Quand Haïti ne fera plus la une des médias

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Publié 02/02/2010 par Annik Chalifour

«Il ne faut pas que le désastre en Haïti devienne une crise oubliée, comme le tsunami en Indonésie, la famine au Soudan, le conflit en RDC et tant d’autres», soutient Ben Chapman, directeur des ressources humaines de Médecins sans frontières Canada à Toronto. Lors d’un entretien avec L’Express, Ben Chapman, qui possède un long vécu de missions outre-mer, parle des opérations médicales d’urgence de MSF en Haïti et de qui l’organisation a besoin sur le terrain à court et long termes.

Plus de 300 expatriés issus de partout dans le monde oeuvrent actuellement en Haïti en collaboration avec 750 Haïtiens embauchés localement au nom du mouvement international Médecins sans frontières, dont MSF Canada fait partie.

25 Canadiens sont présentement sur le terrain; quatre y étaient au moment du désastre et y ont survécu, «dont Danielle Trépanier, originaire de Windsor maintenant de retour chez elle», mentionne le directeur des RH de MSF Canada.

Les services médicaux d’urgence offerts par MSF aux survivants du tremblement de terre en Haïti sont vastes et ne font qu’augmenter auprès de 17 différents sites, «sans oublier l’acheminement d’une douzaine de vols par MSF vers Port-au-Prince, destinés à approvisionner le terrain en fournitures médicales et en eau potable», ajoute-t-il.

Depuis le 12 janvier, MSF a déjà traité 6700 patients et effectué plus d’une centaine de chirurgies, indique Chapman. Par exemple, «la semaine dernière en une journée, des chirurgiens de MSF ont réalisé 40 opérations dans le nouvel hôpital Carrefour».

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Dans le quartier de Carrefour-Feuilles, une petite équipe de MSF, composée de deux infirmières, d’un médecin et d’un spécialiste en obstétrique, gère un dispensaire sous une tente dans une zone où 9000 personnes ont trouvé refuge temporairement.

«La plupart des patients souffrent de blessures liées au tremblement de terre, mais de plus en plus de gens souffrent aussi de diarrhées et de fièvre», explique Chapman.

La mise sur pied par MSF de nouvelles structures médicales se poursuit à Port-au-Prince ainsi qu’à l’extérieur. Un centre de soins postopératoires a été installé dans des tentes dans le quartier Delmas 30. Les patients y seront transférés dans d’autres hôpitaux MSF pour se rétablir de leur opération. Ce genre de soins est très demandé en Haïti selon MSF.

Soins infirmiers intensifs

Les cas les plus sérieux ont besoin de soins infirmiers soutenus. Il faut procéder à des greffes de peau et des poses de prothèses. Selon MSF, ces besoins devront être couverts dans les prochains jours, les prochaines semaines, les prochains mois et au-delà. «Même lorsqu’Haïti ne fera plus la une des médias, le besoin considérable en soins orthopédiques demeurera pour les rescapés du tremblement de terre», commente Chapman.

«Nous avons besoin en priorité de chirurgiens spécialisés en orthopédie, d’anesthésistes et d’infirmières ou infirmiers en salle d’opération», déclare Chapman. «Dans un premier temps, c’est-à-dire au temps fort de l’urgence tel qu’actuellement, nous ne recrutons que du personnel expérimenté, qui part en mission pour une durée maximale de huit semaines. Les chirurgiens, exceptionnellement, peuvent partir de quatre à six semaines.»

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Réhabilitation

MSF recherche également du personnel spécialisé en réhabilitation, dont des physiothérapeutes et des ergothérapeutes; nombre de patients ont perdu une jambe ou un bras. «Un autre besoin crucial sera de bientôt mettre sur pied un programme important de santé mentale. Nous aurons besoin de plusieurs spécialistes en services psychosociaux», ajoute Ben Chapman.

En ce qui a trait au personnel non médical, les missions peuvent durer jusqu’à six mois. Pour des postes administratifs, MSF recherche idéalement des candidats qui ont déjà travaillé outre-mer, préférablement avec une autre organisation non gouvernementale (ONG). MSF sélectionne en priorité les candidats qui ont aussi voyagé préalablement dans des pays en développement.

Le français, un atout

Selon Chapman, les besoins actuels pour du personnel francophone au sein de nombre d’ONG internationales sont considérables. «Au coeur de l’action, en temps de crise aiguë comme ce qui se passe présentement en Haïti, on arrive à recruter rapidement le personnel requis, mais une fois l’urgence passée et qu’elle n’est plus médiatisée, on arrive à peine à trouver des remplaçants à long terme», affirme Chapman.

MSF espère que ce ne sera pas le cas pour Haïti, si proche de nous, et que l’organisation pourra continuer d’envoyer du personnel en temps voulu au cours des prochaines années. «La reconstruction d’Haïti prendra beaucoup de temps, il nous faut planifier une banque de personnes qui seront disposées à partir dans six mois, un an, deux ans et plus… Sans oublier d’autres opérations urgentes de MSF qui continueront de nécessiter des francophones, dont la RDC, la République centrafricaine, le Tchad, le Niger, la Guinée.»

Adresses et ressources

Vu la situation critique en Haïti et l’urgent besoin de recruter des francophones pour des missions immédiates et futures dans le pays, MSF Canada a mis sur pied l’adresse courriel [email protected]. qui sert de point de contact entre tout candidat potentiel et l’organisation. Les demandes d’application se font en ligne: www.msfcanada.ca
Les personnes intéressées à se joindre à MSF sont invitées à lire le chapitre 33 intitulé Health Careers Abroad (dont je suis l’auteure), qui fait partie du volume The Big Guide to Living and Working Overseas par Jean-Marc Hachey, 4e édition, publié en 2004. www.workingoverseas.com

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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