Quatre «conseillers consulaires» pour les Français de l’Ontario et du Manitoba

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Publié 27/05/2014 par François Bergeron

Trois listes de candidats, correspondant plus ou moins aux principaux partis politiques en France, se disputaient, en fin de semaine, quatre postes de «conseillers consulaires» pour représenter les Français vivant en Ontario et au Manitoba pour un mandat de 6 ans.

Marc Cormier, de Toronto, étaient en tête d’une liste Union UMP/UFE (droite) qui comptait aussi Sylvie Bragard et Hosni Zouali. Une liste Français du monde (gauche) était dirigée par Dan Brignoli, de Toronto, et comprenait aussi Francine Watkins et Charles Romero. Enfin, une autre liste «La droite unie» dirigée par Philippe Armengau, d’Ottawa, se réclamait de l’UMP mais proclamait en même temps son indépendance de tout parti politique (et, de fait, cette liste était désavouée par l’UMP).

En vertu du système de représentation proportionnelle utilisé, Dan Brignoli, Marc Cormier, Philippe Armengau et Francine Watkins ont été élus. Validés mardi à Paris, les résultats officiels sont les suivants: liste Français du monde 476 voix, soit 42,20% des suffrages; liste UMP/UFE 374 voix, 33,16%; La droite unie 231 voix, 20,48%.

12 autres conseillers consulaires (anciennement «conseillers des Français de l’Étranger») sont élus dans les territoires des quatre autres consulats français au Canada (Montréal, Québec, Moncton et Vancouver).

Leur fonction est d’assurer la liaison entre les Français de leur circonscription et les institutions françaises locales, principalement le consulat. Le consul de France à Toronto, Jean-François Casabonne-Masonnave, présidera d’ailleurs les réunions des conseillers consulaires de sa circonscription.

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Par ailleurs, ces nouveaux conseillers choisiront parmi eux quatre représentants du Canada à l’Association des Français de l’étranger, dont les 86 membres se réunissent en France environ quatre fois par année. Entre autres prérogatives, ils élisent 12 membres du Sénat français, qui a à peu près les mêmes fonctions en France que notre Sénat au Canada.

Mentionnons que c’est la première fois que l’UFE (Union des Français de l’étranger) appuyait ouvertement une liste de candidats, celle de l’UMP. C’est que Français du monde, qui prétend elle aussi représenter les Français à l’étranger, est essentiellement composée d’anciens membres (socialistes) de l’UFE.

Élections européennes

Comme si cela était trop simple, ces élections locales par internet étaient organisées en même temps que les élections au Parlement européen… qui elles n’utilisaient pas l’internet. Les citoyens français vivant à l’étranger devaient ainsi voter en personne, en se rendant au consulat et à quelques autres bureaux de scrutin, pour les candidats qui se présentaient en Ile-de-France (Paris).

Selon les résultats affichés par le consulat général de France à Toronto (qui représente plus de 10 000 Français en Ontario et au Manitoba), seulement 743 personnes ont voté sur les 7057 électeurs inscrits sur ses listes électorales.

Ces élections ont été marquées, dans les 28 pays membres de l’Union européenne, par une progression de partis «eurosceptiques» ou carrément «europhobes», c’est-à-dire critiques des bienfaits de l’Union, certains cherchant ouvertement à s’en dissocier et à abandonner l’euro, la monnaie commune à 18 de ces 28 pays.

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C’est ainsi que le Front national de Marine Le Pen a remporté 25% des suffrages exprimés en France à ces élections européennes, devançant l’UMP et le Parti socialiste. Dans le territoire du consulat de Toronto, 65 personnes ont voté pour la «Liste bleu marine – non à Bruxelles, oui à la France».

Député des Français d’Amérique du Nord

Le gouvernement fédéral conservateur a déjà critiqué cette idée, pour la France, d’organiser des élections pour ses ressortissants au Canada, mais il les tolère jusqu’à maintenant. De leur côté, les consulats français n’en font pas une grosse promotion, se contentant de joindre les électeurs par courriel.

Les candidats eux-mêmes n’organisent pas de grands événements, les lois françaises sur la publicité et les dépenses électorales étant très strictes.

Jeudi dernier, Frédéric Lefebvre (UMP), le député des Français de l’Amérique du Nord à l’Assemblée nationale française, était de passage dans un café de Toronto pour mousser la candidature de Marc Cormier et des membres de sa liste de candidats au poste de conseillers consulaires.

Ancien ministre, M. Lefebvre a été élu lors d’une élection partielle l’été dernier, suite à la disqualification de la députée socialiste élue l’année d’avant pour cause d’accroc à la loi sur les dépenses électorales. Normalement, il serait élu dans le cadre des élections législatives régulières en France. Onze élus des Français de l’étranger siègent ainsi à l’Assemblée nationale française.

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M. Lefebvre passe au moins une dizaine de jours par mois dans son immense circonscription, le Canada et les États-Unis. Élections consulaires obligent, il y aura passé 18 jours ce mois-ci, a-t-il confié au cours d’un entretien téléphonique avec L’Express.

Il se dit très heureux d’appuyer la liste de Marc Cormier et soutient pleinement la réforme qui a mené à la création de ces conseillers consulaires.

À Toronto, il a également rencontré des élèves du Lycée français et, plus tard, les gens de Voilà Learning, qui profitent d’une aide de la France pour offrir un programme d’aide aux devoirs en français. L’éducation – les bourses d’études et l’assistance aux enseignants – est d’ailleurs au coeur des priorités des Français de l’Amérique du Nord selon M. Lefebvre, inquiet du «désengagement actuel de la France des programmes d’éducation pour les Français à l’étranger».

Par ailleurs, cet ancien conseiller du président Nicolas Sarkozy et secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Économie, les Finances et l’Industrie dit évoquer souvent le «modèle canadien» lors de ses interventions à l’Assemblée nationale en France. «Surtout l’expérience de Jean Chrétien», précise-t-il, «qui avait hérité d’une situation financière périlleuse et qui avait réussi à équilibrer le budget en coupant dans les dépenses sans provoquer de récession.»

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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