Psychologie et criminologie font bon ménage

Michael Connelly, Jusqu’à l’impensable, polar traduit de l’anglais par Robert Pépin, Paris, Éditions Calmann-Lévy, 2017, 400 pages, 34,95 $.
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Publié 07/08/2017 par Paul-François Sylvestre

Si vous connaissez Michael Connelly, vous savez sans doute qui est Harry Bosch. Ce dernier est maintenant policier à la retraite, mais Los Angeles a toujours sa dose d’homicides et les services de Bosch sont en demande dans Jusqu’à l’impensable, le tout dernier polar de Connelly, auteur d’une vingtaine de romans vendus à plus de 60 millions d’exemplaires dans le monde.

Un ex-membre de gang est accusé d’avoir battu à mort la directrice adjointe des services municipaux de West Hollywood. Son avocat Mickey Haller est le demi-frère de Bosch. Même si la preuve est accablante, Haller est convaincu que son client est innocent. Pour le prouver, il a besoin de l’aide d’Harry Bosch.

Passer du côté de la défense quand on a travaillé avec passion pour le Los Angeles Police Department (LAPD) toute sa vie, voilà ce qui semble impensable. Cela équivaut à passer «du côté des ténèbres». Mais reste l’envers de la médaille: si l’accusé est effectivement innocent, c’est qu’«il y a un tueur dans la nature et que personne ne se donne la peine de le rechercher».

Michael Connelly
Michael Connelly

Dans ce polar à multiples rebondissements et meurtres, Harry Bosch apparaît comme celui qui «aurait pu rédiger un manuel sur l’art d’enfumer et lancer la défense sur de mauvaises pistes».

Bosch découvre assez rapidement que deux ou trois meurtres, peut-être même quatre, sont reliés et sans doute l’œuvre de psychopathes. L’auteur qualifie ces derniers «de menteurs de génie» capables de «l’inhumanité de l’être humain».

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L’accusé est bien récalcitrant à avoir «un mec du LAPD de son côté». Bosch lui répond du tac au tac que «si vous êtes innocent de ce crime, vous ne voulez personne d’autre que moi sur cette affaire».

L’intrigue met en scène des bad cops et des bons cops. Pour les premiers, certains meurtres sont importants alors que d’autres sont insignifiants. «Chercher la vérité, quel que soit le prix à payer» ne semble pas être la devise de tous les membres du LAPD.

Dans l’une des nombreuses sous-intrigues, deux prostitués mâles sont assassinés; l’auteur écrit que l’un était passif et l’autre actif au lit. «Ces rôles impliquant des bases de clientèles différentes, on avait donc affaire à des assassins eux aussi différents».

En travaillant avec son demi-frère Haller, Bosch apprend qu’un avocat de la défense cherche toujours la conspiration. Il fait comprendre à Haller que les questions sans réponses empoissonnent toujours l’existence des inspecteurs des Homicides.

Dans ce polar, comme dans d’autres que j’ai recensés pour L’Express, Connelly aime bien donner à son intrigue des accents de «bureaucratie, politique et incapacité des institutions publiques à reconnaître humblement leurs erreurs».

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En dépit de quelques longueurs – j’aurais élagué 100 pages –, Jusqu’à l’impensable reste un roman où les personnages sont finement ciselés et où la psychologie revêt un poids égal à la criminologie.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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