Quand vivre est pire que mourir

Natasha Preston, La Cave, roman traduit de l’anglais par Axelle Demoulin et Nicolas Ancion, Paris, Éditions Hachette, 2017, 400 pages, 29, 95 $.
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Publié 21/08/2017 par Paul-François Sylvestre

Le roman The Cellar, de la Britannique Natasha Preston, est paru en français au printemps sous le titre La Cave. L’auteure tisse une intrigue à la fois psychologique et criminelle qui met en scène un psychopathe qui kidnappe quatre filles pour se créer «une famille idéale».

Quelques références indiquent que l’histoire se passe en Angleterre, près de Londres, mais l’action se déroule principalement dans une cave anonyme, d’une propreté maladive, ornée de quatre vases de fleurs: Violette, Rose, Iris, Lilas. Ce sont les noms que le psychopathe a donnés à ses victimes.

La pièce a presque une atmosphère chaleureuse, qui détonne «dans la cave d’un taré». La dernière victime est Summer Robinson, 16 ans, qui devient Lilas. Contrairement à ses consœurs, elle n’accepte pas, intérieurement, de «vivre dans cette cave [car] c’est pire que la mort».

Chaque chapitre a une voix narrative, le plus souvent celle de Summer, mais aussi parfois celle de Lewis, son petit ami, ou celle de Trèfle, le psychopathe qui a un ego surdimensionné.

Natasha Preston
Natasha Preston

Dans son enfance et adolescence, Trèfle a été considéré par sa mère comme un incapable, un loser, un fils pathétique. Il veut lui prouver, même si elle est décédée, qu’elle se trompait. Pour se faire, il piège des prostituées et les assassine. Il ne se considère pas comme un tueur, mais plutôt comme «à la fois juge, juré et bourreau».

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Summer se rend compte qu’elle doit «se faire violer pour rester en vie», qu’elle doit jouer le jeu, faire comme si cela arrive à quelqu’un d’autre. «Tout ceci arrive à Lilas et je ne suis pas Lilas. […] Je ne veux pas devenir Lilas.»

Le roman entremêle allègrement narration et dramatisation, atrocité et impunité, intelligence et résilience. En dosant bien les rebondissements criminels et psychologiques, l’auteure montre comment, en collant un faux prénom à Summer/Lilas, il l’aide indirectement à se «déconnecter de toute cette horreur».

Le monde extérieur à la cave est surtout décrit par le petit ami de Summer: le «beau, grand, sombre, incroyablement sexy» Lewis. Il est tellement proche de sa blonde que «si elle était morte, je le saurais».

Je ne vous dirai pas combien de meurtres il y a dans ce roman finement architecturé, ni si Lilas va réussir à ne pas se faner ou si Summer et Lilas vont parvenir à ne faire plus qu’une… Je vous signale tout simplement que ce thriller angoissant atteint son but en épousant avec brio la psychologie de chaque personnage.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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