Que célèbre-t-on vraiment le 25 décembre?

L'enfant Jésus dans l'étable, entourée de ses parents, des rois mages et d'un ange.
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Publié 16/12/2018 par Gabriel Racle

Que célèbre-t-on vraiment le 25 décembre? Il peut sembler étrange de poser une telle question tant la tradition religieuse de Noël a fait du 25 décembre la commémoration de la date de naissance de Jésus Christ.

Et pourtant, on peut fort légitimement se demander s’il en est bien ainsi, tant l’obscurité de la nuit des temps entoure cette naissance.

Bien entendu, faire une recherche historique sur la date de naissance de ce personnage appelé Jésus, puis Jésus-Christ, n’a rien à voir avec les croyances religieuses que l’on peut avoir, et ne constitue aucunement une dénégation de celles-ci.

Survivances païennes dans le monde chrétien, par Arthur Weigel, Paris, Payot.

Plusieurs dates

Au début, le christianisme, une nouvelle religion monothéiste qui devait trouver sa place parmi tous les courants religieux qui existaient dans le bassin méditerranéen, devait se doter d’un personnage aussi réel que possible qui en serait à la source.

Il devait avoir une existence réelle et donc une naissance réelle.

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Mais aucun document ne donnait cette date, et des variations ont donc marqué celle-ci. Plusieurs dates ont été avancées pour cette naissance: le 6 janvier, le 28 mars, le 19 avril ou le 29 mai.

Certains groupes avaient choisi le 6 janvier, qui correspond aux épiphanies de Dionysos et d’Osiris – deux divinités de la végétation qui, comme le Christ, meurent et ressuscitent. Le 6 janvier marque aussi la sortie du soleil dans la constellation de la Vierge, moment important pour les astrologues de l’Antiquité.

Culte concurrent

Une situation devenue de plus en plus importante et embarrassante allait obliger le personnage à la tête des États pontificaux, le pape, ce remplaçant du chef de l’Empire romain d’Occident tombé en désuétude, à réagir énergiquement: le culte du dieu Mithra rapporté à Rome par les légions romanise revenant de la Perse (Iran actuel).

Pour comprendre ce dont il s’agit, il faut faire un retour en arrière. Depuis des lustres, le solstice d’hiver a fait l’objet d’une célébration, sous diverses formes selon les cultures.

Mais le symbolisme en est toujours le même: le solstice d’hiver marque bien la nuit la plus longue de l’année, mais c’est aussi le moment où les jours commencent à rallonger. Sous différentes interprétations, c’est la victoire de la lumière sur les ténèbres.

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Les Mystères de Mithra, dieu salvateur (Photo: Histoire de l’Art et du Sacré)

Mithra, ami des humains

Le culte alors le plus pratiqué était celui de Mithra, dont le nom signifie à la fois «ami» et «contrat»; le dieu Mithra est l’ami des humains, c’est le dieu de la lumière et de la justice, qui veille au respect des alliances et des serments. Une religion qui a de quoi séduire et attirer.

Ce culte était très répandu chez les soldats romains qui, de la Perse, le transportent en Italie où il s’implante solidement, à Rome notamment.

Les adorateurs de Mithra reconnaissaient une divinité unique, manifestée par la lumière des astres, surtout le Soleil, brillant et invincible, ennemi de la nuit et des démons. Le dieu Mithra était un serviteur du dieu Ormuzd, la lumière primitive, et l’intercesseur des humains auprès de celui-ci.

Iconographie mithriaque, gravure du mithraeum du Pausylipon, Naples, époque romaine. (Photo: Marsailly/Blogostelle)

Le 25 décembre

On célébrait alors Mithra le 25 décembre: c’était la fête du Sol invictus, correspondant à la naissance de ce dieu solaire (Dies Natals Soli Invicti, jour de naissance du soleil invincible), qui surgissait d’un rocher ou d’une grotte sous la forme d’un enfant nouveau-né.

Les similarités étaient grandes avec le christianisme qui, s’efforçant alors de se répandre, se trouve en concurrence avec le mithriacisme et ces fêtes «païennes».

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Comment contrer ce culte qui le menaçait? Par la mise en œuvre d’un subtil syncrétisme pour assimiler la naissance du Christ au retour de l’astre solaire, au Sol invictus, en s’insérant ainsi dans une tradition déjà existante.

Un des sanctuaires de Mithra à Ostie, Italie, époque romaine. (Photo: Marsailly/Blogostelle)

Naissance

Alors, en 354, le pape Libère désigne officiellement le 25 décembre comme fête de la naissance du Christ, devenue Noël en français vers 1112, par évolution de l’ancien français Nael, du latin natals (dies), soit «le jour de la naissance».

«Ce choix semble avoir été imposé aux chrétiens par l’impossibilité dans laquelle ils se trouvaient, soit de supprimer une coutume aussi ancienne, soit d’empêcher le peuple d’identifier la naissance de Jésus à celle du Soleil», d’expliquer Arthur Weigel dans Survivances païennes dans le monde chrétiens.

Et voilà comment le 25 décembre est devenu un anniversaire, non celui de la date historique de la naissance de Jésus-Christ, mais simplement l’anniversaire de la naissance non-datable de ce personnage.

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Cadeaux, décorations, réunions

Ainsi la tradition des cadeaux, des décorations, des réunions familiales, des repas recherchés associée aux fêtes de fin d’année a de lointaines origines et si Noël se célèbre le 25 décembre, c’est à Mithra que nous le devons.

L’histoire est une continuité. La tradition du sapin de Noël est plus récente et donne lieu à diverses hypothèses, dont l’une la fait remonter au XVIe siècle, en Alsace. Quant à la commercialisation de Noël, voilà aussi une tradition qui a beaucoup évolué.

Bonne fête de Noël!

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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