Publicités athée et biblique dans les autobus: l’une choque, l’autre pas

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Publié 24/03/2009 par Guillaume Garcia

Depuis près d’un mois, une campagne de publicité d’un genre nouveau à vu le jour dans les métros, streetcars et bus de Toronto. Sur fond blanc, écrite en couleurs vives, elle annonce (en anglais, bien sûr): «Dieu n’existe probablement pas. Alors, cessez de vous inquiéter et profitez de la vie.» Cette initiative, lancée à Londres à la mi-janvier, se développe aujourd’hui à l’international. Au Canada, on peut la retrouver dans les transports en commun de Toronto, Montréal et Calgary, et très prochainement ceux d’Ottawa.

Pour la direction de Freetought association of Canada, l’opération représente d’ores et déjà un beau succès. Les médias se sont emparés de cette campagne de publicité, que ce soit pour en faire l’éloge ou bien pour la critiquer, mais le fait est qu’ils ont largement participé à sa promotion.

La route du «Canadian Atheist Bus» n’est pourtant pas sans embûches. Lorsque les projets sont déposés aux commissions régissant la publicité dans les transports en commun, les réactions de contestations ne se font guère attendre, comme ce fut le cas
dans la capitale fédérale.

Nombreuses plaintes

Après avoir essuyé un premier refus, les commanditaires de la publicité ont finalement obtenu gain de cause mercredi dernier. «La commission du transport a reçu beaucoup de plaintes au moment du dépôt du projet», regrette Justin Trottier, président de la Freetought association of Canada.

Du côté du droit, la commission des transports d’Ottawa prenait un risque certain de perdre en cas de recours de la part de l’organisme, elle s’est donc résignée à devoir accepter de mettre en place la campagne de publicité.

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À Toronto, «il n’y a pas eu grand débat», assure le conseiller municipal responsable des transports, Adam Giambrone, l’un des plus proches amis politiques du maire David Miller et, incidemment, l’un des rares francophiles à l’hôtel de ville.

M. Giambrone insiste sur le fait que la question est d’ordre «juridique», et que le comité responsable de la diffusion des publicités n’a pas vu d’arguments qui pourraient interdire cette publicité.

«Le fait que cela puisse choquer n’est pas une excuse, ce n’est pas du droit», poursuit-il. Mais les détracteurs de la campagne de publicité athée ne restent pas les bras croisés. Adam Giambrone avoue recevoir «beaucoup de réactions, de lettres, d’appels qui indiquent qu’ils sont contre».

De leur côté, les membres de la Freetought association indiquent l’appui dont on peut leur faire 
part: «La majorité des gens sont d’accord, nous encouragent. Nous avons ouverts une porte à une nouvelle communauté», c’est-à-dire les athées.

Qu’il existe, ou qu’il n’existe probablement pas, Dieu suscite toujours autant l’attention. D’ailleurs, pourquoi avoir rajouté ce «probablement»? L’explication est simple, il se serait avéré bien compliqué pour les défenseurs de la campagne de prouver l’inexistence de Dieu de manière tangible.

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Mais cet adverbe, qui apporte une nuance, qui met en relief que l’évidence «si Dieu existe… ou pas, on n’en sait rien», a déstabilisé les athées les plus durs et aussi permis aux croyants d’affirmer que la publicité laissait la porte ouverte à l’existence possible de Dieu.

Études bibliques

Il est important de noter qu’une autre publicité impliquant Dieu s’affiche dans les transports en commun de Toronto. Il s’agit de la campagne «Bus Stop Bible Studies». Les utilisateurs du métro et autres streetcars ont pu se retrouver à lire des passages de la bible, qu’ils soient croyants ou pas. Pourtant, cette publicité n’a pas soulevé beaucoup de réactions de contestation, comme le précise Adam Giambrone.

L’existence de Dieu est moins controversée que sa probable non-existence? Possible, voire probable…

La question reste largement ouverte, la prochaine étape en ce qui concerne la campagne de bus athée sera la ville d’Halifax, qui a pour le moment refusé la diffusion du slogan sur ses bus, mais les organismes ne cèdent pas et comptent bien obtenir une issue favorable, comme ce fut le cas à Ottawa.

Pour terminer sur un ton plus léger, on pourra se rappeler une citation de l’humoriste français Coluche, sur le thème de l’existence ou non de Dieu: «Dieu, c’est comme le sucre dans le lait chaud. Il est partout et on ne le voit pas. Et plus on le cherche, moins on le trouve.»

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www.atheistbus.ca
www.busstopbiblestudies.com

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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