Recensement des familles: de plus en plus d’unions libres

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Publié 19/09/2012 par Fannie Olivier (La Presse Canadienne)

à 08h51 HAE, le 19 septembre 2012.

OTTAWA – «Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants»? Plus que jamais, la fin traditionnelle des contes de fées s’éloigne de la composition de la famille moderne au pays. Et c’est particulièrement vrai au Québec.

Les plus récentes données du recensement de 2011 dévoilées mercredi par Statistique Canada démontrent que la famille nucléaire conventionnelle est de moins en moins la norme.

Couples vivant en union libre, familles monoparentales, mariages entre personnes de même sexe: toutes ces formes de cellule familiale sont en pleine expansion depuis les cinq dernières années au pays. Le mariage conventionnel qui conclut depuis toujours les contes pour enfants, en revanche, recule.

«Le recensement de 2011 nous montre une diversité croissante des familles au Canada», a confirmé Laurent Martel, analyste chez Statistique Canada.

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Si l’union libre gagne du terrain un peu partout au Canada, le Québec est sans contredit la province où ce type de ménage fait le plus d’adeptes. Pas moins de 31,5 pour cent des couples québécois vivent hors mariage, soit une augmentation de 13,5 pour cent depuis le précédent recensement de 2006. La moyenne de couples habitant dans le même foyer sans pour autant avoir prêté serment ne dépasse pas 12,5 pour cent dans les autres provinces. Il s’agit-là d’un écart «très significatif», selon M. Martel.

Pour la toute première fois, Statistique Canada a compilé des données sur une autre forme très actuelle de noyau familial: la famille recomposée.

La «blonde de mon père», le «copain de maman», «mon demi-frère», «ma petite soeur par alliance» font désormais partie du vocabulaire d’un enfant canadien sur 10. En effet, 10 pour cent des jeunes de 14 ans et moins vivent sous un toit où l’un des deux adultes n’est pas son parent biologique (ou adoptif), ou encore avec des frères et soeurs qui ne sont pas issus du même couple que lui.

Encore une fois, les données concernant le Québec se distinguent de celles du reste du pays, puisque c’est dans la province francophone où l’on retrouve une plus forte proportion de ces familles recomposées, soit 16,1 pour cent des couples avec enfants contre 12,6 pour cent pour la moyenne nationale.

Les familles monoparentales sont également de plus en plus fréquentes, en croissance de huit pour cent par rapport à 2006 pour l’ensemble du pays. Fait à noter, même si huit familles monoparentales sur 10 ont à leur tête une femme, la proportion de pères élevant seuls leurs enfants a bondi de 16,2 pour cent depuis cinq ans.

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Le ralentissement de la progression des familles qui dénombrent un seul parent pourra être considéré de bon augure pour certains, puisque ces familles ne comptant qu’un seul revenu sont plus sujettes à la pauvreté.

«Ce sont des populations peut-être plus vulnérables. Il faut bien se rappeler par contre qu’être dans une situation de famille monoparentale est une situation transitoire. Ce n’est pas une situation qui s’inscrit sur le long terme», a spécifié M. Martel.

Une autre nouveauté du recensement de 2011 — le dénombrement des enfants en famille d’accueil — révèle que 0,5 pour cent des jeunes de moins de 15 ans vivent dans ce type de ménage.

Avec la légalisation du mariage entre conjoints du même sexe en 2005, l’option de glisser un anneau au doigt de la personne aimée s’est offerte pour la première fois à la communauté gaie. Et ce choix est rapidement devenu à la mode.

Ainsi, en 2006, 16,5 pour cent des couples de même sexe avaient choisi de se prévaloir de leur droit au mariage acquis l’année précédente. Cinq ans plus tard, c’est pas moins de 32,5 pour cent des conjoints du même sexe qui avait prononcé le fameux «oui, je le veux».

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«On s’attendait à une forte augmentation des couples mariés de même sexe, puisque la période de 2006 à 2011 était la première période de cinq ans pour laquelle le mariage de conjoints de même sexe était légal au Canada», a expliqué l’analyste.

Le portrait de la population brossé par Statistique Canada permet également de mettre en lumière d’autres éléments liés à l’évolution de la population canadienne à travers les époques.

Ainsi, le phénomène des «Tanguy», ces jeunes adultes vivant aux crochets de leurs parents, semble s’être stabilisé après avoir connu un bond appréciable depuis deux décennies.

En 2011, 42,3 pour cent des jeunes âgés de 20 à 29 ans vivaient chez leurs parents, soit plus ou moins la même proportion qu’il y a cinq ans. En comparaison, 32,1 pour cent des jeunes adultes issus du même groupe d’âge vivaient chez leurs parents 20 ans plus tôt. Ces personnes dans la vingtaine vivent par ailleurs de moins en moins en couple, un tendance à la baisse qui se poursuit depuis quelques décennies.

Par ailleurs, les dernières données concernant les cinq millions de personnes âgées au pays portent à croire que la vieillesse est moins associée à la solitude qu’avant.

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Une majorité des gens âgés de 65 ans et plus vivent en couple (56,4 pour cent), une hausse par rapport à il y a 10 ans. La proportion des femmes de l’âge d’or habitant seules à elle aussi chuté.

Les couples vivant sans enfant sous leur toit (44,5 pour cent) a par ailleurs continué de dépasser ceux qui vivent avec des enfants à la maison (39,2 pour cent), une réalité qui n’est pas étrangère au vieillissement des baby-boomers.

VOICI LES POINTS SAILLANTS DES DONNÉES DU RECENSEMENT DE 2011 SUR LA FAMILLE

Voici les points saillants des données du recensement de 2011 concernant les familles et les ménages:

— En 2011, on comptait 9 389 700 «familles de recensement», une hausse de 5,5 pour cent par rapport à 2006. Une famille de recensement peut être un couple marié ou vivant en union libre — avec ou sans enfant —, ou un parent seul vivant avec au moins un enfant.

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— Pour la première fois, on dénombre plus de couples en union libre (16,7 pour cent) que de familles monoparentales (16,3 pour cent).

— Les mariages entre conjoints de même sexe, légalisés en 2005, ont presque triplé entre 2006 et 2011, alors que le nombre de couples formés par des individus du même sexe a augmenté de 42,4 pour cent.

— Le nombre de couples vivant en union libre a bondi de 13,9 pour cent entre 2006 et 2011, comparé à 3,1 pour cent pour les couples mariés à la même période. Le Québec est la province où l’on compte le plus de couples en union libre, alors que 31,5 pour cent des couples québécois vivent hors mariage.

— Le nombre de pères à la tête d’une famille monoparentale au Canada a augmenté de 16,2 pour cent, comparé à une hausse de six pour cent des mères monoparentales. Malgré cela, huit familles monoparentales sur 10 ont à leur tête une femme.

— Pour la toute première fois, Statistique Canada a compilé des données sur les familles recomposées, qui comptent pour 12,6 pour cent des familles. C’est au Québec que l’on retrouve le plus de familles recomposées, soit 16,1 pour cent des couples avec enfants.

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— Statistique Canada a dénombré 29 590 enfants de 14 ans et moins vivant dans des familles d’accueil (0,5 pour cent).

— Le nombre de couples vivant sans enfant sous leur toit (44,5 pour cent) a continué de dépasser ceux qui vivent avec des enfants à la maison (39,2 pour cent).

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