grenoble

Musée de Grenoble, divinités.
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Publié 02/12/2018 par Gabriel Racle

Le musée de Grenoble organise une exposition-événement consacrée à l’Égypte antique, en collaboration avec le musée du Louvre.

Elle propose une plongée archéologique dans la ville de Thèbes (La Puissante), aujourd’hui Louxor, il y a 3000 ans, en parcourant sa nécropole et le temple monumental d’Amon.

Cercueil de Psamétique. Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

On ne saurait trop souligner l’importance et l’originalité d’une telle exposition, étant donné le rôle qu’a joué dans l’Antiquité l’Égypte comme pays culturel clé du bassin méditerranéen. Cette exposition est ouverte jusqu’au 27 janvier 2019 et s’accompagne d’un livre d’art remarquable.

«Au bout de chaque rue, une montagne»

Il est peut-être bon de situer Grenoble et son cadre montagneux qui valent déjà par eux-mêmes un détour si l’on se trouve dans la région lyonnaise, à environ 110 km.

Car la ville de Grenoble (170 000 habitants env.), située au cœur des Alpes françaises, est entourée de montagnes très proches. «Au bout de chaque rue, une montagne», aurait peut-être dit l’écrivain Stendhal, né à Grenoble en 1783.

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 900 œuvres permanentes

Grenoble est une destination intéressante pour qui aime sortir des sentiers battus et faire des découvertes. La ville historique et ses monuments civils ou religieux fort nombreux attendent les visiteurs. Et parmi les richesses de cette vile, il y a le musée.

Stèle funéraire avec les cercueils décorés et les livres funéraires sur papyrus, Musée de Grenoble.

Fondé en 1798, celui-ci présente à ses visiteurs plus de 900 œuvres permanentes: un ensemble unique par ses collections d’art ancien, moderne et contemporain, qui s’étendent du XIIIe au XXIe siècles.

De plus, il y a des expositions temporaires inoubliables, comme présentement celle sur l’ancienne Égypte.

Thèbes «La Puissante»

Dans l’Égypte antique, c’est la ville de Thèbes «La Puissante» qui tient un rôle essentiel dans la société culturelle et religieuse.

Le dieu Amon-Ré y règne en maître comme roi des dieux, jusqu’à ce que le pharaon Akhénaton (-1355/-1353 à -1338/-1337) accorde au dieu Aton un rôle privilégié et l’érige en culte unique, au XIVe siècle avant notre ère.

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Cercueil de Nehemsimontou, détail, Musée de Grenoble.

Le culte de ce dieu existait, développé par les pharaons Thoutmosis IV et Amenhotep III. Mais Akhénaton instaure un véritable monothéisme malgré les résistances des bénéficiaires du culte d’autres divinités.

Cet épisode monothéiste n’a guère duré que sous la domination du pharaon qui l’avait créé, mais il montre bien que Thèbes ou Ouaset se trouve au centre de l’organisation religieuse de l’Égypte antique, quelle que soit la période envisagée, les dieux ou le dieu en prédominance, les dirigeants religieux en service à une époque ou à une autre.

C’est dire à quel point l’exposition de Grenoble est au cœur de la culture religieuse égyptienne ancienne.

Le dieu Amon-Ré

L’exposition proposera une immersion au plus près dans la société thébaine de la Troisième Période intermédiaire (1069 – 664 av. n. ère). Cette société est alors au service du dieu Amon-Ré, considéré comme le créateur du monde.

Femmes au service des dieux.

Et c’est dans le vaste ensemble de bâtiments appelé temple de Karnak, aujourd’hui en ruines, situé au nord de Thèbes, que se trouvait le cœur d’enjeux religieux, politiques et économiques majeurs.

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Quatre parties

L’exposition s’articule en quatre parties destinées à pénétrer peu à peu dans le fonctionnement de la société du temple de Karnak.

La première partie, consacrée à la «Thèbes du premier millénaire redécouverte», situe Thèbes au plan géographique, sur la rive est du Nil, le grand fleuve égyptien.

La deuxième partie de l’exposition, «D’Amon à Osiris; des prêtres dans la nécropole», place les visiteurs sur la rive ouest du Nil où l’on a découvert des centaines de tombes du clergé masculin et féminin de Karnak, véritable reflet de la société du temps.

Servir les dieux en Égypte, catalogue, Somogy Éditions d’art, 2018, nombreuses illustrations. 360 p.

La troisième partie, «Les prêtres dans le temple d’Amon à Karnak», fait un retour sur la rive est du Nil pour gagner le temple de Karnak, où les prêtres, selon une hiérarchie très organisée, occupaient des fonctions politiques, administratives et économiques de premier plan, soutenues par des activités rituelles autour d’Amon.

La dernière partie, intitulée «Des femmes dans le domaine d’Amon», met en lumière, grâce à des études très récentes, le rôle des femmes dans le temple, avec à leur tête les adoratrices du dieu Amon et leurs suivantes, les méconnues «chanteuses d’Amon».

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Vouées au culte du roi des dieux, elles avaient également un lien particulier avec le dieu Osiris, symbole de vie et de renaissance, dont une chapelle est reconstituée en 3D à partir de photographies.

Une Égypte antique qui n’a cessé de faire rêver

Grâce à ce parcours, on a un aperçu complet de la situation thébaine du temps où prévalait le dieu Amon-Ré. Et des illustrations contribuent à éclairer cet ensemble.

Avec plus de 270 objets, l’exposition qui se propose d’approcher la société du temple de Karnak à un moment crucial de son existence, atteint son objectif et nous fait connaître cette Égypte antique qui n’a cessé de faire rêver.

Cercueil de Néhemsimontou, porteur de la barque d’Amon (3e rang)

Un catalogue accompagne cette exposition et permet de saisir de plus près la vie religieuse thébaine et ses incidences matérielles. Tout cela en 360 pages comportant de très nombreuses illustrations avec des représentations d’objets découverts lors des fouilles de Karnak en particulier.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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