Rencontres insolites aux Îles Galápagos

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Publié 02/07/2013 par Aurélie Resch

La nuit est d’encre au large de l’île de Mosquera. Tranquille et sans un bruit. L’orage de la veille a cédé la place au calme plat. Sur le bateau de G-Adventures, je quitte la salle à manger et monte prendre l’air sur le pont. Les lampes du bateau projettent un cercle lumineux sur l’eau, à l’arrière du pont. Seule tache de lumière dans l’obscurité.

Un aileron de requin pointe soudain. Sans pour autant froisser la surface de l’eau. Sous le faisceau des projecteurs, la silhouette de squale se dessine: un bon trois mètres, gris pâle. L’animal est quasi immobile, balançant parfois nonchalamment sa queue pour maintenir sa position. Je frissonne.

Le requin au-dessus duquel je nageais ce matin avait l’air tellement plus petit. Je n’avais pas cru Norbert, un autre plongeur du groupe, lorsqu’il m’avait dit que le squale était de taille respectable. Je me souviens être restée immobile à l’étudier du dessus. Il avait l’air inoffensif.

À présent tout près, affleurant la surface, la perspective d’un bain de minuit en sa compagnie ne me tente guère. Le requin semble contempler le bateau. L’étudier. Lentement il nage en cercle dans le halo lumineux des lampes, puis sort du faisceau lumineux et disparait. Je reste aux aguets.

Sanctuaire

Les Galápagos, archipel d’îles volcaniques à l’ouest de l’Équateur, dans l’océan Pacifique, sont un véritable sanctuaire d’animaux marins et d’oiseaux endémiques aux îles.

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Des plongées quotidiennes m’ont permis d’observer la danse majestueuse de grandes raies Manta, d’espionner la nage de timides tortues de mer et de suivre des kyrielles de poissons multicolores qui changent brutalement de direction pour troubler celui ou celle qui les pourchasse.

Nombreuses ont été les fois durant cette croisière où j’ai pu jouer avec des otaries pouvant peser jusqu’à 300 kg!

D’abord surprise par leur audace, déstabilisée par leur vitesse (elles foncent à une vitesse de pointe de 30 km/h), j’ai vite pris plaisir à les laisser venir «toquer» à la vitre de mon masque ou à me frôler avant de s’éloigner brusquement d’une improbable contorsion.

Si l’envie de jouer avec les animaux est permanente tout au long des baignades et des excursions sur les différentes îles qui égrènent notre itinéraire, le rappel de Christian notre guide est on ne peut plus clair: Ces animaux sont sauvages. Il faut prendre ses précautions en les croisant et ne pas se montrer trop familiers ni imprudents. Ainsi l’otarie joueuse dans l’eau peut se révéler moins amicale sur terre lorsqu’on l’approche. Un coup de dents est vite parti.

Les iguanes ne doivent pas inspirer la caresse (attention aux griffes!) et de façon générale, mieux vaut garder ses distances. Les oiseaux Fous aux pieds bleus et les frégates, bien que peu effrayés par ma présence sur les roches n’en démontrent pas moins un comportement particulier lorsqu’il s’agit de se nourrir.

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La frégate attend que le Fou aux pieds bleus plonge dans l’eau attraper le poisson et remonte dans les airs avec. Elle le saisit alors par la queue et le secoue en tout sens jusqu’à ce qu’il régurgite le poisson. La frégate s’en saisit et échappe au malheureux encore tout sonné des secousses infligées.

Un mouvement preste et une gerbe d’éclaboussures. Un poisson volant essaie d’échapper en bonds désordonnés à une otarie bien décidée à l’avaler. La course-poursuite fait grand bruit et je peux la suivre des yeux un court instant avant qu’ils ne sortent de la lumière pour disparaître dans la nuit.

Prédateurs

J’entends encore leurs corps rebondir sur l’eau tandis que mes yeux sont attirés par la réapparition du requin dans la lumière. Bientôt, un deuxième aileron émerge. Les prédateurs sont de retour. Ont-ils eux aussi entendu l’otarie pourchasser le poisson volant ou attendent-ils patiemment que quelqu’un sur le bateau leur lance un reste de repas?

Je pourrais tendre le bras et les toucher. Je n’en fais rien et les observe un long moment partir et revenir dans le halo de lumière sur l’eau près du ponton.

Plus tard dans mon lit, je les imagine encore tourner autour du bateau et me demande s’ils seront là demain lorsque je plongerai.

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Renseignements

G-Adventures

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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